Pourquoi n’existe-t-il pas de femmes Sumos ?

Pourquoi n'existe t-il pas de femmes sumos ?

À l’heure où l’égalité des sexes est devenue une cause de plus en plus soutenue et prônée en sport comme dans le reste de la société, le sport national japonais joue les mauvais élèves. Aucune femme sumo professionnelle, un dohyô (aire de combat) encore interdit à la gente féminine et une pratique ouverte aux spectatrices depuis à peine plus d’un siècle. Cela ne fait pas de doute, ce sport caractéristique du japon est l’un des plus masculinisés au monde. Pourquoi cette pratique reste-t-elle uniquement réservé aux hommes ?

Les combats de Sumo, une pratique à l’origine religieuse

Devenu le sport national du pays du soleil levant, les premiers combats de sumo, quelques peu différents de ceux actuels, sont apparus il y a désormais près de 1500 ans sous forme d’un rituel shintô (Le shintôisme étant un ensemble de croyances religieuses et mythologiques japonaises). Tout comme le théâtre et certaines danses, ces combats à mains nues étaient utilisés pour invoquer les dieux et obtenir de bonnes récoltes. 

Ce n’est qu’à partir du XVIIème et XVIIIème siècle, sous l’influence de la Cour Impérial désireuse de codifier cette pratique, que les combats de sumo prirent progressivement leur forme actuelle. Figurant un premier temps dans la formation des guerriers japonais, ils devinrent au cours du Moyen-Âge une discipline sportive à part entière, puis se professionnalisèrent au début du XXème siècle.  

L’absence de femmes chez les sumos, une histoire de tradition

Le grand responsable du manque de mixité chez les sumos ne peut être autre que la tradition. Le shintôisme, courant religieux à la genèse de ces combats, considéraient le sang des femmes comme impur. Ces dernières étaient tout simplement bannies des rituels shintô et le sumo ne faisait pas exception à la règle. Elles ne pouvaient pas pratiquer ces combats à main nues, ni même y assister. 

Si leur présence en tribune est depuis le XIXème siècle seulement autorisée, voir une femme sumo rentrer sur le dohyô (l’aire de combat) reste une chose totalement impensable dans la tradition japonaise. 

Preuve du caractère hermétique de cette discipline, jusqu’à il y a encore quarante ans, les combats de sumo n’étaient ouverts qu’aux Japonais. À l’instar des femmes, aucun étranger ne pouvait y prendre part. 

Vers une féminisation du Sumo ?

Pourtant, il y eu un temps des sumo femmes. Dénommées « Onna sumo », elles pratiquaient cet art dans des maisons closes et servaient surtout de divertissement pour la gente masculine. Considérée comme immorale et à l’opposé de la tradition shintôiste, cette pratique féminine sera interdite en 1926. 

Le renouveau du sumo féminin dans un cadre cette fois-ci purement sportif n’intervint qu’à la toute fin du XXème siècle lorsque la Fédération Japonaise de Sumo autorisa les premières compétitions féminines dans un contexte exclusivement amateur. Une petite révolution pour une discipline très ancrée dans ses traditions. 

Bien qu’elles soient à l’heure actuelle très peu nombreuses et que le sumo féminin n’est pas encore reconnu par la ligue professionnelle japonaise, de rares universités ouvrent les portes de leurs clubs de sumo à la gente féminine. Une tendance pouvant à l’avenir se démocratiser. En effet, la Fédération Internationale de Sumo étant désireuse de faire de leur sport une discipline olympique, il est pour se faire impératif que ce combat à mains nues devienne une discipline mixte. 

Cela ne semble cependant pas pour tout de suite. Bien que les combats de sumo seront présents aux Jeux de Tokyo en tant que sport de démonstration exclusivement masculin, son arrivée comme discipline olympique officielle impose une plus large ouverture à la féminisation, ainsi qu’un sacré changement de mentalité au pays du soleil levant. En avril 2018 à Maizuru, un véritable scandale eut lieu lorsque des femmes pénétrèrent sur le dohyô pour secourir un homme victime d’un malaise. Expulsées par les juges arbitres malgré la vie d’un homme en danger, la Fédération Japonaise de sumo dut s’excuser quelques jours plus tard après une telle réaction de ses représentants. Oui, la mixité ne semble pas pour tout de suite. 

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