Quelle est l’influence du vent sur les performances en athlétisme ?

Ce n’est un secret pour personne. En athlétisme, le vent peut influer sur les performances sportives et offrir un gain important si celui-ci venait à être trop favorable. Mais à quel point cela est-il vrai ?

Comment la vitesse du vent est-elle mesurée ?

De toutes les disciplines que composent l’athlétisme, seules cinq d’entre-elles sont soumises à un calcul de la vitesse du vent : Le 100m, le 200m, les 100m et 110m haies, le saut en longueur ainsi que le triple saut. Cinq épreuves disputées en ligne droite (ou sur un demi-tour pour le 200m) pour lesquelles un vent trop favorable, poussant exagérément les athlètes dans le dos, peut offrir un avantage si conséquent qu’il altère la véracité de la performance établie. 

Ainsi, pour éviter que des records ne soient battus et homologués grâce à un vent trop favorable, mesurer la vitesse du vent sur ces épreuves est indispensable. Il s’effectue grâce à un anémomètre à ultrason, bien plus précis que les anémomètres à hélice d’antan. 

Cet appareil est placé à 1,22 mètres de haut et à 2 mètres de la piste. Situé à 50 mètres de la ligne d’arrivée pour les épreuves de sprint, à 40 mètres de la planche d’appel au saut en longueur et à 35 mètres de cette même planche au triple saut, l’anémomètre calcule la vitesse du vent sur une certaine durée de temps. Un laps de dix secondes sur 100m, de treize secondes sur les 100m et 110m haies et de cinq secondes pour les sauts, à partir du moment où l’athlète s’élance. Dans le cas du 200m, seule la dernière ligne droite est soumise à la mesure de la vitesse du vent. L’anémomètre est déclenché dès lors que l’athlète de tête entre dans les cent derniers mètres. 

Voilà de ce qui est pour la partie technique. Si l’anémomètre mesure un vent supérieur à 2,0 mètres par seconde (soit 7,2 km/h), le vent est considéré comme trop avantageux et la performance effectuée par le ou les athlètes ne peut être homologuée. En revanche, comme tous les participants ont bénéficié de ces mêmes conditions favorables, le vainqueur de l’épreuve conserve sa victoire, qu’importe la vitesse du vent.  

L’influence d’un vent favorable sur les performances

Le physicien américain Jonas Murieka s’est penché sur la question. D’après ses résultats fournis, un vent de + 1,0 m/s offre un gain de cinq centièmes sur 100m lorsque la performance est réalisée au niveau de la mer. Cet avantage est multiplié par deux quand le vent atteint les + 2,0 m/s et devient encore plus intéressant dès lors que la course est réalisée bien au-dessus du niveau de la mer. 

Ainsi, d’après ses calculs, l’Italien Pietro Mennea a réussi à battre le record du monde du 200m en 1979 à Mexico grâce aux conditions très avantageuses dont il a bénéficié. Couru à 2 250 m d’altitude avec un vent de dos de +1,8 m/s, son temps canon de 19,72 secondes vaudrait en réalité 20,03 secondes au niveau de la mer et sans vent favorable. Son record homologué a tenu durant dix-sept ans, avant qu’un certain Michael Johnson vienne le détrôner en 1996 à Atlanta avec un 200m couru en 19,32 secondes, jouissant seulement de +0,4 m/s de vent favorable et d’une altitude proche du niveau de la mer (+ 320 m). 

À l’inverse, l’actuel record du monde du 200m, établi à Berlin en 2009 par Usain Bolt fut réalisé avec un vent légèrement défavorable. Un demi-tour de piste couru en 19,19 secondes malgré un vent de 0,3 m/s de face dans la dernière ligne droite. Si le sprinteur jamaïcain avait bénéficié ce jour-là du maximum de vent favorable autorisé, il se serait retrouvé à quelques centièmes seulement de passer sous les dix-neuf secondes. 

Quant à son record sur 100m réalisé quelques jours auparavant, le meilleur sprinteur de l’histoire a bénéficié d’un vent favorable de 0,9 m/s pour parcourir la ligne droite en 9,58 secondes. Sans celui-ci, la barrière des 9,60 secondes n’aurait sans doute pas été franchie.