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Six secondes. En ce court laps de temps, Rafael Nadal n’a à peine le temps de remettre son short en place, puis réajuster son t-shirt au niveau des épaules, s’essuyer le nez, glisser ses cheveux derrière les oreilles et enfin servir. En six secondes seulement, Novak Djokovic, lui, ne peut filer aux vestiaires et changer de t-shirt comme il le fait fréquemment. Pourtant, après six secondes, le match de tennis le plus court de l’histoire prenait déjà fin.
Nous sommes à Wimbledon en 1995. Sur un court annexe, loin de l’agitation que provoquait les venues de Pete Sampras, Boris Becker ou encore Steffi Graf sur le Central, s’apprêtait à débuter un second tour du tournoi masculin de double. L’affiche n’était guère alléchante. Elle opposait la paire tête de série n°9, composée de l’Américain Tommy Ho et du Néo-Zélandais Brett Steven, au duo Christian Brandi / Marcos Ondruska, respectivement italien et sud-africain.
Ces derniers sortaient d’un premier tour éreintant, remporté au bout du suspense après avoir été mené deux sets à zéro. En face d’eux, Ho et Steven, demi-finalistes à Roland Garros quelques semaines plus tôt, avaient poursuivi sur leur bonne dynamique en s’imposant assez aisément face au duo belge Dick Norman / Libor Pimek. Sur le papier, les deux anglophones endossaient légitimement le statut de favoris.
Les quatre protagonistes rentraient sur le terrain. Autour de l’arbitre, le tirage au sort avait désigné Brett Steven au service. L’échauffement terminé, chacun des quatre joueurs regagnait leur position respective, la partie allait débuter.
Le premier service de Brett Steven était bon. Le retour du duo Brandi / Ondruska le fut aussi. Tommy Ho, positionné au filet, essaya d’intercepter la balle. En s’étirant de tout son long pour y parvenir, le joueur américain se bloquait le dos et laisser filer le premier point. 0/15 après six secondes de jeu. La messe était dite. Incapable de poursuivre la rencontre tant la douleur le faisait souffrir, Tommy Ho était contraint à l’abandon et entrainait Brett Steven dans ses déboires. Quelques minutes après s’être souhaité un bon match à chacun, les joueurs se serraient à nouveau la main et mettaient fin à la partie. Brandi et Ondruska l’emportaient par forfait. Qualifiés pour le troisième tour, ils s’inclinèrent face aux Américains Rick Leach et Scott Melville, futurs finalistes du tournoi de double.
Quant à Tommy Ho, ses ennuis physiques ne faisaient que débuter. Après un brillant début de carrière, devenant à 15 ans et 3 mois le second plus jeune joueur de l’histoire à remporter un match sur le circuit ATP, l’Américain âgé de 22 ans ne se remit jamais de cette blessure au dos. Régulièrement contrarié par cette douleur, il mettait un terme prématuré à sa carrière deux ans plus tard.