Pourquoi l’Italie a intégré le tournoi des Six Nations ?

Pourquoi l'Italie a intégré le tournoi des Six Nations ?

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Onze cuillères de bois en vingt-trois participations, une quatrième place comme meilleur résultat et une série noire de 36 défaites consécutives ayant pris fin lors de l’ultime journée de l’édition 2022. Les piètres performances de l’Italie dans le Tournoi des Six Nations ont suscité de vifs débats ces dernières années, au point que son retrait de la compétition fut souhaité par certains. Pourtant, il y a vingt-cinq ans, les cinq fédérations membres approuvaient à l’unanimité l’adhésion de la Squadra Azzurra au prestigieux tournoi. 

Une première tentative vaine

Le premier appel du pied fut lancé par l’Italie au tout début des années 1980. Une demande bien trop précoce. À cette époque, leur XV international émergeait à peine sur la scène européenne et, hormis quelques matchs face au XV de France, n’avait jusque-là jamais affronté la moindre nation forte du rugby. Malgré le soutien de la fédération française, voyant d’un bon œil la venue d’un second pays latin pour concurrencer la domination des nations britanniques, l’Italie vit logiquement son adhésion être refusée par les membres anglo-saxons, n’y voyant pas d’intérêt à intégrer une si faible équipe à leur illustre tournoi.

La montée en puissance de l’Italie durant les années 1990

Une quinzaine d’années s’écoulèrent et la vision que les nations fortes du rugby se faisaient de la Squadra Azzurra allait diamétralement changer. 

Grâce à la venue d’entraineurs étrangers et l’émergence de joueurs talentueux, le XV italien signa quelques bons résultats au Trophée européen, compétition annuelle ouverte aux nations européennes ne participant pas aux tournois des Cinq Nations. Des victoires donnant à cette sélection un certain crédit et l’opportunité de se mesurer aux meilleures équipes lors de matchs test ou dans la cadre de la Coupe du Monde créée en 1987.

Affrontant l’Australie en 1983, la Nouvelle-Zélande en 1987, l’Irlande en 1988, l’Angleterre en 1991 et les Pays de Galles en 1994, ces premiers tests facent aux cadors de la discipline se soldèrent tous par des défaites. Une difficile découverte du très haut niveau pour une nation ne comptant que quelques dizaines de milliers de licenciés avant un premier exploit en 1995.

Cette année-là, peu de temps avant la troisième édition de la Coupe du Monde, le XV d’Italie s’imposait 22-12 face à l’Irlande et remportait pour la première fois de son histoire une victoire face à un pays membre du tournoi des Cinq Nations. Un coup de chance ? Un authentique exploit sans lendemain ? Certainement pas. La palette de jeu proposée par les Italiens s’était grandement étoffée et les Argentins en firent les frais quelques mois plus tard en Coupe du Monde, vaincus 31-25 lors d’une rencontre sans enjeu entre deux nations déjà éliminées de la compétition. 

Deux années plus tard, les troisièmes et quatrièmes rencontres entre Italiens et Irlandais se soldèrent par deux nouvelles victoires pour la Squadra Azzurra. Inenvisageable de nos jours, en cette fin d’année 1997 les Italiens menaient 3-1 au bilan face à l’Irlande. Le XV du Trèfle traversait certes une période difficile avec de piètres résultats obtenus au tournoi des Cinq Nations, mais en cette année 1997, même le XV de France fraichement auréolé d’un Grand Chelem ne put résister à des Italiens décomplexés. Grâce à un niveau de jeu se rapprochant des meilleures nations du rugby, l’Italie s’imposa 40-32 au stade Lesdiguières de Grenoble, décrochant leur premier succès face aux tricolores après dix-huit défaites consécutives et remportant par la même occasion le Trophée européen pour la première fois de leur histoire.

Les nations approuvent à l’unanimité son adhésion

Trois succès de prestige en l’espace d’une année dont une victoire face au lauréat du précédent Tournoi des Cinq Nations. L’Italie venait de transformer l’essai. Elle jouissait désormais d’une certaine renommée et pouvait légitimement prétendre à une intégration au Tournoi. Alors, lorsqu’elle signala sa volonté de devenir la sixième nation, les fédérations anglo-saxonnes et françaises réunies à Paris en janvier 1998 approuvèrent à l’unanimité son adhésion. À compter de l’édition 2000, l’Italie rejoignait le tournoi rebaptisé Six Nations. Un nouveau membre qui dès lors allait permettre à tous les pays participants de jouer le même week-end, chose irréalisable lorsque le nombre d’équipes était impair. 

Le 5 février 2000 à Rome, l’Italie soigna son entrée dans la compétition par une victoire 34-20 face au champion sortant écossais. À lui seul, le demi d’ouverture Diego Dominguez inscrivait 29 des 34 points italiens, nouveau record du plus grand nombre de points inscrits par un même joueur lors d’un match de ce tournoi centenaire. Pour ses grands débuts, l’Italie ne pouvait rêver mieux. Malheureusement, cette victoire pleine de promesse restera jusqu’en 2003 leur unique succès dans la compétition avant un nouveau coup d’éclat à domicile face aux Pays de Galles. Après 23 éditions disputées, la Squadra Azzurra totalise désormais 13 victoires en 115 rencontres.

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