La prouesse de Nadia Comaneci en est l’exemple parfait. Âgée de 14 ans seulement, la gymnaste Roumaine devenait l’étoile des Jeux de Montreal de 1976 en raflant trois médailles d’or et en devenant la première athlète de l’histoire à décrocher la note parfaite de 10 dans le cadre des Jeux Olympiques. Si depuis 1997 toute gymnaste engagée aux Jeux Olympiques doit avoir à minima 16 ans durant l’année de sa participation, l’âge moyen de ces dernières reste relativement bas et dépasse rarement les 22 ans. Mais pourquoi sont-elles si jeunes ?
Un avantage morphologique
Plus une gymnaste est jeune, plus elle sera petite et légère. Pour le comprendre, nul besoin d’être sorti de St-Cyr. Cette simple résultante du processus de croissance offre aux jeunes gymnastes un avantage morphologique. Car plus ces dernières seront petites et légères et plus elles seront capables de réaliser des figures toujours plus spectaculaires.
D’un point de vue physique, cela s’explique par deux phénomènes. Premièrement, au niveau du poids, un corps léger aura besoin de moins de force et d’énergie pour se propulser efficacement dans les airs. Le rapport poids/puissance chez les gymnastes est ainsi primordial. Deuxièmement, en ce qui concerne la taille, une gymnaste de petit gabarit sera avantagée lors de figures nécessitant de nombreuses rotations. Oui, plus un corps est petit et plus sa masse sera proche de son axe de rotation. Telle une toupie, sa vitesse de rotation sera ainsi bien moins freinée par les forces extérieures, permettant à la gymnaste d’enchainer davantage de figures en un seul saut.
En prenant de l’âge, les gymnastes vont grandir et prendre naturellement du poids. C’est ce qu’on appelle la puberté. Une période que toute gymnaste tendant à devenir professionnelle redoute. Délaissant leur corps de jeune fille au profit d’un corps de jeune femme, ces changements morphologiques peuvent leur faire perdre leurs qualités explosives. Elles gagnent en puissance musculaire certes, mais la masse à déplacer s’avère être plus lourde et plus volumineuse, rendant certains enchainements un poil plus complexe à réaliser.
Une meilleure capacité à supporter la charge d’entrainement
Autre facteur primordial, à 14 ans, les gymnastes ont d’un point de vue physique une meilleure capacité à supporter une charge d’entrainement intense. Plus légères et plus souples, les articulations ont notamment bien moins de contrainte limitant ainsi le risque de blessure.
Face à l’arrivée de la puberté et des transformations morphologiques qui en découlent, les articulations et système ligamentaire des gymnastes ont parfois du mal à s’adapter à ces changements brutaux. Pour bon nombre de gymnastes, leur niveau décroit tandis que les blessures peuvent s’enchainer à une fréquence bien plus élevée. Rapidement dépassées par l’arrivée d’une nouvelle génération plus jeune et plus explosive, ces signes sont malheureusement indicateurs d’une retraite imminente. Une fin de carrière arrivant en moyenne aux alentours de 20 ans. Parfois plus, parfois moins.
Des gymnastes ont cependant fait office d’exceptions et détonnèrent par leur incroyable longévité. Ce fut notamment le cas de l’Ouzbèke Oksana Chusovitina, championne Olympique par équipe aux Jeux de Barcelone de 1992 puis médaillée d’argent au saut de cheval seize ans plus tard, lors des Jeux de Pékin de 2008. Aujourd’hui âgée de 46 ans, elle prit part cette année à Tokyo à ses huitièmes et derniers Jeux Olympiques. Un record.
Et pourquoi les gymnastes masculins ne sont pas aussi jeunes ?
Face à ces deux principaux avantages, il n’est ainsi pas étonnant que certains pays de l’Europe de l’Est débutent leur processus de détection sur des gymnastes âgées de 4 à 6 ans, afin de les façonner pour le haut niveau dès leurs premières années de vie. En France, la détection des futurs talents n’est pas aussi précoce. L’entrainement à haut niveau ne débute jamais avant l’âge de 10 ans.
En revanche, côté masculin, c’est tout l’inverse. Contrairement à leurs homologues féminines, il est assez rare de voir un gymnaste de moins de 20 ans monter sur un podium olympique. La preuve en est, aux Jeux de Tokyo, tous les champions olympiques étaient âgés de 20 ans ou plus.
Cette différence s’explique par les qualités que requiert la gymnastique artistique masculine, parfois aux antipodes des vertus intrinsèques à la gymnastique féminine. Avec des agrès tel le cheval d’arçon ou les anneaux demandant tout deux énormément de force, l’âge de la puberté est une étape clé dans le processus d’entrainement des futurs gymnastes professionnels. Si cette période est bien souvent néfaste à la performance chez les femmes, côté masculin, la prise de masse musculaire générée par la puberté leur permet de gagner en force. Un facteur indispensable pour réaliser des enchainements requérant une importante puissance athlétique.
Pour en savoir plus :
https://www.insider.com/why-are-female-olympic-gymnasts-so-young-2016-8