Pourquoi la gymnastique rythmique reste fermée aux hommes ?

Pourquoi la gymnastique rythmique reste fermée aux hommes ?

Peterson Ceus, l’un des meilleurs pratiquants français de gymnastique rythmique. Crédit : CC BY-SA 4.0 by Reratekken

Aux Jeux Olympiques de Paris 2024, la gymnastique rythmique fera figure d’exception. Des deux dernières disciplines olympiques ne respectant pas encore la parité aux précédents Jeux de Tokyo, la natation synchronisée a franchi le cap. Elle s’ouvre aux hommes, officiellement autorisés, depuis décembre 2022, à participer aux épreuves par équipes des Jeux de Paris.

La gymnastique rythmique est ainsi la dernière. L’ultime discipline dont ses plus grandes compétitions internationales restent exclusivement réservées aux femmes, au grand dam de quelques athlètes masculins qui, depuis des années, se battent pour accéder au plus haut niveau et rêver à leur tour d’or olympique. 

Une question de mentalité

Discipline née durant les années 1940 en Union Soviétique, la gymnastique rythmique, dénommée gymnastique moderne à ses débuts, est un sport mélangeant les arts du cirque et de la gym, couplés à des mouvements de danse. Dès les premières compétitions organisées en URSS, la pratique était exclusivement réservée aux femmes. Rien d’anormal à cette époque, étant donné qu’à l’inverse, de nombreux sports à connotation masculine refusaient d’ouvrir leur porte aux femmes. 

Les années 1960 voyaient l’entrée de la gymnastique rythmique sous le giron de la Fédération Internationale de Gymnastique qui supervisa, en 1963, les premiers championnats du monde, organisés à Budapest en Hongrie. Puis, la discipline fut intégrée au programme olympique à partir des Jeux de Los Angeles en 1984. Limitée à un simple concours individuel durant les premières éditions, une épreuve par équipe s’est greffée au programme en 1996. Mais la discipline, elle, est restée exclusivement féminine

Dans une interview accordée au Huffington Post, Alain Forte, président du club de GR de France à Bourgoin-Jallieu, justifie l’absence des hommes dans les grandes compétitions internationales par un manque d’évolution des mentalités. « Depuis sa création, la gymnastique rythmique est un sport de femme. Très peu d’hommes pratiquent ce sport ». En effet, si Alain Forte affirme ne plus avoir eu le moindre licencié masculin depuis quatre ou cinq saisons, ce constat s’applique à l’échelle nationale. Moins de 1 % des pratiquants de gymnastique rythmique sont des hommes, soit quelques centaines de licenciés tout au plus d’après la Fédération Française de Gymnastique. 

Dans les mentalités, la gymnastique rythmique a toujours été considérée comme un « sport de femme », créé pour les femmes et devant être pratiqué par les femmes. Ainsi, si les hommes sont autorisés au sein des clubs et que le règlement de la FF Gym, rédigé au féminin, indique que la gent masculine peut participer aux compétitions, dans les faits, la discipline leur reste fermée. En France, les hommes n’ont pas accès aux compétitions élites et ne peuvent être reconnus comme des sportifs de haut niveau. Les plus motivés se tournent alors vers l’Espagne ou le Japon, deux rares pays au sein desquels la gymnastique rythmique se conjugue au masculin et fait preuve d’une bien meilleure parité.  

Vers une ouverture de la gymnastique rythmique aux hommes ?

C’est en tout cas ce que souhaitent les pratiquants masculins de gymnastique rythmique, et ce pourquoi milite Peterson Ceus, l’un des meilleurs Français de sa discipline. 

Ancien pratiquant des arts du cirque, Peterson Ceus est tombé amoureux de la gymnastique rythmique à l’âge de 10 ans, en visionnant sur Internet les exploits de Marina Shpekht, l’une des plus brillantes gymnastes de sa génération. Depuis, le jeune homme d’origine haïtienne lutte pour qu’en France, la parité puisse enfin régner en gymnastique rythmique. Après la création de son Association de défense à l’égalité hommes-femmes en gymnastique rythmique (GR-ADE) en 2018, il interpelle la même année la FF Gym, puis le Conseil d’État en 2021, demandant une révision du règlement permettant l’intégration des hommes aux compétitions élites. 

Malheureusement, les revendications de Peterson Ceus, multiple champion de France amateur, furent rejetées par les deux instances. Les quelques centaines de licenciés masculins affiliés à la Fédération Française de Gymnastique ne peuvent toujours prétendre au plus haut niveau et espérer concourir au niveau élite. En quête de reconnaissance, les pratiquants les plus motivés n’ont d’autres choix, encore une fois, de se tourner vers l’Espagne, le seul pays d’Europe où la mixité est de mise en gymnastique rythmique. 

Pour en savoir plus :

https://www.huffingtonpost.fr/actualites/article/pourquoi-il-n-y-a-pas-d-hommes-dans-les-epreuves-de-gymnastique-rythmique-aux-olympiades-de-rio_83168.html

https://www.radiofrance.fr/franceinter/le-combat-d-un-francais-pour-l-acces-des-hommes-au-plus-haut-niveau-de-gymnastique-rythmique-6363446

https://www.facebook.com/GYMR.ADE/about

https://www.ouest-france.fr/sport/gymnastique-rythmique/portrait-on-minsultait-il-milite-pour-que-la-gymnastique-rythmique-soit-ouverte-aux-hommes-496c27c6-89dd-11ee-a1c0-8cef14bedf93

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