Qui est l’inventeur du revers à deux mains au tennis ?

Qui a inventé le revers à deux mains au tennis ?

Crédit : CC BY-SA 2.0 by robertofaccenda.it

Désormais utilisé par l’immense majorité des joueurs composant le Top 100 mondial, le revers à deux mains est presque devenu une norme. Pourtant, il y a encore de cela quatre décennies, c’est bien son homologue, joué à une main qui prévalait sur l’autre. Et en remontant encore un peu plus dans le passé, le revers à deux mains était presque inexistant, adopté uniquement par une infime minorité de joueurs. Alors, qui fut le premier joueur de l’histoire à jouer son coup de revers des deux mains ? Désormais imité par les grands champions actuels. 

Le revers à deux mains, deux précurseurs australiens

Quatre-vingt-sept ans avant cette première levée du Grand Chelem de la saison 2024, la finale de 1937 de l’Open d’Australie était inédite en tout point. Non seulement elle opposait les Australiens Vivian Mc Grath et John Bromwich, deux protagonistes qui n’avaient jusque-là jamais atteint la finale d’un tournoi majeur, mais de plus, cette finale de Grand Chelem était la première de l’histoire à opposer deux joueurs dotés d’un revers à deux mains. 

Une première que nul n’avait pu voir venir, tant exécuter son revers à une seule main était à cette époque d’une grande banalité. À vrai dire, les deux finalistes australiens étaient peut-être les seuls à jouer de la sorte. Vivian Mc Grath avait d’ailleurs poussé le vice encore plus loin, se servant aussi de ses deux mains en coup droit. Vainqueur d’un combat livré en cinq sets, l’histoire retenait que ce dernier, le plus âgé des deux joueurs, était le premier adepte du revers à deux mains à graver son nom au palmarès d’un tournoi du Grand Chelem. Une simple partie remise pour John Bromwich qui, deux années plus tard, brillait à son tour devant son public, tout comme il le fera en 1946. 

De la singularité à la normalité

Et puis plus rien. Ces deux pionniers du revers à deux mains n’avaient été ni imités, ni suivis par de grands champions capables de soulever le trophée de l’un des quatre tournois majeurs. Trois décennies durant, le revers à une main était une norme que peu osait contester. Et trois décennies durant, chaque tournoi du Grand Chelem se terminait par le sacre d’un joueur de revers à une main. Mais au milieu des années 1970, trois OVNI débarquaient sur la planète tennis et allaient offrir au revers à deux mains ses premières lettres de noblesse. 

L’année 1974 fut témoin d’un changement radical. Alors que John Bromwich n’avait eu le moindre successeur en Grand Chelem, cette année-là, les quatre tournois masculins étaient remportés par le clan, encore très restreint, des revers à deux mains. L’année de ses 22 ans, Jimmy Connors brillait en Australie, à Wimbledon et à l’US Open, gagnant ses trois premiers titres en Grand Chelem sous forme d’un petit Chelem. Sur l’ocre parisien, Björn Borg confirmait tous les espoirs placés en lui et remportait, à tout juste dix-huit ans et avec son revers à deux mains, le premier de ses six sacres à Roland-Garros. Côté féminin, Chris Evert, après deux finales perdues l’année passée, débutait son incroyable domination en réalisant le doublé Roland-Garros – Wimbledon. Elle, s’appuyant également sur un redoutable revers à deux mains. 

Faut dire que l’heure était propice à l’avènement du revers à deux mains. Les années 1970 voyaient l’arrivée de nouvelles raquettes de tennis faites en acier, puis en matériaux composites à base de graphite, de titane ou de carbone, remplaçant peu à peu les raquettes en bois. De nouveaux matériaux plus légers et plus performants, couplés à une professionnalisation de la discipline rendant le jeu plus physique et plus rapide. Dès lors, les joueurs avaient à cœur de frapper plus fort et imposer un rythme effréné à leurs adversaires. Le revers n’était plus seulement considéré comme une simple parade défensive, mais s’ajoutait désormais à la palette offensive de joueurs qui, en l’exécutant à deux mains, pouvaient jouir de plus de puissance tout en gagnant en sécurité. 

Et puis cette discipline, jusque-là considérée comme élitiste, s’est ouverte à toutes les classes sociales et de nombreux amateurs ont découvert les joies du tennis. Dans ce processus d’apprentissage, il s’est rapidement avéré que le revers à deux mains était plus simple à enseigner que son ancêtre à une main, démultipliant les adeptes de cette nouvelle particularité technique. 

Le revers à une main en voie d’extinction

À cette époque, le revers à une main était encore loin de céder du champ. Jugé plus esthétique et offrant davantage de variété de jeu grâce à une plus grande mobilité du poignet, les adeptes du coup originel étaient encore nombreux durant les années 1980 puis 1990. Stefan Edberg, Boris Becker, Ivan Lendl ou encore Pete Sampras empilaient les titres en Grand Chelem grâce à leurs revers à une main. En 1991, huit des dix tennismen composant le Top 10 jouaient ainsi.

Depuis le début du XXIe siècle, le revers à une main tend à se raréfier. Ces vingt-trois dernières années, seuls deux tournois du Grand Chelem ont vu trois de leurs demi-finalistes jouer avec un revers à une main : les éditions 2007 et 2017 de l’Open d’Australie. 

Roger Federer, Stan Wawrinka ou encore Richard Gasquet sont les derniers héritiers d’un coup très esthétique, suppléé par la puissance d’un revers à deux mains, parfaitement intégré à un jeu se voulant toujours plus physique et rapide. Caractéristique commune à la grande majorité des joueurs de haut niveau jusque dans les années 1990, le revers à une main et sa large palette de jeu est désormais utilisé par une minorité de joueurs. Avant le premier tournoi du Grand Chelem de la saison 2024, Stefanos Tsitsipas est le seul membre du Top 10 doté d’un revers à une main. Une banalité d’antan devenue rareté, dont ses ambassadeurs actuels ne sont autres que Grigor Dimitrov, Dominic Thiem ou encore le jeune et prometteur Lorenzo Musetti, âgé de 21 ans et partisan d’un revers à une main de plus en plus délaissé. 

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