Tous les quatre ans, une centaine de navigateurs se réunissent à Saint-Malo pour prendre le départ d’une des courses à la voile les plus prestigieuses qu’il soit : La Route du Rhum. Reliant cette ville de Bretagne à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, cette épreuve transatlantique fut créée en 1978 par un certain Michel Etevenon. Mais connaissez-vous l’origine du nom « Route du Rhum » ?
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La route du Rhum a été créée pour faire la promotion du Rhum
L’histoire de la Route du Rhum débuta trois ans avant sa première édition. En 1975, Bernard Hass, un promoteur du rhum des Antilles et secrétaire du Syndicat des Producteurs, chercha un moyen de relancer la consommation du rhum en baisse au sein de l’Hexagone. Au cours d’un déjeuner avec son ami Florent de Kersauson, hommes d’affaires et frère cadet du célèbre navigateur éponyme, ce dernier lui suggéra de sortir des méthodes publicitaires traditionnelles en créant une course à la voile. Destinée à faire la promotion de cette eau-de-vie, elle relierait la France aux Antilles et comporterait la mention « Rhum » dans son nom.
Le concept plut à Bernard Hass. Afin de monter ce projet, les deux hommes contactèrent Michel Etevenon, un publicitaire parisien sponsorisant, entre autres, le navigateur Olivier de Kersauson. Le frère de Florent. Si ce dernier refusa dans un premier temps l’offre, un nouveau point de règlement sur la Transat Anglaise lui faisait changer d’avis.
La Transat Anglaise change son règlement, la Route du Rhum en profite
Désormais, les bateaux inscrits à la Transat Anglaise, une course à la voile en solitaire reliant l’Europe à l’Amérique, devaient se soumettre à une limitation de taille. Une mesure provoquant la colère de certains navigateurs qui se dirent prêts à délaisser l’épreuve. Michel Etevenon vit une véritable opportunité. En réponse à cette restriction, il se joignit au projet de Bernard Hass et Florent de Kersauson en annonçant créer une nouvelle course transatlantique en solitaire. Une épreuve ouverte à tous types de bateaux, acceptant les amateurs comme les professionnels.
Du côté des Antilles, l’enthousiasme gagnait les producteurs de rhum guadeloupéens. Des directeurs d’usines sucrières et des exploitants de distillerie s’associèrent à Michel Etevenon pour fonder, en début d’année 1978, la future société en charge d’organiser cette course. Le nom de « Route du Rhum » trouvée, le port de Saint-Malo accepta de faire office de point de départ. Un clin d’œil au passé. À cette époque moderne durant laquelle de nombreux armateurs s’installèrent dans cette ville bretonne, s’enrichissant du commerce triangulaire en ramenant en France du rhum et d’autres produits venus des Antilles.
La première édition de la Route du Rhum s’est gagnée pour 98 secondes
Le 5 novembre 1978, le départ de la première édition de la Route du Rhum était donné. Dans le froid breton, 36 skippers s’élançaient de Saint-Malo pour une traversée de l’Atlantique en direction de Pointe-à-Pitre et sa météo estivale. Au terme de 23 jours de course et plus de 6 500 km parcourus, Mike Birch et Michel Malinovsky avançaient bord à bord en direction de l’arrivée. Au terme d’un sprint final haletant et indécis, Birch s’imposa pour 98 secondes seulement sur le navigateur français. Le plus faible écart de l’histoire de la Route du Rhum.
Mais à côté de ces réjouissances et des verres de rhum partagés par les premiers arrivants, la course était d’ores et déjà endeuillée par la disparition d’Alain Colas, dont le signal de son navire Manureva fut perdu du côté des Açores.