Quand eut lieu la première course automobile de l’histoire ?

Quand eut lieu la première course automobile de l'histoire ?

Une dizaine d’années après la commercialisation des premiers véhicules à moteur, l’esprit de compétition de certains menèrent à la création d’épreuves automobiles. Des courses ou des concours, organisés à la fin du XIXe siècle pour démontrer les progrès grandissants des engins motorisés en matière de sécurité, de confort, de fiabilité et de vitesse. 

La première épreuve automobile n’était pas une course de vitesse

Dimanche 22 juillet 1894, à Paris sur le boulevard Maillot. Au petit matin, une vingtaine de voitures étaient alignées, placées selon leur numéro d’engagement. Orientées vers l’Ouest, avec Rouen en point de mire, elles s’apprêtaient à prendre le départ de la première épreuve automobile de l’histoire. 

L’initiative avait été lancée quelques mois plus tôt. Le 19 décembre 1893 précisément, lorsque Pierre Giffard annonçait via le quotidien parisien Le Petit Journal dont il était chef des informations, l’organisation d’un concours de « voitures sans chevaux ». Pour un droit d’entrée de dix francs, des voitures provenant de tous pays pouvaient y participer. Qu’elles fonctionnent à l’électricité, au gaz, au pétrole ou à vapeur, tous les genres de propulseur étaient admis. Aussi, dans son règlement en dix points, Pierre Giffard précisait que ce concours n’était pas une épreuve de vitesse. Le classement général établi à l’arrivée à Rouen allait reposer sur l’évaluation de trois critères : La « sécurité », la « commodité » et le caractère « bon marché » du véhicule. 

Le 30 avril, les inscriptions se clôturaient avec un total de 102 engagés. Avant de pouvoir prétendre à une place sur la ligne de départ de l’épreuve finale, chaque voiture inscrite devait confirmer sa présence lors d’une phase éliminatoire organisée en amont. Sur l’un des six itinéraires reliant Paris à une ville du bassin francilien, des juges montés à bord de chaque véhicule devaient attribuer une note sur vingt selon les trois critères précédemment énumérés. Les voitures recevant une note inférieure à seize étaient éliminées du concours. 

Vingt-six propriétaires avaient fait le déplacement. En ouverture du concours, ils présentaient leur véhicule lors d’une exposition, puis participaient dès le lendemain aux épreuves éliminatoires étalées sur trois jours. Vingt-et-un obtenaient la note requise et leur billet d’entrée pour la grande randonnée reliant Paris à Rouen.

À 8 h 01, le jour de l’épreuve finale, la voiture n°4 du comte Jules de Dion était la première à s’élancer en direction de l’Ouest. Toutes les trente secondes, un nouveau concurrent s’élançait. L’itinéraire emprunté passait par Nanterre, Saint-Germain, Poissy, Mantes-la-Jolie, Vernon, Gaillon puis Rouen. Des arrêts fréquents étaient prévus, afin de permettre au jury de changer de véhicule et prendre le déjeuner. 

Partie la première, la voiture à vapeur n°4 du comte De Dion arrivait en tête à Mantes-la-Jolie, trois minutes avant ses poursuivantes. Passant Vernon puis Gaillon en tête de cortège, elle faisait son entrée dans Rouen peu après 17 heures et franchissait la première la ligne d’arrivée fixée près de l’Église Saint-Paul, après 126 km parcourus à 18,5 km/h de moyenne. Dix-sept véhicules terminaient l’épreuve. 

Le lendemain, les résultats du concours étaient annoncés. Bien qu’il fût le plus rapide, le comte De Dion terminait second. Sa propulsion à vapeur, nécessitant un mécanicien pour alimenter le moteur à charbon n’avait pas convaincu les juges. La victoire finale était attribuée aux voitures produites par le constructeur Panhard & Levassor et les frères Peugeot, classés ex-aequo. Des véhicules propulsés au pétrole chez Panhard et à la gazoline du côté de Peugeot. 

Cette première épreuve automobile de l’histoire fut un succès. Au lendemain du concours, Le Petit Journal saluait dans ses colonnes « les chaleureux applaudissements des habitants des petites communes » au passage des voitures automobiles. Un témoin de la popularité dont avait joui l’événement. 

La Panhard et Levassor n°15

L’émergence des premières courses automobiles de vitesse

De ce premier concours automobile à la tenue d’une véritable course récompensant le véhicule le plus rapide, l’attente ne dura guère plus d’une année. 

En décembre 1894, le comte De Dion réunissait autour de lui un comité d’organisation afin de mettre sur pied une grande course automobile. Pour une première, lui et les membres du comité virent les choses en grand. D’une longueur de près de 1 200 km, l’épreuve prévue en juin 1895 était un aller-retour entre Paris et Bordeaux à boucler en moins de 100 heures. 

Souvent considérée comme la première course automobile de l’histoire, Paris-Bordeaux-Paris avait en réalité été devancé par une épreuve bien plus modeste disputée en Italie. Entre Turin et Asti, un aller-retour de 93 kilomètres opposant cinq concurrents était organisé un mois auparavant. À bord d’un omnibus Daimler à vapeur, l’Italien Simone Federmann s’imposait avec une vitesse moyenne de 15,5 km/h. Il devançait deux véhicules à deux roues. 

Le Paris-Bordeaux-Paris sorti de l’imaginaire du comte De Dion, lui, avait rassemblé bien plus de concurrents. Des quarante-six engagés, trente se rassemblaient le 11 juin au petit matin sur la place de l’étoile à Paris. L’épreuve débuta par un cortège menant jusqu’à Versailles. Une vitesse moyenne de 12 km/h devait être scrupuleusement respectée. Puis, au pied du château, le Marquis Chasseloup-Laubat accompagné du député de la Seine M. Berger donnait le départ de la course sur les coups de midi. Les véhicules engagés s’élançaient toutes les deux minutes. Avec son n°15, Louis Rigoulot avait obtenu du tirage au sort la faveur de partir le premier, juste devant le comte de Chasseloup-Laubat. Ce dernier prit rapidement la tête et la conserva jusqu’à Blois. 

Au pointage à Tours, l’ingénieur parisien Émile Levassor, au volant de sa Panhard & Levassor à pétrole prenait les commandes de la course après huit heures d’épreuve. Ne faisant qu’accroitre son avance, il arrivait le lendemain à Bordeaux à 10h38, profitait d’une petite pause pour sabrer le champagne en compagnie du maire avant de rebrousser chemin et repartir en direction de Paris. Le jeudi 13 juin sur les coups de 13 heures, sa Panhard & Levassor était la première à s’immobiliser devant le restaurant Gilet situé Porte Maillot. 48 heures et 44 minutes après le départ, il bouclait ce périple de 1 178 km à une vitesse moyenne de 24 km/h. 

Mais Émile Levassor ne put bénéficier de la prime promise au vainqueur. Son véhicule équipé de deux places était non-conforme au règlement exigeant un minimum de quatre sièges. Disqualifié tout comme le second et le troisième, il laissait sa première place à Paul Koechlin, arrivé onze heures après Levassor au volant d’une Peugeot à pétrole.  

Les années suivantes de nouvelles courses automobiles voyaient le jour, au sein comme en dehors des frontières de l’Hexagone. L’Automobile Club de France, fondé à la fin de l’année 1895 organisait Paris-Marseille-Paris en octobre 1896, remporté par Émile Vayade à bord d’une Panhard & Levassor. Cette même année, la Belgique accueillait le meeting automobile de Spa tandis que des premières courses se déroulaient sur circuit aux États-Unis, du côté de Rhode Island sur un ovale en terre habituellement réservé aux chevaux. 

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