Pourquoi le Paris-Roubaix ne part-il plus de Paris ? Et autres courses cyclistes au nom démodé.

Pourquoi le Paris-Roubaix ne part-il pas de Paris ?

Compiègne-Roubaix. Voilà comment devrait être renommée la course si l’on se fie à ses villes de départ et d’arrivée. Comme de nombreuses autres épreuves cyclistes, la Reine des Classiques ne porte plus bien son nom. Le grand départ de Paris ayant depuis de nombreuses décennies été abandonné, les organisateurs souhaitèrent tout de même conserver l’appellation originelle « Paris-Roubaix », celle qui fit sa renommée et qui fit connaitre la course à l’international. Mais alors, pourquoi le Paris Roubaix ne part-il plus de Paris ?

Les premiers Paris-Roubaix, une ligne droite de Paris à Roubaix

À sa création en 1896, la course cycliste Paris-Roubaix était bien nommée. S’élançant de la porte maillot à Paris, la course suivait un parcours long de 280 kilomètres entre routes goudronnés et secteurs pavés, amenant les coureurs jusqu’à Roubaix et son ancien vélodrome détruit durant la première Guerre Mondiale. Malgré quelques départs délocalisés en région parisienne, la course continua à s’élancer autour de Paris jusque dans les années 1960. 

Le véritable déménagement s’opéra en 1966. Pour la première fois de son histoire, la « Reine des classiques » quittait le bassin parisien avec un départ donné en Picardie. Dans un premier temps à Chantilly, avant que Compiègne ne soit définitivement retenue comme ville départ et ce dès 1977. Depuis, plus aucune édition n’a fait exception à cette règle et le kilomètre zéro de la course est situé chaque année dans cette ville de l’Oise. Mais alors pourquoi ? 

Remodeler le parcours pour réanimer la course

La principale raison qui poussa les organisateurs à rapprocher la ville départ de la ville arrivée était la recherche de nouveaux secteurs pavés. Oui, jusque dans les années 1950/1960, s’opérait une intense politique de goudronnage des secteurs pavés. Vus comme un inconvénient et critiqué pour ralentir les coureurs, ces secteurs disparaissaient petit à et laissaient place au béton. 

Le Paris-Roubaix perdait alors de son charme. Les coureurs traversaient le Nord de la France via de grandes et belles routes bien lisses, tandis que le peu d’action s’effectuait sur les rares secteurs pavés survivants. 

Dans les années 1960, alors que la course ne comportait plus qu’une vingtaine de kilomètres de pavés, une nouvelle politique émergea. Face à l’attrait que le Paris-Roubaix était en train de perdre, les organisateurs, pour permettre à cette course de retrouver de sa superbe, décidèrent de faire des pavés leur cheval de bataille. 

Mais les erreurs du passé ne purent être réparées et tout ce qui fut goudronné allait le rester pour l’éternité. Pour retrouver des pavés, un changement de parcours était donc inévitable et nécessaire. Fini le parcours rectiligne reliant Paris à Roubaix, la course devait désormais être principalement courue dans le Nord, non-loin de la Belgique, et ainsi traverser une région frontalière au sein de laquelle les secteurs pavés tant recherchés étaient présents en nombre.

Les pavés au dépend de la capitale

Afin que cette déviation nécessaire n’influe guère sur la longueur totale du parcours (qui comptait déjà plus de 260 kilomètres), il fut décidé de délocaliser le départ à Chantilly, situé à 50 kilomètres au Nord de Paris, puis à Compiègne, à environ 80 kilomètres de la capitale française. 

Ce qui faisait alors le charme du Paris-Roubaix fut ainsi sauvé. D’innombrables nouveaux secteurs pavés furent dénichés à l’image de la mythique Trouée d’Arenberg, longue de 2 400 mètres et emprunté pour la première fois sur l’Enfer du Nord en 1968. Le tout, sans que le kilométrage total ne soit chamboulé.

Le Tour de France, une Grande Boucle qui n’en est plus une

Autre exemple et explication identique. Le Tour de France connut bien des décennies avant une histoire similaire à celle du Paris-Roubaix. Si lors des premières éditions, son parcours empruntait bel-et-bien un chemin de ronde qui suivait avec plus ou moins de précision les frontières de la France, son tracé fut quelque peu revu au sortir de la Seconde Guerre Mondiale pour s’intéresser à la France du milieu. 

De nos jours, la question d’une Grande Boucle longeant les frontières ne se pose même plus. L’UCI a depuis limité à 3 500 kilomètres la distance maximale pouvant être parcourue par les cyclistes lors d’une course de trois semaines. Bien en dessous des environ 6 700 kilomètres de frontières et littoraux que la France possède. Et puis la politique instaurée par le directeur du Tour de France Christian Prudhomme de traverser chaque région française à minima tous les 5 à 6 ans ne converge plus avec les premiers Tour qui suivaient les frontières.  

Outre ces deux grands monuments du cyclisme français, la grande majorité des courses désormais « mal-nommées » le sont devenues suite à un changement de parcours. La plupart du temps dans le but de pimenter l’épreuve et rajouter de nouvelles difficultés. C’est notamment le cas des nombreuses courses qui s’élançaient jadis depuis la capitale française tel Paris-Camembert ou encore Paris-Tours. Les départs de ces dernières ont depuis été délocalisés en dehors de l’Ile-de-France.

Heureusement, d’autres courses ont su, malgré les années, conserver leur tracé originel ainsi que leurs villes départs et arrivées d’antan. Les deux grands monuments Milan- San Remo et Liège-Bastogne-Liège en sont l’exemple parfait. Malgré de légers changements, le parcours n’a guère été modifié depuis l’existence de ces classiques. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *