Quel est le principe des bordures en cyclisme ?

Quel est le principe des bordures en cyclisme ?

L’ouverture d’un éventail après un coup de bordure en tête de peloton

Lors des longues étapes sans relief traversant des plaines exposées au vent, ces fameuses bordures viennent briser la monotonie d’une course promise au sprinteur. Les coureurs changent de cap, le vent devient latéral, la route rectiligne et certaines formations en profitent pour piéger les favoris les moins attentifs en réalisant un « coup de bordure ». Une stratégie redoutable, permettant de grappiller un temps précieux grâce à la désorganisation générale provoquée par des bourrasques latérales. Voici le principe des bordures.

Jouer avec le vent

Exploiter un phénomène naturel pour distancer ses adversaires et creuser un écart conséquent. Tel est l’intérêt des bordures. Une stratégie préméditée, réalisable uniquement sur une portion rectiligne et dégagée, lorsque les coureurs évoluent face à un vent latéral ou de trois-quarts.

Lors d’une étape de plaine, la formation en peloton est un formidable allié pour se protéger du vent de face. Les coureurs positionnés en tête se relaient pour limiter l’effort tandis que derrière eux, le reste du groupe bénéficie d’un abri et d’un phénomène d’aspiration conséquent. Ils roulent « au chaud » et suivent le rythme du groupe sans se fatiguer. Mais dès lors que les coureurs changent de direction et luttent face à un fort vent latéral, les bénéfices du peloton volent en éclat. Les cyclistes ne sont plus protégés par ceux qui les précèdent. Le vent s’engouffre entre les coureurs et la moindre petite cassure de quelques mètres peut se transformer en un retard de plusieurs minutes à l’arrivée. 

Pour distancer des adversaires, certaines équipes vont vouloir tirer avantage de ce vent latéral en réalisant ce que le jargon du cyclisme nomme un « coup de bordure ». Une accélération brutale en tête du peloton combinée à une formation en éventail. 

Le piège de l’éventail

Cette formation prend toute la largeur de la route. Le premier coureur se positionne du côté d’où provient le vent et offre son abri à ses coéquipiers, tous placés latéralement jusqu’au bord opposé de la chaussée. L’éventail ainsi formé piège le reste du peloton. Les coureurs présents en son sein sont protégés du vent, à l’inverse des suivants qui roulent à découvert, gênés dans leur progression par le vent latéral. Le rythme en tête de peloton s’accélère et, derrière l’éventail, le peloton s’étire jusqu’à former une file indienne le long de la bordure. L’effort en devient presque individuel, le phénomène d’aspiration s’estompe. Lorsqu’un coureur ne parvient plus à suivre l’allure effrénée de son prédécesseur, un écart de quelques mètres se forme. Perturbé par le vent latéral, le reboucher en devient un exploit. Bien souvent ces petites cassures morcellent le peloton en plusieurs groupes et piègent les favoris les moins attentifs, relégués à un second, un troisième ou même un quatrième échelon de la course. 

Afin de limiter les dégâts, ces petits groupes morcelés ouvrent à leur tour un éventail pour passer des relais tout en se protégeant mutuellement du vent de côté. Après plusieurs kilomètres de chasse, il arrive que le peloton parvienne à se reformer à la faveur d’un changement de direction du vent favorisant le retour des distancés. Mais parfois, ces coups de bordure peuvent créer des écarts conséquents au classement général. 

Thibaut Pinot en avait été l’une des victimes lors du Tour de France 2019. Lors de la dixième étape, à la suite d’une accélération des coéquipiers de Julian Alaphilippe à 38 km de l’arrivée, le Franc-comtois se retrouvait piégé dans un groupe de poursuivants. Ne possédant que quelques dizaines de mètres à combler, l’écart ne fit que grimper et atteignait les 1 min 40 s au passage de la ligne d’arrivée. L’année suivante, Tadej Pogačar subissait à son tour les conséquences d’un coup de bordure en début de Tour. Une accélération des Ineos scindait le peloton en trois groupes et piégeait le jeune Slovène. Relégué au second échelon de la course, Pogačar perdait 1 min 21 s sur les favoris. Touché mais pas abattu, il renversait le Tour lors de l’ultime contre-la-montre menant au sommet de la Planche des Belles Filles.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *