Qui est Philippe Chatrier ?

Qui est Philippe Chatrier ?

Son nom restera pour l’éternité associé au court central de Roland Garros. Et à juste titre. Relativement peu connu du grand public, cet ambassadeur du tennis fut durant plus de 20 ans l’un des plus grands acteurs et dirigeants de l’histoire de cette discipline. Un homme dévoué, à l’origine de nombreuses réformes ayant permises au tennis français comme mondial de rentrer dans une toute nouvelle ère et changer diamétralement de dimension. Retour sur la vie de ce grand homme, dont ses œuvres méritent de rentrer davantage à la postérité.

Un tennisman au palmarès relativement peu étoffé

Un titre de champion de France juniors de tennis obtenu en 1945. Voilà la principale ligne du palmarès de Philippe Chatrier. Ayant également participé à quelques matchs de Coupe Davis avec l’équipe de France entre 1948 et 1950, le natif de Créteil mit un terme à sa carrière dès 1953, à l’âge de 25 ans. Très vite il comprit que l’intérêt qu’il avait pour le monde du tennis et l’influence qu’il pouvait avoir dans ce milieu n’allait pas uniquement s’exprimer sur le terrain. Immédiatement après avoir rangé ses raquettes, il entama une reconversion dans le journalisme et fonda dès 1953 le journal Tennis de France, l’un des premiers bi-menstruel français entièrement consacré à la pratique du tennis et son actualité. 

Un court détour par le journalisme avant une brillante carrière en tant que dirigeant sportif

Cette revue lui permit de prendre position sur divers débats et défendre ses propres opinions. Tout particulièrement concernant la question du professionnalisme et cette différenciation existante entre tennismen amateurs et professionnels, ces derniers étant à cette époque exclus des tournois majeurs. Sa prise de position en faveur d’une union entre tennismen amateurs et professionnels fit de lui l’un des grands acteurs du lancement de l’ère Open en 1968. L’ère moderne du tennis mondial se caractérisant par l’ouverture des tournois majeurs aux joueurs professionnels et la mise en place des premiers prize money décernés aux vainqueurs. 

Ce premier combat remporté et l’influence grandissante qu’il avait dans le monde de la balle jaune lui ouvrit les portes de la Fédération Française de Tennis, institution au sein de laquelle il devint vice-président en 1968. Endossant à cette même période et durant trois années le statut de Capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis, il ne délaissa pas pour autant sa carrière de dirigeant sportif, devenant en 1972 président de la Fédération Française de Tennis. 

Un grand promoteur du tennis en France…

Un poste qu’il occupera durant plus de 20 ans, le plus long mandat d’un président à la tête de la FFT et sans aucun doute l’un des plus brillants. Sous sa direction, le nombre de licenciés au sein de l’hexagone fut multiplié par six en l’espace de 20 ans, dépassant ainsi le cap symbolique du million d’adhérents. Une croissance exponentielle évidemment facilitée par le retour sur le devant de la scène internationale du tennis français. La victoire de Yannick Noah à Roland Garros en 1983 insuffla un premier vent de fraicheur, puis le sacre de l’équipe de France de Coupe Davis en 1991, 59 ans après leur dernier sacre, permit définitivement au tennis d’entrer dans le cœur des Français. Résultat : Comptant un peu plus de 200 000 adhérents lors de la prise de ses fonctions, la FFT posséda 20 ans plus tard 1,2 millions de licenciés, lorsque Philippe Chatrier transmit la gouvernance de cette fédération à Christian Bîmes en 1993. 

Cette croissance allait de pair avec la touche de modernité que Philippe Chatrier insuffla à Roland Garros, permettant à ce tournoi du grand chelem de pouvoir enfin rivaliser avec ses homologues tel Wimbledon ou l’US Open. 

Débutant cette politique de modernisation et d’agrandissement de l’enceinte de la porte d’Auteuil au milieu des années 1970, ce projet s’acheva en 1994. Vingt années de travaux sous l’œil aguerri du président de la FFT et durant lesquelles neuf nouveaux courts sortirent de terre dont le court numéro 1 (Aujourd’hui déconstruit) et le court Suzanne Lenglen, ainsi que la célèbre place des mousquetaires installée entre le court central et le numéro 1. 

Roland Garros jouissait enfin d’une enceinte à la hauteur de sa renommée. Mais Philippe Chatrier ne souhaitait pas s’en arrêter là. Parallèlement à cette politique d’agrandissement, sa volonté de faire de Roland Garros un tournoi du Grand Chelem digne de ce nom le poussa à proposer la diffusion de la quinzaine parisienne à la télévision. En 1975, TF1 en devint le diffuseur au sein de l’hexagone, avant que diverses chaines étrangères n’achetèrent au fil des années les droits de retransmission. 

… Mais également à l’international

Son amour qu’il avait pour le tennis et sa volonté à donner le meilleur pour cette discipline, les Français n’en furent pas les seuls témoins. Parallèlement à son poste de président de la FFT, il devint en 1977 et durant 14 ans directeur de la Fédération Internationale de Tennis (ITF). 

Durant ce mandat, son plus grand chef d’œuvre reste la réintégration du tennis aux Jeux Olympiques, discipline bannie du programme depuis les Jeux de Paris de 1924. Militant activement pour son retour malgré l’Ère Open et cette professionnalisation contraire aux valeurs amatrices prônées par le mouvement olympique, il obtint gain de cause aux Jeux de Los Angeles de 1984 avec l’arrivée du tennis comme sport de démonstration, puis quatre ans plus tard lorsque cette même discipline fit officiellement son intégration au programme des Jeux de Séoul. Un retour triomphant du tennis dans la plus grande des manifestations sportives lui valant d’ailleurs le droit de siéger parmi les membres du Comité International Olympique. 

Mais en 1990, la prise de pouvoir de l’Association of Tennis Professionnals (ATP) sur le circuit mondial du tennis eut raison de lui. Affecté par le virage très « business » que le tennis mondial commençait à prendre, il quitta successivement son poste de président de l’ITF en 1991, puis la présidence de la FFT en 1993. Sa riche carrière de dirigeant sportif et son inépuisable dévotion qu’il avait pour le tennis lui ouvrit en 1992 les portes de l’International Tennis Hall of Fame, là où tous les plus grands pionniers du tennis mondial ont leur nom gravé pour l’éternité. Souffrant de la maladie d’Alzheimer durant les dernières années de sa vie, il s’éteignit le 23 juin 2000 à l’âge de 72 ans. L’année suivante, le court central du stade Roland Garros fut baptisé court Philippe Chatrier, en l’honneur de ce grand monsieur qui apporta tant au tennis. 

Pour en savoir plus :

https://www.rolandgarros.com/fr-fr/article/rg-culture-philippe-chatrier-vie-actions-fft-roland-garros

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