L’histoire de la flamme olympique, une coutume antique aux codifications contemporaines

L'histoire de la flamme olympique

C’est devenu l’une des traditions les plus caractéristiques et les plus attendues des cérémonies d’ouverture. Un rite ancestral faisant office de pont culturel entre les olympiades antiques et les Jeux Olympiques modernes. Inspiré d’une coutume religieuse de la Grèce antique, la flamme olympique incarne de nos jours des valeurs de paix et d’amitié entre les peuples et les nations. Un véritable symbole des valeurs prônées par le mouvement sportif et olympique qui comme vous allez le découvrir, possède une histoire bien plus contemporaine que l’on ne le pense. 

Le feu en Grèce antique, un élément sacré voué au culte des divinités

La flamme olympique est directement inspirée des traditions et des rites présents durant les Jeux Olympiques Antiques. 

À cette époque en Grèce, le feu était sacré et considéré comme un élément d’origine divine. La mythologie grecque voulait d’ailleurs qu’un Titan dénommé Prométhée déroba au sommet du Mont Olympe le feu qui était jusque-là uniquement réservé aux Dieux, pour venir l’offrir aux hommes. Coupable d’avoir trahi les divinités Gracques, Prométhée fut condamné par Zeus à être attaché au sommet du Mont Caucase, tandis qu’un aigle viendrait dévorer tous les jours son foie, ce dernier se régénérant durant la nuit. 

Ainsi, de par cette origine divine, le feu sacré brulait en permanence dans les sanctuaires destinés au culte des Dieux, que ce soit devant les autels de la déesse Hestia, de Zeus ou encore d’Héra. 

Lors des Jeux Olympiques, un feu sacré était allumé grâce à un miroir parabolique, le skaphia, permettant, grâce à la réflexion et à la concentration des rayons du soleil, d’obtenir une flamme des plus pures. Une immense cérémonie très codifiée accompagnait cet allumage. Elle était destinée à invoquer les dieux. Puis, la flamme était installée dans le sanctuaire d’Olympie, sur l’Héraion, le temple en l’honneur d’Héra, situé non-loin du stade olympique originel. 

Les premières utilisations de la flamme olympique lors des Jeux modernes

Malgré ses origines antiques, le renouveau du mouvement olympique se fit sans la flamme. Absente lors des sept premières éditions des Jeux Olympiques modernes, il fallut attendre le 28 juillet 1928 et la cérémonie d’ouverture des Jeux d’Amsterdam pour voir une flamme illuminer enfin le stade olympique et accompagner les prouesses sportives des athlètes. 

Et encore. Cette flamme avait beau briller au sommet d’une tour surplombant le stade, elle ne fut pas allumée en suivant le protocole strict de l’olympisme. Aucune cérémonie ne fut organisée à Olympie pour l’allumage de ce feu censé être sacré et aucun relais ne fut organisé entre cette ville Grecque et la capitale néerlandaise. 

Il en fut de même lors de Jeux de 1932 à Los Angeles. La flamme était cette fois-ci placée à l’entrée du stade mais encore une fois, la traditionnelle cérémonie d’allumage au berceau de l’olympisme n’était guère au gout du jour. Pour assister à un tel rituel, il fallut attendre 1936 et les Jeux de Berlin qui, en parallèle de leur forte politisation développèrent une nouvelle pratique dans un but éminemment propagandiste : Le relais de la flamme entre Olympie et la ville hôte. 

Le relais olympique, une invention nazie

Contrairement à la flamme qui brulait déjà lors des Jeux Olympiques antiques, le relais, lui, est une invention du XXème siècle. Bien qu’il puisse puiser son inspiration des lampadédromies, une course aux flambeaux par équipe disputée en Grèce antique, lors des olympiades originelles, aucun relais n’était mis en place pour allumer la flamme du temple d’Héra. 

Nous devons cette invention à un certain Carl Diem, théoricien du sport allemand et secrétaire général du comité d’organisation des Jeux de Berlin de 1936. Oui la course aux flambeaux des lampadédromies, dont le vainqueur avait l’honneur d’allumer le feu de l’autel d’Héra, était bien sa source d’inspiration originelle. Mais lors de ces Jeux de Berlin, ce nouveau rituel avait vocation à assouvir un devoir bien plus sombre et contraire aux valeurs prônées par l’olympisme : Glorifier le régime nazi. 

Joseph Goebbels, ministre de l’éducation et de la propagande du Reich, travailla en étroite collaboration avec Carl Diem et Theodor Lewald, président du comité d’organisation de ces Jeux, pour concevoir ce relais. Dans une volonté d’un retour aux sources antiques, il fut décidé d’allumer la flamme directement à Olympie, puis d’organiser un immense relais de plus de 3 000 kilomètres reliant cette ville berceau de l’olympisme à Berlin. Pour la petite histoire, les pays traversés, à savoir la Grèce, l’Autriche, la Hongrie, la Yougoslavie, et la Tchécoslavaquie, furent tous envahis par l’armée allemande quelques années après la fin de ces Jeux. 

Quelques 3321 athlètes furent invités à participer à ce relais. Tous choisis pour incarner la pureté et la supériorité de la « race aryenne » voulue par Hitler. Le dernier relayeur, un certain Fritz Schilgen, incarne malgré lui cette volonté de faire de ce relais et de ces Jeux un organe de propagande à la gloire de la « race aryenne ». Ne faisant pas parti du régime nazi, il ne fut ni choisi pour ses convictions politiques, ni pour ses performances sportives (son meilleur résultat étant une deuxième place sur 5 000 mètres aux championnats du monde universitaire). Simplement parce que cet athlète à la chevelure blonde possédait les codes et les canons esthétiques pour incarner le futur de la jeunesse sportive allemande, voulu par les hauts dignitaires du IIIème Reich. 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le pari de ce relais et son utilisation propagandiste fut gagnant pour le régime nazi tant il fut populaire et bien accueilli. Tout au long de ces 3 000 kilomètres d’immenses festivités étaient organisées lors du passage de la flamme dans les capitales et autres grandes villes. Ce tout premier relais jouissait d’une couverture médiatique exceptionnelle. La presse et la radio relayait l’acheminement de la flamme vers Berlin en continu, tandis qu’une équipe de tournage accompagnait ce périple. Les images filmées furent ensuite insérées dans le documentaire retraçant ces Jeux Olympiques. 

La codification actuelle, un processus strict encadré par le CIO

Depuis 1936, le protocole n’a guère changé si ce n’est qu’il est depuis rentré dans la charte olympique (Règle 13 : « La flamme olympique est la flamme qui est allumée à Olympie sous l’autorité du CIO ») 

Ainsi, comme à l’Antiquité, cette flamme est de nos jours allumée dans le sanctuaire d’Olympie, au centre d’un miroir parabolique permettant de concentrer les rayons du soleil et garantissant une certaine pureté de la flamme. Orchestrée par des femmes incarnant des prêtresses d’Hera vêtues de longues robes similaires à celles portées en Grèce antique, cette cérémonie rappelle les rites et les cultes faits à l’égard des Dieux durant l’Antiquité.  

Une fois la flamme allumée et les invocations faites aux Dieux, le feu sacré est placé dans une urne, puis transporté par les prêtresses jusqu’au stade antique d’Olympie. C’est à l’intérieur de cette enceinte que la torche olympique est allumée et que le premier relayeur débute le long périple qui amènera la flamme d’abord à Athènes, puis quelques mois plus tard au centre du stade accueillant les futurs Jeux après un immense parcours. 

En terme d’organisation, le Comité Olympique Héllenique est lors de chaque édition en charge du protocole d’allumage de cette flamme olympique. Il assure ensuite son transport par relais jusqu’au stade olympique d’Athènes, lieu ayant accueilli les épreuves olympiques des premiers Jeux modernes de 1896. C’est au sein de celui-ci que la flamme est transmise au Comité d’Organisation des futurs Jeux Olympique qui devient à partir de cet instant l’organisme en charge du relais de la torche et ce jusqu’à l’allumage de la vasque olympique le jour de la cérémonie d’ouverture. 

Petit tour des relais et flammes olympiques les plus spectaculaires

En 85 ans d’histoire, le relais olympique a transporté la flamme dans des lieux pour le moins atypiques. Le sommet du Mont Everest, franchit en amont des Jeux de Pékin de 2008 en est l’exemple parfait. Mais la flamme a également visité la Grande Barrière de Corail quelques temps avant la cérémonie d’ouverture des Jeux de Sydney, ou encore l’espace, lorsque deux astronautes russes sortirent fin 2013 de l’ISS avec la torche olympique à la main, moins d’un an avant le début des Jeux d’hiver de Sotchi. Bien évidemment, par l’absence d’oxygène, elle ne pouvait être allumée. 

Plus fort encore, il y a 45 ans, lors du relais menant aux Jeux de Montreal de 1976, la flamme fut transmise par signal radio. Grâce à un rayon laser émit depuis Athènes, le feu sacré fut allumé directement au Canada. 

Une fois sur place le jour de la cérémonie d’ouverture, chacun des Comités d’Organisation redoublent d’effort et de créativité pour concevoir la vasque la plus impressionnante et élaborer le stratagème d’allumage le plus spectaculaire. 

À ce petit jeu, mention spéciale aux Jeux hivernaux de Turin en 2006 qui présentèrent une vasque olympique perchée à 57 mètres de haut, la plus haute de l’histoire des jeux. 

En terme d’allumage spectaculaire, l’un des plus remarquables reste celui orchestré lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Barcelone de 1992. Cette année-là, l’archer paralympique espagnol Antonio Rebollo tira une flèche embrasée depuis le centre du stade jusqu’à la vasque situé en hauteur, à l’extrémité de cette enceinte. Un jet spectaculaire de plusieurs dizaines de mètres, en pleine obscurité, et sous les yeux de 55 000 spectateurs retenant tous leur souffle, les yeux rivés vers la vasque en espérant voir la voir s’embraser, synonyme de réussite. Mémorable !

À l’inverse, certaines cérémonies furent bien moins glorieuses. Ce fut justement le cas lors des Jeux qui précédèrent ceux de Barcelone, en 1988 à Séoul. Lors de cette édition, l’allumage de la vasque, orchestrée par trois athlètes coréens, brûla les colombes libérées quelques minutes plus tôt lors du traditionnel lâché de colombes. Ces dernières avaient vu en la vasque un excellent perchoir et les trois ultimes relayeurs, placés en contrebas, ne les virent pas lors de l’embrasement. Une scène bien malheureuse, diffusée en direct à la télévision et qui suscita forcément de vives critiques. Depuis ce jour-là, les lâchés de colombes furent bannis des cérémonies d’ouvertures, remplacés bien souvent par des animations visuelles. 

Pour en savoir plus : 

https://stillmed.olympic.org/media/Document%20Library/OlympicOrg/Documents/Document-Set-Teachers-The-Main-Olympic-Topics/La-flamme-olympique-et-le-relais.pdf

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