Quelle est l’importance du phénomène d’aspiration en sport ?

Quelle est l'importance du phénomène d'aspiration en sport ?

Les amateurs de cyclisme ou de sport automobile en ont tous déjà entendu parler. Le phénomène d’aspiration, observable lorsqu’un cycliste ou un pilote suit un concurrent, offrirait un avantage conséquent à celui qui en bénéficie. Mais est-ce aussi avantageux que cela ? Et dans toutes les disciplines ?

Qu’est-ce que le phénomène d’aspiration ?

L’aspiration est un phénomène aérodynamique se produisant lorsque deux corps en mouvement se suivent de près. En se déplaçant à une certaine vitesse, le corps (une voiture par exemple) situé devant sera naturellement freiné par la masse d’air lui faisant face. Il doit ainsi fournir une puissance supérieure afin de lutter contre cette résistance à l’air, tandis que son passage provoque derrière lui une dépression d’air favorable au second corps qui le suit. En effet, en restant dans son sillage ce dernier se déplace dans une zone où la masse d’air est moindre. La résistance est ainsi diminuée, permettant au second objet d’avoir à délivrer moins de puissance pour avancer à la même vitesse que le premier. 

Quelles disciplines bénéficient le plus de ce phénomène d’aspiration ?

Plus la vitesse est élevée, plus le gain généré par ce phénomène d’aspiration est significatif. Naturellement, le sport automobile est donc l’une des disciplines où cet avantage aérodynamique est le plus conséquent. En ligne droite, lorsque deux Formule 1 se suivent, le phénomène d’aspiration couplé au DRS (Système d’aileron mobile réduisant l’appui aérodynamique) permet à la monoplace située derrière de rouler 10 à 20 km/h plus vite. Un précieux gain de vitesse favorable aux dépassements. En revanche, lorsque vient l’heure de freiner, cette diminution de la résistance à l’air jouera cette fois-ci en sa défaveur. La décélération sera moins efficace que celle de la monoplace située devant, un facteur à prendre absolument en considération pour éviter le carambolage.

Les cyclistes usent eux aussi de ce phénomène d’aspiration. Rouler en peloton permet aux coureurs situés à l’arrière de se protéger de l’air, du vent, et de rouler à haute vitesse tout en fournissant un effort moins important. D’après une étude scientifique menée à l’université d’Eindhoven et relayé par cet article du Parisien, les cyclistes situés tout à l’arrière d’un peloton de 121 coureurs font face à un pourcentage de résistance à l’air de l’ordre de 5%. Une donnée grimpant à 86% pour le coureur situé à la pointe du groupe.  D’après leur calcul, en restant bien au cœur du peloton, un cycliste pourrait ainsi rouler à 54 km/h en fournissant un effort qui lui permettrait seul de se déplacer à 12km/h. Des chiffres que l’on doit tout de même prendre avec précaution, cette étude ayant été réalisée en observant l’écoulement de l’air sur 121 figurines à l’arrêt et placées selon une formation en triangle optimale. Des conditions bien différentes de celles rencontrées sur route, lors d’une course. 

L’eau est également un milieu où le phénomène d’aspiration s’applique. Dans le cadre d’une compétition en eau libre, il est en effet possible de fournir un effort moindre en se plaçant au niveau des hanches ou des pieds d’un autre concurrent. S’il est en tête, ce dernier sera en effet confronté à une résistance maximale à l’eau (bien plus énergivore que la résistance à l’air) tout en créant derrière lui une dépression et un courant favorable aux adversaires qui le suivent. 

À l’inverse de ces trois exemples, les disciplines où l’on se déplace le plus lentement, elles, ne jouissent pas autant de ce phénomène d’aspiration. Bien qu’il ne soit pas nul, en course à pied, cet effet aérodynamique est minime sur marathon lorsque le vent n’est pas important. Pour les coureurs les plus rapides, lutter face à cette résistance naturelle provoquée par l’air ne leur couterait que 2% d’énergie supplémentaire. Courir en groupe, en adoptant une formation organisée comme celle mise en place lorsque Kipchoge descendait sous les deux heures permet donc de légèrement s’économiser, mais fera gagner au mieux quelques dizaines de secondes sur les 42 kilomètres. Il en va de même pour la marche, le ski de fond et toute autre discipline se pratiquant à vitesse moindre. 

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