La rétrospective 2020 : Mars, de reports en reports, le monde du sport s’endort

Alors que l’on pensait vivre une année 2020 riche en événements sportifs et vibrer devant l’Euro et les Jeux Olympiques, le mois de mars mit fin sans vergogne à toutes ces belles promesses. La prolifération incontrôlée de la Covid-19 et la nécessité de se prémunir face à cette pandémie entraina restrictions, annulations, fermetures et confinement. Sur le plan sportif, les reports ne cessèrent de tomber. Les Fédérations nationales et internationales annulèrent les unes après les autres leurs compétitions tandis que du côté des sportifs, on se préparait à d’interminables semaines ou mois sans courses, tournois et rencontres, avec comme seul objectif le maintien d’une condition physique acceptable. Retour sur un mois de mars morose, également marqué par le dernier tour de piste de Martin Fourcade. 

Un faux-départ en Formule 1 : 

          La menace de la pandémie de Covid-19 planait dès le mois de février sur le monde de la Formule 1. Censé se tenir le 14 avril, le Grand Prix de Shanghai, situé au sein de l’épicentre de cette crise sanitaire, était le premier à en faire les frais en étant reporté dès le 12 février. Même motif pour le Grand Prix de Bahreïn, par le biais d’un communiqué publié quelques jours plus tard, il est annoncé que cette deuxième épreuve de la saison se tiendra à huis clos. Le début de la saison est plus que jamais menacé, et pourtant, un peu à l’image du précédent Open d’Australie, les organisateurs du premier Grand Prix de la saison devant se tenir à Melbourne affichent un optimisme déroutant.   

          Et leur coup de poker a bien failli réussir. La première manche de la saison devant se tenir le dimanche 15 mars, toutes les écuries font le déplacement en Australie pour préparer au mieux l’épreuve inaugurale. Mais le jeudi, à la veille des premières séances d’essai libres, l’écurie McLaren annonce un cas de coronavirus en son sein et se retire immédiatement de la course pour éviter de contaminer le reste du paddock. Un premier coup de froid fatal au monde la Formule 1. Décrié quelques jours plus tôt pour maintenir un tel événement avec du public dans les gradins alors qu’une pandémie est en train de se propager aux quatre coins du globe, le comité directeur de la Formule 1 prend la décision d’annuler ce Grand Prix d’Australie, le vendredi 13 mars à quelques heures de la première séance d’essai libre. Une décision survenue sur le tard, enclenchant des reports et annulations à la chaine. 

          Dès le 19 mars, c’est autour des Grand Prix d’Espagne, des Pays Bas et de Monaco d’annoncer leurs reports. Puis quelques jours plus tard l’Azerbaïdjan annonce le report de son Grand Prix, tout comme ceux du Bahreïn et du Vietnam devant se tenir au mois d’avril.

          Le monde de la Formule 1, à l’instar des autres disciplines sportives, est à l’arrêt et nul ne sait quand débutera réellement cette saison. Si un grand retour à la compétition fut un temps annoncé en juin lors du Grand Prix du Canada puis du Grand Prix de France, ces deux manches furent à leur tour annulées. Rendez-vous en Autriche en juillet pour assister au début de cette saison 2020 de Formule 1, elle qui s’annonce d’ores et déjà unique en son genre. 

Une course au soleil bien morose : 

          C’est sous la grisaille, la pluie et le vent que débutait à Plaisir dans les Yvelines cette 78ème édition de Paris-Nice, première grande course pas étape de la saison à se dérouler sur le sol européen. Et c’est dans un contexte sanitaire tout aussi morose que les 136 coureurs se pointaient au départ d’une course ravagée par les désistements successifs des équipes à quelques jours de son départ. Sur les dix-neuf équipes du World Tour invitées comme à l’accoutumé à prendre part à la course au soleil, seul douze firent honneur à leur invitation, Astana, UAE Emirates Team, CCC, Jumbo-Visma, Mitchelton-Scott et Movistar préférant y renoncer et préserver l’intégrité de leurs coureurs face à la pandémie. Du côté d’Ineos, la raison était autre : Meurtrie par le décès brutal de leur directeur sportif Nicolas Portal, l’équipe britannique préférait prendre du recul le temps de faire le deuil et de se reconstruire mentalement suite à ce tragique événement. 

          Pour pallier ces nombreux forfaits, l’organisation décida d’inviter cinq équipes continentales et non trois comme il était prévu. Mais l’ajout de ces seize coureurs supplémentaires ne changea que très peu la donne et l’on assista dans la globalité à un Paris-Nice terne, marqué par l’absence de spectacle. Au classement général, l’Allemand Maximilian Schachmann, en jaune dès le soir de la première étape, remporta cette édition en devançant le Belge Tiesj Benoot de dix-huit petites secondes tandis que Thibaut Pinot se classait cinquième et premier français à 1 minute et 24 secondes du leader, après une ultime étape de montagne aux allures apocalyptiques. 

          Aucuns spectateurs n’étaient autorisés à se rendre sur le bord des routes. Dans les hauteurs de Nice pourtant si animées lors du passage des coureurs, Schachmann contrôlait tranquillement sa légère avance qu’il possédait au classement général tandis qu’un peloton plus qu’amoindri (seulement 61 coureurs terminèrent cette 78ème édition) paradait dans le col de la Colmiane, impuissant face aux éléments externes qui venaient secouer le monde du cyclisme comme du sport en général. 

          Comme attendu, cette course fut la dernière avant une longue trêve forcée dont personne ne connaissait à cette heure sa durée. Un mois ? Trois mois ? Six mois ? Un an ? Nul ne pouvait encore l’estimer. Une chose était pourtant sûre, les classiques flandriennes et ardennaises rythmant habituellement le printemps des cyclistes tout comme le Tour d’Italie et le Tour de France étaient d’ores et déjà reportés. L’attente s’annonçait longue, les heures sur le home-trainer, interminables. 

Le monde du sport entre dans un profond sommeil : 

          À l’instar de cyclisme et de la Formule 1, c’est le monde du sport en général qui suspendait ses activités et compétitions et rentrait comme en hibernation face à la pandémie de Covid-19. 

          La NBA est l’une des premières institutions touchées par cette épidémie. Elle décida de suspendre son championnat le 11 mars, seulement quelques minutes avant la rencontre opposant les Jazz de l’Utah au Thunder d’Oklahoma City, suite à la découverte du premier cas de coronavirus en son sein, contracté par le Français de l’Utah Jazz Rudy Gobert. Ce dernier fut d’ailleurs testé positif quelques jours après s’être amusé à toucher tous les micros en fin de conférence de presse, histoire de montrer son insouciance vis-à-vis de cette pandémie. Une fois la nouvelle tombée et le résultat du test dévoilé au grand jour, l’heure était au mea-culpa pour le pivot tricolore qui ne manqua pas de présenter ses excuses suite à ce geste mal venu au vu de la situation. 

          Deux jours plus tard, ce fut autour de la Ligue 1 de suspendre ses activités, suivi le jour même par la Ligue des Champions, mise en suspens en pleine phase retour des huitièmes de finale. Les matchs non-joués sont reportés à une date ultérieure encore non-définie. Le monde du football européen est désormais à l’arrêt, l’intégralité des championnats nationaux sont suspendus, quant au très attendu Euro de football prévu aux mois de juin et juillet. Il est d’ores et déjà reporté à l’année prochaine. 

          Même sort pour Wimbledon et le monde du tennis en général. Bénéficiant à la surprise générale d’une assurance annulation en cas de pandémie, le tournoi de tennis britannique ne décida de prendre aucun risque et annonça son annulation pure et simple le 1er Avril. Quant à Roland Garros, ne bénéficiant pas de cette même assurance et face au manque à gagner pour la FFT si ce tournoi venait à ne pas se disputer cette année, les organisateurs optèrent pour un report entre septembre et octobre, peu de temps après un US Open maintenu aux dates initiales.  

          Enfin comment ne pas parler de ces reports sans évoquer le sort de l’événement sportif le plus attendu de l’année, les Jeux Olympiques de Tokyo. Sans grande surprise au vu de la situation, cette messe du sport fut officiellement reportée d’un an suite à une déclaration du CIO survenue le 24 mars, bien que pas même dix jours auparavant, le Premier ministre japonais se disait optimiste sur la tenue de ces Jeux. La pandémie aura malheureusement eu raison de cet événement, un peu à l’image des Jeux de 1940, annulés à cause de la Première Guerre Mondiale alors que ces derniers devaient se tenir à… Tokyo. Rendez-vous le 23 juillet 2021 dans la capitale nippone pour vivre la cérémonie d’ouverture du plus grand événement sportif au monde, si tout va bien d’ici là… 

Martin Fourcade, un dernier tour et puis s’en va : 

          On ne l’attendait pas de sitôt. Pour le plus grand malheur du biathlon français et du sport tricolore en général, Martin Fourcade mettait un terme à sa carrière le 14 mars 2021 à Kontiolahti à l’âge de 31 ans. Tout un symbole pour le natif des Pyrénées qui remportait il y a dix ans jour pour jour, dans cette même ville de Finlande, sa première victoire chez les professionnels. Depuis, en l’espace de dix saisons au plus haut niveau, Fourcade rajouta 82 nouvelles victoires en Coupe du Monde à son actif, dont la dernière en ce 14 mars, lors de son ultime course qu’il conclut en beauté sur la plus haute marche d’un podium 100% tricolore complété par Quentin Fillon Maillet et Émilien Jacquelin. Le gros globe de son ultime saison lui échappa seulement pour deux petits points au dépend du Norvégien Johannes Bø, nouvelle tête de proue du biathlon mondial. 

          Martin Fourcade quitta ainsi, sous les ovations du clan tricolore, le monde du biathlon avec l’un des plus beaux palmarès du sport français, couronné de cinq sacres olympiques (et peut-être bientôt six suite à la suspension pour dopage de l’athlète russe Evgeny Ustyugov), treize titres de champion du monde, sept gros globes de cristal et vingt-six petits globes de cristaux. Simplement légendaire… 

Et aussi : 

  • Ancien cycliste professionnel et directeur sportif de l’équipe Ineos, Nicolas Portal décédait le 3 mars à l’âge de 40 ans des suites d’un arrêt cardiaque. 
  • De par l’absence de compétitions, le classement ATP et WTA du tennis est gelé à partir du 16 mars et ce jusqu’au 24 août.  
  • L’ex-entraineur de l’équipe de France Michel Hidalgo décédait le 26 mars à l’âge de 87 ans.  
  • Décès de l’ex-président de l’Olympique de Marseille Pape Diouf le 31 mars 2020 à 68 ans.  

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