Le jour où un journaliste s’improvisait arbitre à Roland Garros

Le jour où un journaliste s'improvisait arbitre à Roland Garros

Impensable de nos jours, l’histoire vécue par Alain Deflassieux restera pour l’éternité un cas unique. Journaliste de métier, ce dernier accepta de rendre service en troquant le temps d’une rencontre sa plume et son carnet de note pour une feuille des scores et un jeu de balle. Perché en haut de sa chaise, il surplombait la terre battue parisienne et s’improvisait arbitre en herbe. 

Lundi 25 mai 1970. En ce premier jour des Internationaux de France de Tennis, Alain Deflassieux s’en allait couvrir l’actualité du tournoi pour le magazine Tennis de France, comme il le faisait déjà lors des précédentes éditions. Dans les allées du stade Roland Garros, ce jeune journaliste déambulait et croisait le chemin d’un Jacques Dorfmann soucieux. 

Les deux hommes se connaissaient. Alain Deflassieux avait déjà quelques Roland Garros couverts à son actif tandis que Jacques Dorfmann était le juge-arbitre du tournoi. Comme à chaque édition, sa journée d’ouverture se déroulait à un rythme effréné. Les rencontres du premier tour, que l’on sait nombreuses, doivent s’enchainer les unes après les autres afin de ne pas prendre de retard dans la programmation du tournoi. Une planification très chargée requérant la mobilisation générale du corps arbitral. Or, en ce lundi midi à l’heure du déjeuner, Jacques Dorfmann n’avait plus aucun arbitre disponible et devait lancer un match sur un court annexe. Embarrassé, il proposait à Alain Deflassieux de tenir ce rôle. 

Comme il le révélait lors d’une interview parue sur L’Équipe, le jeune journaliste passionné de tennis n’avait été arbitre qu’à de rares occasions lors de modestes tournois amateurs. Malgré ses doutes et sa relative inexpérience, il acceptait la mission et s’en allait en direction du court annexe, une mallette sous le bras contenant quelques balles neuves. 

Sur place, Alain Deflassieux retrouvait les deux joueurs. D’un côté le Tchèque Stefan Koudelka, de l’autre un jeune américain dénommé Danny O’Bryant, issu des qualifications. Peu accoutumé du fait, le journaliste grimpait au sommet de la chaise d’arbitre et lançait cette rencontre, espérant que cette dernière puisse se dérouler sans le moindre litige. 

À sa plus grande joie, le match tournait à la correction. Stefan Koudelka expédiait son adversaire du jour 6-1, 6-1, 6-2 en un peu plus d’une heure de jeu et délivrait l’arbitre en herbe. Alain Deflassieux pouvait souffler. Soulagé, il venait d’accomplir sa mission sans aucun accroc. 

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