Comment fonctionnent les contrôles anti-dopage sur le Tour de France ?

Comment fonctionnent les contrôles anti-dopage sur le Tour de France ?

Crédit : CC BY-SA 2.0 by bram-souffreau

Victime des lourdes affaires de dopage qui ont entaché son passé, le cyclisme est devenu le sport le plus contrôlé. Et en tant que plus grande course du calendrier, le Tour de France ne peut échapper à la règle. Entre les tests effectués avant, pendant et après le Tour, voici comment la Grande Boucle lutte contre le dopage grâce à un contrôle de tous les instants. 

Qui contrôle les coureurs ?

Depuis 2021, l’Union Cycliste Internationale a confié la responsabilité de la lutte anti-dopage sur le Tour de France et l’ensemble des épreuves du World Tour à l’International Testing Agency (ITA). Une fondation à but non-lucratif, totalement indépendante, créée conjointement en 2018 par l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) et le Comité International Olympique (CIO). De nos jours, plus d’une quarantaine de fédérations internationales font confiance à l’ITA. Que ce soit la boxe, la gymnastique, le judo, l’haltérophilie ou encore le handball, toutes ont délégué leur programme de lutte anti-dopage à cette organisation. 

Sur les routes du Tour, l’ITA n’agit pas seule. Leur équipe missionnée sur place travaille en étroite collaboration avec l’Agence Française de Lutte anti-Dopage (AFLD), mais aussi l’Office Centrale de Lutte contre les Atteintes à l’Environnement et à la Santé Publique (OCLASEP), les forces de l’ordre et les douanes lorsque la Grande Boucle fait excursion en dehors des frontières françaises. Un vaste réseau auquel vient se greffer plusieurs dizaines d’informateurs anonymes, chargés de remonter certaines observations pouvant s’avérer capitales dans la lutte contre le dopage. 

Des contrôles effectués avant, pendant et après le Tour

Lutter contre le dopage sur la Grande Boucle débute bien avant le lancement de la première étape. C’est d’ailleurs une mission de tous les instants. 

Tout au long de l’année, les cyclistes du peloton international sont soumis à des contrôles inopinés dont les résultats sont renseignés dans leur passeport biologique. Un document électronique lancé en 2008, présentant le profil hématologique et endocrinologique de chaque cycliste et son évolution au fil du temps. Ainsi, l’International Testing Agency est en mesure de mieux cibler les coureurs à surveiller en étudiant les variations de leurs marqueurs biologiques au fil des mois et des années. Un moyen de se prémunir du dopage réalisé bien en amont de la Grande Boucle, lorsque les coureurs sont loin du feu des projecteurs. Une période de préparation durant laquelle les esprits malhonnêtes peuvent avoir recours à des substances illicites, sachant que les marqueurs auront le temps de baisser d’ici le départ du Tour sans en perdre la totalité des bénéfices. 

Plus le grand départ approche, et plus l’ITA multiplie ses contrôles anti-dopage. À l’occasion d’une course, d’un stage ou directement au domicile des coureurs, l’instance cible davantage les coureurs susceptibles de participer au Tour de France. En marge de l’édition 2021, plus de 500 échantillons avaient ainsi été collectés le mois précédent la Grande Boucle. 

À quelques jours du grand départ, tous les cyclistes sont soumis à un contrôle sanguin. Puis, durant les trois semaines de course, la lutte anti-dopage se poursuit et cible en priorité les acteurs majeurs de la course. Le maillot jaune et la vainqueur d’étape sont ainsi contrôlés au soir de chaque étape, et parfois plusieurs fois par jour comme le révélait Tadej Pogacar en 2021. Quotidiennement, entre huit à dix test anti-dopage sont effectués. Les cyclistes concernés ne sont pas choisis au hasard. Bien au contraire. Pour dresser la liste quotidienne des coureurs ciblés, l’ITA et leurs collaborateurs s’appuient sur leurs récentes performances, leur passeport biologique et toutes les observations transmises par le réseau d’informateurs. 

Les contrôles peuvent alors avoir lieu à n’importe quel moment de la journée. Tôt le matin à l’hôtel, dans le bus avant le départ de l’étape, juste après l’arrivée où le soir dans les chambres. Ces tests peuvent être urinaires ou sanguins. Une fois les échantillons recueillis, ils sont envoyés et analysés au sein de laboratoires de l’AFLD accrédités par l’Agence Mondiale Antidopage. Environ 72h s’écoulent avant de connaitre les résultats, tenus secrets par l’ITA. 

Sur le Tour 2021, ce procédé répété quotidiennement permit de prélever 393 échantillons de sang et 162 d’urine. 60% des coureurs ont été contrôlé à au moins une reprise et aucun d’entre eux fut déclaré positif à une substance inscrite sur la liste des produits dopants de l’AMA. 

Le Tour de France achevé sur la plus belle avenue du monde, les coureurs font leurs valises et rentrent à leur domicile pour quelques jours de repos bien mérité. Du côté de l’ITA, leur mission n’est pas terminée. Au terme des trois semaines de course, ils sélectionnent de façon aléatoire plusieurs dizaines d’échantillons qu’ils conserveront durant les années à venir, afin qu’ils soient à nouveau testés lorsque de nouvelles technologies permettront d’identifier des substances dopantes passées inaperçues. Ainsi, les tricheurs ne peuvent jamais avoir l’esprit serein. En 2019, l’analyse de son passeport biologique avait permis aux instances luttant contre le dopage de retirer à l’espagnol Juan José Cobo sa victoire sur la Vuelta 2011, huit ans après les faits. À cause de résultats anormaux, la victoire revenait ainsi à son dauphin Christopher Froome. 

Et en matière de dopage technologique ?

Cette nouvelle forme de dopage révélée il y a une dizaine d’années ne peut plus exister sur les routes du Tour tant les contrôles sont drastiques. 

Avant chaque étape, tous les vélos sont vérifiés par des commissaires techniques de l’UCI qui, grâce à des tablettes magnétiques, s’assurent qu’aucun moteur, batterie ou tout dispositif suspect n’est dissimulé dans le cadre du vélo. 

Une fois l’arrivée franchie, les vélos du vainqueur de l’étape, des porteurs des maillots distinctifs ainsi que ceux de quatre coureurs tirés au hasard sont analysés de manière plus poussée grâce à des technologies de rétrodiffusion. Réquisitionnés et aussitôt étiquetés pour qu’ils ne puissent être échangés, ils passent dans une cabine à rayons X. En quelques minutes seulement, il en ressort une image haute résolution de l’intérieur du cadre. L’an dernier, ce dispositif colossal avait permis de contrôler 934 vélos. Tous étaient conformes aux règles de l’UCI.  

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