En septembre 2004, une petite ville de Bavière organisait un tournoi amical de handball et invita, dans le cadre d’un programme d’échange autour du sport créé par l’Allemagne, l’équipe nationale sri lankaise de handball. Une compétition sans grands enjeux, qui à priori n’allait pas tant faire parler d’elle, jusqu’à ce que des médias internationaux relayèrent la mystérieuse disparation des joueurs sri lankais.
Panique en Bavière
L’histoire est si incroyable qu’elle fut reprise pour le synopsis d’un film sorti en 2008. Après l’appel lancé par la ville de Bavière dans le cadre de leur tournoi, vingt-trois athlètes sri lankais répondirent favorablement et, une fois les démarches administratives faites et le visa obtenu, se présentèrent en Allemagne, prêts à participer à leur première compétition sur le sol européen. Dénué d’enjeux, n’opposant que des petits clubs des villes voisines auxquels était venue se greffer cette sélection nationale dont personne ne connaissait réellement son niveau, le tournoi avait vocation à rester dans l’anonymat le plus total, couvert simplement par la presse locale.
Mais après quelques jours de compétition, une nouvelle relayée par l’agence britannique Reuters fit grand bruit. Les autorités allemandes annoncèrent la disparition mystérieuse et soudaine des vingt-trois handballeurs sri lankais. Directement interrogés, les organisateurs de l’événement pensaient que leurs hôtes s’étaient perdus lors de leur footing quotidien en forêt. Des premières recherches furent ainsi menées autour de la ville, mais les joueurs restaient introuvables. Qu’avait-il bien pu leur arriver ?
De précieux indices furent découverts au sein de l’hôtel dans lequel ils séjournaient. Sur place, entre les tenues et les affaires des vingt-trois hommes, une petite lettre fut déposée, remerciant les organisateurs du tournoi de leur hospitalité. Pour les autorités cela ne faisait plus aucun doute, leur disparition était préméditée.
Une fausse équipe montée pour fuir leur pays
En cherchant à joindre l’ambassade du Sri Lanka et leur annoncer la volatilisation de leur équipe de handball, la supercherie des vingt-trois hommes fut révélée au grand jour. Stupéfaits d’apprendre une telle nouvelle, les représentants de cet État d’Asie se trouvaient eux aussi dans la confusion la plus totale. Aux autorités allemandes, ils affirmèrent n’avoir aucune fédération ne régissant la pratique du handball dans leur pays et, par conséquent, ne possédaient pas la moindre équipe nationale.
Oui. Les vingt-trois hommes ayant voyagé jusqu’en Allemagne étaient en réalité des imposteurs. Ayant vu par un quelconque hasard l’invitation envoyée par le petit tournoi de bavière, ces derniers virent en cet événement l’occasion rêvée pour rejoindre le sol européen et fuir leurs pays dans l’espoir de trouver sur le vieux continent une vie meilleure. Alors, bien qu’ils ne connaissaient nullement les règles et n’y avaient jamais joué, ils se firent passer pour une prétendue équipe nationale et répondirent favorablement à l’appel. Parvenant à obtenir un visa, le groupe fuyait ainsi son pays par la grande porte, sous le regard de la douane et des autorités internationales qui n’y voyaient que du feu en les laissant embarquer dans l’avion.
Une fois arrivés sur place, les faux joueurs sri lankais, peut-être pris de passion pour cette discipline qu’ils ne connaissaient que depuis peu, poussèrent la tromperie à son paroxysme en prenant part aux premiers matchs de la compétition. Leur piètre niveau de jeu et les trois premières rencontres qu’ils perdirent toutes avaient de quoi en faire douter certains et auraient pu mettre à mal leurs véritables intentions. Alors, après avoir fait acte de présence dans ce tournoi bavarois, les vingt-trois joueurs jugèrent qu’il était temps de disparaitre et se volatiliser en Europe. Leur nouvelle vie allait débuter, au terme d’une courte mais improbable expérience dans la peau de handballeurs internationaux.