Gobi, une chienne errante devenue héroïne d’un ultra-trail

Gobi, une chienne devenue héroïne d'un ultra-trail

Dion Leonard, coureur d’ultra-trail australien ne s’attendait pas à une telle rencontre. En juin 2016, il se présentait sur la ligne de départ de l’Ultra-Trail Gobi March avec un seul objectif en tête : La gagne. Terminer ces 250 kilomètres à travers le désert de Gobi avant les autres et décrocher une première victoire sur l’une des courses les plus éprouvantes. Mais, au départ de la seconde des six étapes, le regard échangé avec une petite chienne shih-tzu croisée chihuahua allait bouleverser son périple. 

Perdue dans le désert

Le petit museau noir du canidé errant avait déjà été aperçu la veille au soir, lorsque tous les ultra-traileurs étaient réunis autour du feu de camp, se racontant leurs déboires tout en engloutissant un repas dument mérité. Lorsque les premières lueurs de l’aube transperceront la pénombre, il sera déjà l’heure de repartir. 

Sur la ligne de départ, la petite chienne les attendait. Comment s’était-elle retrouvée ici ? Depuis quand errait-elle ? Nul ne saurait répondre. L’agitation d’une telle épreuve dans ce vaste désert l’avait attiré et le shih-tzu croisé chihuahua ne semblait guère intimidé.

Dion Leonard s’élançait. Quelques centaines de mètres plus loin, la petite femelle couleur sable l’avait rejoint. Lui n’y prêtait guère attention. Croiser le chemin de chiens errants n’est pas si inhabituel dans cette région et elle au moins, ne semblait pas dangereuse. Elle courait simplement à ses côtés, disparaissant de temps à autre puis revenant dans ses pas quelques kilomètres plus loin. Le binôme que seul le destin avait formé termina l’étape ensemble, tous deux fatigués par cette longue journée et les fortes chaleurs rencontrées. Le soir, Dion Leonard partagea son repas avec la chienne errante et l’invita à dormir dans sa tente. Il profitait de ce répit pour lui donner un nom. Gobi. Là où la première page de leur histoire commune venait de s’écrire. 

Le lendemain au petit matin, la paire était à nouveau réunie sur la ligne de départ. Gobi impressionnait. Sa ténacité, sa capacité à courir sur de très longues distances sous une température flirtant avec les 40°C au plus fort de la journée avait subjugué organisateurs et ultra-traileurs. Sa truffe noire, son pelage sable dressé sur quatre petites pattes et son regard attendrissant les avaient enivrés. Gobi était désormais une concurrente comme les autres, protégée et escortée par la présence paternelle du traileur qu’elle avait adoptée. 

Qu’importe le résultat final, Dion Leonard courait désormais en duo. Au passage d’une rivière que la chienne courte sur patte ne parvenait à franchir, il rebroussa chemin et la porta sous son épaule jusqu’à la berge. Les deux compères poursuivaient leur aventure et terminaient ensemble cette troisième étape. Les très fortes chaleurs annoncées durant les deux étapes suivantes et la fatigue accumulée par Gobi lui laissait craindre le pire. Afin de préserver son intégrité physique, l’ultra-traileur australien refusa que son nouveau partenaire poursuive à ses côtés. Le matin, il la confia aux organisateurs puis retrouvait sa présence réconfortante le soir, tous deux heureux d’être réunis.

Au total, le petit shih-tzu croisé chihuahua termina trois des six étapes, soit 120 kilomètres à courir à travers le désert. Dion Leonard, la médaille d’argent autour du cou, achevait son périple avec Gobi dans les bras. Son aventure en Chine était terminée. Mais l’histoire avec son nouveau compagnon, elle, ne faisait que commencer. 

Une fin heureuse digne d’un scénario de film

Et pourtant, Gobi et Dion Leonard n’ont bien failli jamais se revoir. Résidant en Écosse, le traileur australien entamait aussitôt des démarches administratives afin de rapatrier la petite chienne en terre britannique. Un processus long et coûteux, imposant une mise en quarantaine et d’importants moyens financiers. 

Une cagnotte lancée sur internet lui permit de récolter les fonds nécessaires. Le dossier était bouclé et Gobi pouvait s’envoler en direction de l’Écosse. Mais à quelques jours des retrouvailles, l’organisatrice chargée de garder la chienne informait le traileur australien de sa disparition. 

Gobi s’était volatilisée, perdue dans l’immensité de la ville d’Urümqi et ses trois millions d’habitants. Aussitôt alerté, Dion Leonard s’envola vers la Chine à la recherche de celle avec qui il avait noué des liens fusionnels. Loin du silence d’un désert, au milieu des grandes avenues embouteillées et des gratte-ciels, il placardait des affiches à chaque intersection et explorait la ville jusque dans ses moindres recoins, espérant apercevoir au fond d’une ruelle cette petite boule de poil beige au museau noir. 

Au bout de plusieurs jours de recherche, tandis que l’optimisme laissait place au doute, une famille annonçait avoir recueilli Gobi, blessée à la hanche après s’être fait percuter par un camion. Quoique diminuée, la chienne était en bonne santé. Le duo qui, quelques semaines plus tôt avait illuminé l’ultra-trail était à nouveau réuni. Qu’importe les épreuves, se quitter n’était plus une option. 

Pour les plus curieux, Dion Leonard a raconté cette incroyable histoire dans un livre intitulé « Gobi et moi ». 

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