Qui a inventé les starting-blocks ?

Qui a inventé les starting-blocks ?

Solidement fixés sur le tartan des pistes grâce à son poids et ses petites pointes en acier placées en dessous, les starting-blocks confèrent aux sprinteurs une meilleure impulsion au moment du départ. Une invention ô combien essentielle dans ce genre de discipline où chaque centième compte. Mais qui eut l’idée d’utiliser pour la première fois ces cales de départ ? Cet ingénieux objet serait-il vieux de plusieurs millénaires ? Voici l’histoire des starting-blocks. 

L’ancêtre des starting-blocks a 2500 ans

Loin de nos starting-blocks modernes, les Grecs utilisaient lors des Jeux panhélleniques un système permettant de gagner en prise d’appui lors du départ : le balbís. Une large bande de pierre faisant également office de ligne de départ, sur laquelle deux rainures espacées de douze centimètres environ y étaient taillées. Les athlètes pouvaient ainsi y glisser leurs orteils et bénéficier d’une meilleure impulsion une fois le lancement de la course donné. 

Si le plus vieux balbís recensé se trouve au sanctuaire de Nemée et serait vieux de plus de 2500 ans, il est attesté qu’au IVème siècle av J.C, ces pierres rainurées étaient utilisées dans toute la Grèce antique. Progressivement, elles s’accompagnèrent d’une nouvelle avancée destinée cette fois-ci à éviter les faux départs : l’hysplex.

Venant s’ajouter aux balbís, l’hysplex permettait de tendre deux cordes devant les coureurs. À l’aide de deux piquets et d’un mécanisme articulé, un officiel venait se placer derrière les athlètes, les extrémités des cordes dans ses mains. En charge de donner le départ, il lui suffisait alors de tirer sur les cordes pour les faire tomber et ainsi lancer tous les coureurs en même temps. Une invention aussi ingénieuse que sophistiquée, reprise par la suite lors des courses de chevaux. 

Le renouveau de l’athlétisme et la naissance des premiers starting-blocks

L’athlétisme tombant dans l’oubli durant plus de deux millénaires, la pratique revint au gout du jour en Grande-Bretagne durant la seconde moitié du XIXème siècle. Un renouveau rimant tout naturellement avec la création des premières pistes d’athlétisme. Loin de notre tartan devenant chaque année de plus en plus technologique, ces premières pistes de l’ère moderne étaient généralement faites de terre battue ou de sable, avant que le revêtement en cendrée ne fasse irruption. Des surfaces particulièrement glissantes, ne conférant guère une bonne impulsion au moment du départ. 

Pour s’assurer la meilleure prise d’appui possible, les athlètes avaient alors pris l’habitude de creuser des trous sur la piste. Les pieds solidement calés dans ces derniers, le corps recroquevillé et les mains posées au sol, l’impulsion était bien plus efficace mais loin d’être optimale. 

Tout changea lorsqu’à la fin des années 1920, George Breshnahan et William Tuttle, un duo d’entraineur américain, mirent au point les premiers starting-blocks de l’histoire. Le concept était d’ores et déjà similaire à nos blocs de départ actuels. À l’aide d’une plateforme en forme de T et de deux cales en bois disposées de part et d’autre, il permettait aux athlètes de jouir d’une bien meilleure phase de poussée. 

Entre interdiction et refus, la lente adoption des starting-blocks

Le sprinteur américain George Simpson fut en 1929, à l’occasion d’une compétition organisée à Chicago, le premier à se présenter sur la ligne de départ avec ces starting-blocks. L’année suivante, il s’empara du record du monde sur 100 yards avec un chrono de 9,4 secondes. Une performance finalement annulée par l’IAAF, l’organisme en charge de régir la pratique de l’athlétisme à l’international, car l’utilisation de ces cales en bois restait encore interdite. 

De l’autre côté de la planète, à près de 15 000 kilomètres de Chicago, les premiers starting-blocks se développèrent également. Et tout comme George Simpson, un athlète australien répondant au nom de Charlie Booth fit lui aussi les frais de cette interdiction prononcée par l’IAAF. Prenant son départ avec un système de cales en bois similaire à celui développé par les deux entraineurs américains, son invention fut jugée illégale et Charlie Booth fut suspendu à vie de toutes compétitions, avant que cette peine ne soit finalement annulée quelques semaines plus tard.

L’histoire entre le monde du sprint et les starting-blocks ne commençait guère de la plus belle des manières. Alors que durant près d’une décennie, la table des records du 100m était divisée entre performance réalisée avec ou sans cales de départ, l’IAAF décida finalement de les autoriser en 1938. À cause de la Seconde Guerre Mondiale, il fallut cependant attendre 1948 et les Jeux Olympiques de Londres pour enfin assister à une compétition internationale approuvant les starting-blocks sur la ligne de départ des sprints. Mais là encore, une certaine forme d’inégalité régnait. Autorisé mais pas obligatoire pour autant, seuls quelques athlètes avaient cette année-là l’opportunité de s’élancer avec ces cales d’un genre nouveau. Cette situation ambigüe, conférant un net avantage à certains sprinteurs, s’éternisera jusqu’à la fin des années 1970, période durant laquelle l’IAAF jugea bon de les rendre purement et simplement obligatoires. 

Les Jeux de Moscou de 1980 furent ainsi les premiers à imposer les starting-blocks à tous les athlètes. Et ironie du sort, le champion olympique du 100m fut cette année-là un certain Allan Wells, sprinteur écossais connu pour renier les starting-blocks et les laisser de côté au moment du départ. S’il avait bien dû se plier au règlement comme l’ensemble de ses adversaires, ce changement d’habitude ne sembla guère le perturber tant que ça. 

Pour en savoir plus :

https://www.europe1.fr/culture/a-quand-remonte-linvention-des-starting-blocks-4016211

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