Un Français vainqueur de la dernière étape du Tour de France, sur les Champs-Élysées, est devenu une rareté. Depuis 1975 et la première arrivée jugée sur la plus belle avenue du monde, ils ne sont que quatre coureurs tricolores à avoir levé les bras à Paris. Jean-Patrick Nazon est le dernier de cette modeste lignée, vainqueur de l’ultime étape du Tour de France en 2003.
Crédit photo : Vosges Matin
L’un des meilleurs sprinteurs français du début des années 2000
Natif d’Épinal dans les Vosges, Jean-Patrick Nazon a suivi les traces de son frère aîné Damien en choisissant le vélo. Passé par le vélo club d’Épinal durant ses jeunes années, il entrait en tant que coureur espoir au sein de l’équipe cycliste Vendée U fondée par Jean-René Bernaudeau. Une année plus tard, en 1997, Jean-Patrick Nazon signait déjà son premier contrat chez les professionnels, à 20 ans. Tout comme son frère Damien, le cadet de la fratrie était recruté par la Française des Jeux pour ses qualités de sprinteur.
En l’espace de six saisons au sein de la formation dirigée par Marc Madiot, Jean-Patrick Nazon garnissait son armoire à trophée de quelques succès glanés au sprint sur des courses françaises. Le Vosgien remportait deux étapes lors des Quatre Jours de Dunkerque, deux autres sur l’Étoile de Bessèges et brillait également sur le Tour de l’Avenir et le Critérium international. En 2003, Jean-Patrick Nazon quittait la Française des Jeux et partait pour de nouvelles aventures. Il rejoignait l’équipe Jean Delatour.
Maillot jaune et vainqueur d’étape sur le Tour de France 2003
Sous ses nouvelles couleurs, Jean-Patrick Nazon prenait le départ de son deuxième Tour de France. Sa première expérience sur les routes de la Grande Boucle lui avait laissé un goût amer. En 2000, il avait été contraint à l’abandon lors de la 10e étape disputée entre Dax et Hautacam, dans les Pyrénées.
34e du prologue disputé à Paris et 14e de la première étape remportée au sprint par Alessandro Petacchi, Jean-Patrick Nazon passait tout près d’un premier succès sur le Tour de France en se classant deuxième de la deuxième étape qui s’achevait à Sedan. Au jeu des bonifications, le Vosgien effectuait un rapproché au classement général en remontant au sixième rang, à six secondes du maillot jaune Bradley McGee. L’étape suivante, il profitait à nouveau des bonifications pour s’emparer de la tunique dorée. Jean-Patrick Nazon avait l’honneur de porter le maillot jaune sur la 4e étape du Tour de France mais le perdait aussitôt, battu par la formation US Portal de Lance Armstrong lors d’un contre-la-montre par équipe.
Comme l’immense majorité des sprinteurs du peloton, Jean-Patrick Nazon passait difficilement la traversée des Alpes et des Pyrénées. Le cadet de la fratrie s’accrochait et luttait pour ne pas terminer hors-délai. L’arrivée jugée à Luz-Ardiden annonçait la fin de ses souffrances. Le peloton du Tour de France en avait terminé avec les étapes de haute montagne, le parcours était désormais plat jusqu’à Paris.
En cette dernière semaine, Jean-Patrick Nazon retrouvait un terrain qui lui était favorable. Les étapes de plaine étaient propices à un sprint massif, mais à Bordeaux puis à Saint-Maixent-l’Ecole, les échappées eurent le dernier mot. Il ne restait plus qu’une opportunité pour les hommes les plus rapides du peloton : l’ultime étape du Tour de France et cette prestigieuse arrivée jugée sur la plus belle avenue du monde.
La plus belle victoire de sa carrière sur les Champs-Élysées
La dernière étape de ce Tour de France 2003 accouchait d’un scénario des plus banals. Une échappée tenta vainement sa chance sur le circuit final tracé dans Paris, mais les formations des sprinteurs contrôlaient scrupuleusement l’écart et anéantissaient leurs espoirs dans l’ultime boucle. Un peloton groupé passait sous la flamme rouge à pleine vitesse, les sprinteurs se préparaient à en découdre sur l’avenue des Champs-Élysées.
À la lutte pour le maillot vert du classement par points, les deux Australiens Baden Cooke et Robbie McEwense livrèrent un duel acharné en lançant leur sprint de loin. Rusé, Jean-Patrick Nazon attendait sagement son heure dans la roue de Baden Cooke, avant de débouler sur sa droite dans les tous derniers mètres. Le natif d’Épinal coupait la ligne d’arrivée avec une demi-roue d’avance sur les deux australiens et levait les bras aussitôt. À 26 ans, Jean-Patrick Nazon décrochait un succès que tout sprinteur rêve un jour d’accrocher à son palmarès. Il devenait le premier français à remporter l’étape des Champs-Élysées depuis Eddy Seigneur en 1994. Dixième de l’étape, son frère Damien était aux premières loges pour assister à la victoire de son cadet. Il coupait, lui aussi, la ligne d’arrivée les bras levés vers le ciel, les deux frangins tombèrent dans les bras l’un de l’autre.
Un deuxième succès sur le Tour de France
L’année suivante, Jean-Patrick Nazon, désormais engagé au sein de la formation AG2R de Vincent Lavenu, décrochait un deuxième succès d’étape sur le Tour de France en remportant le sprint de la 4e étape devant Erik Zabel. Le natif d’Épinal poursuivit sa carrière jusqu’en 2008 et rajoutait quelques belles lignes à son palmarès, dont un succès d’étape sur Paris-Nice en 2007. Son vélo rangé au placard, Jean-Patrick Nazondevenait chef de rayon d’un magasin de sport à Saint-Dié, dans les Vosges. Désormais, le dernier vainqueur français sur les Champs-Élysées transmet sa passion du sport aux plus jeunes, en tant que professeur de sport dans son département de cœur.
