Crédit : CC BY 4.0 by Hossein Zohrevand
Les Bleus y étaient presque ! Alors qu’ils pouvaient terminer l’année en tête du classement FIFA, le match nul face à la Grèce couplée à la victoire de l’Argentine face au Brésil les privent de la première place. Un privilège que l’Équipe de France n’avait obtenu qu’à une seule reprise, en 2001, quelques mois après leur succès en Coupe des Confédérations. Mais comment le classement mondial de la FIFA est-il calculé ?
Un peu d’histoire autour de ce classement
Ce classement établi par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) a fêté cette année ses 30 ans d’existence. Créé en 1992 et appliqué dès août 1993, il permet d’établir une hiérarchie entre les 207 sélections nationales reconnues par la FIFA. L’Allemagne était la première nation à figurer en tête de ce classement, très vite devancée par le Brésil qui, jusqu’en 2007, terminait l’année au sommet de la hiérarchie à douze reprises en quatorze ans.
À cette époque, le calcul du classement mondial de la FIFA était très simpliste. Il était établi à partir des résultats obtenus durant les huit dernières années, en considérant qu’une victoire apportait trois points, un match nul un point et un zéro pointé en cas de défaite. La totalité des points obtenus sur les huit années étaient simplement additionnés entre eux.
Face aux critiques émises à l’égard d’une méthodologie de calcul trop minimaliste, la FIFA a répondu une première fois en 1999 en proposant une révision de son système. Désormais, le nombre de buts marqués et encaissés étaient pris en compte. Un bonus était également ajouté aux équipes évoluant à l’extérieur (sauf lors des compétitions internationales), chaque match possédait un facteur d’importance (allant de 1 pour une rencontre amicale à 4 pour un match de Coupe du monde) et les confédérations continentales jouissaient d’un coefficient calculé selon le niveau des équipes. Aussi, pour ne pas favoriser les sélections disputant plus de matchs que les autres, cette nouvelle méthode ne prenait en compte que les sept meilleurs résultats annuels de chaque nation.
La FIFA opérait un nouveau changement en 2006. Désormais, les buts marqués et encaissés n’entraient plus dans le calcul des points, remplacés par la valeur de l’adversaire, calculée selon son rang au classement mondial. Cette méthodologie combinant le résultat du match, son importance, la valeur de l’adversaire et le coefficient des confédérations fut utilisée jusqu’en août 2018, avant que la FIFA ne décide d’appliquer une nouvelle méthode dénommée Elo.
La nouvelle méthode de calcul instaurée depuis 2018
Ce nouveau système a deux vocations. D’une part, il fut instauré pour accentuer l’importance des matchs et donner bien plus de poids aux résultats obtenus lors des compétitions internationales. Avec la méthode Elo, le facteur d’importance d’un match amical est de dix points, tandis qu’une rencontre de Coupe du monde, à partir des quarts de finale, vaut soixante points. D’autre part, afin de ne pas pénaliser les nations ayant réussi à sortir des phases de poule d’une compétition internationale, les défaites subies dans le cadre d’un match à élimination directe ne sont plus prises en compte.
Mathématiquement, le calcul réalisé de nos jours après chaque match international est le suivant :
P = PP + I x (R – Ra)
- P correspond au nouveau nombre de points que possède l’équipe au terme de la rencontre.
- PP désigne les points précédents, ceux que possédait l’équipe avant que le match ne débute.
- I correspond au facteur d’importance du match, allant de 5 pour une rencontre amicale disputée en dehors du calendrier international établi par la FIFA, à 60 pour un quart, une demie et une finale de Coupe du monde.
- R désigne le résultat du match. Il est de 1 point en cas de victoire, 0,5 point lors d’un match nul et 0 point après une défaite. Dans le cas d’une rencontre se terminant aux tirs aux buts, l’équipe qui s’impose glane 0,75 point, tandis que les perdants récoltent 0,5 point.
- Ra correspond aux résultats attendus. Cette nouvelle donnée remplace la valeur de l’adversaire. Elle est calculée selon la différence de valeur (dv) entre les deux équipes, soit les PP de l’équipe A soustraient aux PP de l’équipe B. Une fois la valeur dv obtenue, la FIFA réalise ce calcul suivant :
Ra =
Pour imager cette méthode de calcul assez complexe, prenons pour exemple les points de la France au lendemain du match France – Gibraltar, remporté par les Bleus sur le score de 14-0.
Avant le coup d’envoi de la rencontre, l’équipe de France disposait de 1 853 points au classement FIFA, tandis que Gibraltar en avait 842. Donc PP = 1 853 et dv = 1 853 – 842, soit 1011.
D’après le tableau fourni par la FIFA, ce match comptant pour les qualifications à l’Euro de football avait un facteur d’importance (I) de 25.
Grâce à cette victoire, le résultat du match (R) est de 1 point pour les Bleus.
Enfin, sachant que dv = 1 011, le résultat attendu (Ra) correspond à 0,98.
Ainsi, le nouveau nombre de points (P) que possède la France au lendemain de cette rencontre est le résultat de ce calcul suivant :
P = 1853 + 25 x (1 – 0,98)
P = 1853 + 24,5
P = 1877,5
Au lendemain de ce succès et avant d’affronter la Grèce, la France se retrouvait ainsi avec environ 1 877,5 points au classement FIFA, lui permettant de prendre provisoirement la tête de cette hiérarchie mondiale. En effet, dans le même temps, la défaite de l’Argentine face à l’Uruguay a fait perdre des points à l’Albiceleste. Des 1 861 points qu’ils possédaient avant le coup d’envoi, les champions du monde en titre retombaient à 1 844 points, avant leur succès face au Brésil.