Quels sports sont les plus fortement touchés par le dopage ?

Véritable fléau dans le monde du sport, l’immense majorité des disciplines sont touchées à plus ou moins grande échelle par le dopage. Avec le cyclisme en tête proue, quelques sports tel l’athlétisme ou encore l’haltérophilie sont bien souvent décriées comme les pires élèves de la classe tant de sombres affaires ont entaché leur passé. Mais cette si mauvaise réputation qui hante les mémoires collectives est-elle cependant révélatrice de la réalité ? C’est le moment de le découvrir grâce au dernier rapport publié par l’AMA (Agence Mondiale Antidopage) faisant état de l’année 2018. 

Ce qu’annonce l’Agence Mondiale Antidopage

Publié en décembre 2020, le rapport annuel de l’AMA annonçait avoir décelé au cours de l’année 2018 pas moins de 1923 ADRV (Anti-Doping Rule Violation), touchant 92 disciplines sportives pour 117 nationalités différentes. 

Avec 261 contrôle positifs enregistrés, le culturisme décrochait cette année-là le bonnet d’âne. À lui seul, il regroupait 21% des cas de dopage enregistrés par l’Agence Mondiale Antidopage. 

Le podium était ensuite complété par le cyclisme et ses 221 cas de dopage (17%), suivi de près par l’athlétisme, discipline au sein de laquelle on dénombrait 193 athlètes réprimés par l’AMA (15%). La force athlétique et l’haltérophilie, avec respectivement 13% et 12% des cas de dopage enregistrés, complétaient un top 5 qui à lui seul représentait 78% de la totalité des ADRV recensés sur l’année 2018. 

La lutte, le rugby, la boxe, le football et enfin la natation s’invitaient cette année-là parmi les 10 disciplines sportives ayant enregistré le plus grand nombre de cas de dopage. À noter que sur ces 1923 violations au règlement, 77% d’entre elles concernaient des athlètes masculins. En ce qui concerne les nations, la France était en 2018 l’un des plus mauvais élèves en étant le troisième pays le plus fortement touché par ces contrôles positifs. Derrière les Russes et les Italiens, 13% des athlètes déclarés positifs étaient tricolores. 

L’athlétisme et le cyclisme : Une mauvaise réputation qui a du sens ?

Si au travers du rapport publié par l’AMA cinq sports semblent largement se détacher des autres en étant davantage touchés par le dopage que les autres, la simple comparaison des contrôles positifs recensés dans chaque discipline n’est pas la seule donnée qui doit être prise en considération. 

Pour établir un rapport peut-être plus égalitaire, il convient d’analyser une autre donnée essentielle : Le ratio entre le nombre d’échantillons prélevés et le nombre d’échantillons s’étant avérés être positifs. Car si le cyclisme ou encore l’athlétisme présentent autant de cas de triche, c’est notamment parce-que ces deux disciplines restent davantage surveillées par les instances du lutte anti-dopage. En 2018, 32 309 tests anti-dopage ont été effectués dans le monde de l’athlétisme et 25 391 du côté du cyclisme. C’est en moyenne trois à quatre fois plus qu’au rugby, et six à neuf fois plus qu’au handball. En effectuant un ratio entre le nombre d’échantillons prélevés et le nombre d’échantillons positifs, on constate du côté de l’athlétisme que seul 0,47% des tests effectués ont révélé un cas de dopage. Du côté du cyclisme ce pourcentage est quelque peu plus élevé avec 0,70% d’échantillons positifs. 

Mais en comparant ces deux ratios avec ceux de disciplines ne figurant même pas parmi les dix sports comptant le plus grand nombre de cas de dopage, on constate rapidement que l’athlétisme et le cyclisme ne sont pas les sports les plus fortement impactés par ce fléau. À titre d’exemple, avec 32 cas de dopage recensés en 2018, le handball, discipline au sein de laquelle les contrôles ne sont pas les plus fréquents, présente pourtant un ratio de 0,82% d’échantillons positifs. 

Et cette discipline n’est pas la seule à devancer l’athlétisme et le cyclisme. L’haltérophilie ou encore la force athlétique présentent un ratio supérieur à 1%, tandis que le culturisme reste tristement l’une des disciplines les plus fortement impactées par le dopage, avec un taux d’échantillons positifs équivalant à 13,58%. 

Plus surprenant encore, avec un cas positif décelé sur les 41 échantillons prélevés, les sports de pêches présentent un ratio très élevé, égal à 2,43%. Ils restent cependant loin, très loin du champion toute catégorie de l’année 2018 : La longue paume. Cette discipline pratiquée par une poignée de personne dans le monde possède un ratio affolant de 50%, soit cent fois supérieur à celui de l’athlétisme. Sur les douze contrôles anti-dopage effectués, six joueurs de longue paume ont été contrôlés positifs. Des données à nuancer tout de même tant le nombre de tests effectués aussi bien dans les sports de pêche qu’à la longue paume au cours de l’année 2018 restent minimes. 

Si en termes de nombre de cas de dopage recensés, l’athlétisme ou encore le cyclisme aggravent leur mauvaise réputation en figurant parmi les sports comptant le plus grand nombre de tests positifs, cela est en partie dû au fait que, de par les sombres affaires de dopage ayant entaché leur passé, ces deux disciplines restent extrêmement contrôlées. Effectuer un ratio entre nombre d’échantillons prélevés et nombre d’échantillons positifs semble donc être un calcul un poil plus juste, permettant de constater que l’athlétisme comme le cyclisme ne comptent pas parmi les disciplines les plus touchées par ce fléau. 

De manière générale, les sports reposant sur une masse musculaire conséquente tel le culturisme, l’haltérophilie ou encore la force athlétique restent les disciplines les plus fortement impactées par le dopage, avec un taux d’échantillons positifs supérieur à 1%. D’ici peu devrait sortir le rapport 2021 de l’Agence Mondial Antidopage faisant état des lieux de l’année 2019. Un document qui sera à n’en pas douter ô combien intéressant, tant les attentes en matière de lutte anti-dopage sont au fil des années de plus en plus grande.

Le rapport 2020 de l’Agence Mondiale Antidopage :

https://www.wada-ama.org/sites/default/files/resources/files/2018_adrv_report.pdf