Au sein d’une discipline faisant la part belle à l’équité entre les hommes et les femmes, les haies font figure d’exception. De toutes les épreuves courues, il s’agit de la seule où la distance n’est pas la même pour les athlètes masculins et féminins. Pourquoi ?
Du système impérial au système métrique
S’inspirant des courses hippiques tel le steeple-chase, les épreuves de haies virent le jour au milieu du XIXe siècle à l’université d’Oxford. La distance originelle était de 140 yards (128,01 m) avec dix haies à franchir, avant qu’Oxford et Cambridge ne s’accordent en 1864 pour réduire l’épreuve à 120 yards (109,73 m) tout en conservant le même nombre de haies. Ainsi codifiée, la hauteur des haies fut établie à 3,5 yards (1,067 m) avec un écart de 10 yards (9,14 m) entre chacune d’entre-elles. Une configuration permettant aux athlètes de réaliser trois foulées entre chaque obstacle et conserver leur même pied d’appel au moment de sauter.
En arrivant en France à la fin du XIXe siècle, l’épreuve de haie gagna quelques centimètres durant son voyage. Afin de l’adapter au système métrique et obtenir un compte rond, on ajouta 27 cm à la distance totale. Le 120 yards devenait ainsi un 110 m, tandis que le nombre, la hauteur et l’écart entre les barrières furent conservés. Ils restent de nos jours inchangés. Quinze yards (13,72 m) séparent le départ de la première haie, les obstacles sont tous espacés de dix yards (9,14 m) et la dernière portion sans haie mesure précisément 14,02 mètres.
Une histoire de foulée
Si les hommes courent cette épreuve depuis la première édition des Jeux Olympiques en 1896, les femmes, elles, ont découvert les haies qu’aux Jeux de 1932 à Los Angeles. Neuf athlètes y étaient engagées sur une distance réduite à 80m, avec huit haies de 76 cm à franchir espacées de huit mètres chacune.
Le passage à dix haies s’opéra en 1969 à l’occasion des championnats d’Europe d’athlétisme. Les femmes avaient désormais le même nombre d’obstacles que leurs homologues masculins mais, leur foulée étant plus petite, la hauteur et l’écart des haies furent adaptés en conséquence. 84 cm de haut et 8,50 m entre chaque barrière, contre 1,067 m de haut et 9,14 m chez les hommes.
Afin que l’épreuve puisse convenir à la foulée des athlètes féminines il fut donc décidé de réduire l’intervalle entre chaque haie de 64 cm. La distance entre le départ et la première haie, ainsi qu’entre le dernier obstacle et l’arrivée ayant elle aussi été amputée de quelques mètres, le 110 m haies masculin devenait une course de 100 m chez les femmes, tout en conservant un nombre de barrières identique.
Encore un article bien écrit, mais dans le fond c’est encore dommage de faire une distinction de genre sans prendre en compte le corps des athlètes ; bien évidemment les non binaires sont toujours oublié•es. Comme dans les sports de combats ou les arts martiaux, le différentiel de poid/taille serait plus adéquat et plus juste suivant les gabarits différents des athlètes et la non discrimination.