Qu’on l’appelle survêtement, jogging ou encore training, cet ensemble s’est désormais exporté au-delà de la pratique sportive, gagnant notamment la culture urbaine. Pourtant, lors de sa création il y a un siècle de cela, cette tenue de sport était uniquement réservée aux athlètes de haut niveau et il paraissait impensable de la porter dans la rue. Alors, qui a inventé le premier survêtement et comment quitta-t-il les terrains d’entrainement ?
Des sportifs en quête de confort et de performance
Jusqu’à la fin du XIXème siècle, rares étaient les sportifs équipés d’une tenue dédiée uniquement à la pratique sportive. Lorsque l’on jouait au football ou encore au rugby, les vêtements portés étaient généralement des habits du quotidien qui, au fil des rencontres, s’assouplissaient et devenaient plus confortables permettant de mieux se mouvoir. Idem au tennis. Discipline populaire au sein de la bourgeoisie britannique à ses débuts, les premiers joueurs de tennis foulaient les terrains en herbe équipés d’un ensemble assez élégant, se composant d’un long pantalon blanc et d’une chemise à manche longue. Les femmes, elles, entraient sur les courts vêtues de leurs longues robes sous lesquelles elles conservaient généralement leur corset malgré l’inconfort d’un tel accessoire. À cette époque, la couleur blanche prédominait. Symbole d’élégance, elle possédait également l’avantage de dissimuler les tâches de transpiration jugées impropres.
Mais au début du XXème siècle, avec la démultiplication des sports et les caractéristiques bien spécifiques de certaines de ces pratiques, on chercha à créer des tenues améliorant le confort et les performances des sportifs. Ainsi, les cyclistes s’équipèrent de jupes-culottes dévoilant une partie de leurs jambes, les coureurs délaissèrent leurs pantalons au profit de pantacourts ou de shorts accompagnés d’un haut laissant apparaitre leurs bras, tandis que les nageurs se dotèrent progressivement de maillots de bains épousant les formes du corps, bien que le coton ou la laine qui les composaient alourdissait l’ensemble au contact de l’eau.
La naissance des premiers survêtements
Les premiers survêtements seraient apparus à cette même période. Ces derniers, molletonnés et généralement faits en laine, étaient destinés aux sportifs de haut niveau puisqu’ils avaient vocation à garder les muscles au chaud avant que ne sonne le début de la compétition.
Oliver Johnson Schofield, un sprinteur britannique, aurait été le premier au début des années 1920 à enfiler ce genre de tenue en marge de sa course, toujours accompagné d’une cravate nouée au cou afin de ne pas perdre son allure de gentleman. S’en suivra de nombreux autres sportifs, portant leurs survêtements lors de leur échauffement ou après une épreuve afin de ne pas se refroidir.
En 1936, les Jeux Olympiques de Berlin et cette myriade d’athlètes vêtus ainsi fit découvrir le survêtement au grand public. L’événement contribua à populariser cette tenue auprès de tous ceux voulant s’identifier aux plus grands sportifs et en 1939, il devenait désormais possible de s’en procurer lorsque Le Coq Sportif, société française fondée en 1882 par Émile Camuset, fut la première marque à commercialiser un survêtement destiné au grand public qu’ils baptisèrent le « costume du dimanche ». Similaire à ceux des sportifs de haut niveau, cet ensemble quittait les infrastructures destinées à la pratique sportive et commença à être porté, comme son nom l’indique, les week-end par certaines personnes soucieuses de délaisser le temps d’une journée ou deux leur tenue de travail qu’ils enfilaient le reste de la semaine.
Mais la guerre marqua un coup d’arrêt brutal pour l’industrie du survêtement et ce n’est qu’à partir des années 1960 que cette tenue connut ses premières heures de gloire. Porté pour son confort, il s’exporta petit à petit au-delà de la sphère sportive, devenant durant les années 1990 un accessoire de mode grâce à l’émergence de la culture hip-hop.
Pour en savoir plus :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/a-l-origine-du-pantalon-de-jogging-3196184
https://www.francebleu.fr/emissions/n-arrete-pas-l-histoire/le-survetement-a-100-ans