Quels sont les premiers cas de triche de l’histoire du sport ?

Quels sont les premiers cas de triche de l'histoire du sport ?

Que ce soit pour la gloire, les honneurs ou l’argent, certains sportifs sont prêts à tout pour devenir un jour le champion qu’ils ont toujours rêvé d’être, quitte à avoir recours à la triche. Corruption, falsification d’identité ou dopage, les méthodes s’avèrent être nombreuses et se sont malheureusement répandues comme une trainée de poudre durant ces dernières décennies. Mais à quand remonte l’origine de la triche dans l’histoire du sport ?

Des premiers cas de triche mentionnés dès l’Antiquité

En sport, la triche est aussi vieille que la pratique compétitive. Des témoignages laissés par quelques grandes figures de la Grèce antique mentionnent notamment des cas de corruption ou de falsifications d’identité lors des Jeux Olympiques antiques.

Ainsi, l’une des plus vielles tentatives de triche dont nous avons de nos jours connaissance remonte à 588 av J.C. et serait l’œuvre ni plus ni moins du célèbre philosophe et mathématicien Pythagore. Ce dernier, à l’occasion du concours olympique de pugilat (ancêtre de la boxe), tenta de falsifier son âge en s’inscrivant dans la catégorie junior. Démasqué, il ne fut pas pour autant réprimé mais simplement contraint de s’inscrire dans l’épreuve des séniors qu’il remporta. 

Également monnaie courante en Grèce antique, les premiers cas de corruption dans le monde du sport datent au moins du IVème siècle av J.C. 

Pausanias, voyageur et géographe du IIème siècle ap J.C, fait mention dans le VIème livre de son Périégèse (La Description de la Grèce) d’un boxeur dénommé Eupolos de Thessalie, qui en 388 av J.C, à l’occasion de la 98ème Olympiade antique, voulut acheter sa victoire en négociant avec ses adversaires une somme d’argent relativement élevée si ces derniers acceptaient de se coucher. Cette tentative de corruption, la plus ancienne de l’histoire du sport dont on ait à ce jour connaissance, échoua lorsqu’Eupolos, victorieux du tournoi olympique, refusa finalement de verser la somme promise à ses concurrents. Naturellement, ces derniers le dénoncèrent et naturellement, il fut condamné, tout comme ses adversaires ayant accepté le pacte, à verser une amende avec laquelle on érigea les premières Zanes de l’histoire. Des statues en bronze de Zeus présentes sur le site d’Olympie, élevées en déshonneur des tricheurs ayant bafoué l’esprit olympique. 

Plus d’un demi-siècle plus tard, une nouvelle tentative de corruption, toujours rapportée par Pausanias, se déroula à l’occasion de la 112ème olympiade antique. Cette fois-ci, le tricheur était un pentathlonien athénien du nom de Kallipsos qui, tout comme Eupolos, tenta d’acheter ses adversaires. Rapidement démasqué, sa ville, Athènes, refusa de payer une amende qui lui fut imposée, avant de se raviser sous la menace d’être privé d’oracles à Delphes. 

À observer les vestiges des seize Zanes présents de nos jours le site d’Olympie, on constate aisément que des tentatives de triche se déroulèrent tout au long de l’Antiquité dans le cadre des olympiades. Parmi ces athlètes ayant violé les règles en vigueur à cette époque, l’un des plus célèbres d’entre eux fut l’empereur romain Néron en 67 ap J.C. Prenant part cette année-là à la course olympique de chars, il chuta durant l’épreuve, termina loin des meilleurs, mais fut proclamé vainqueur après avoir soudoyé les arbitres à qui il promit un million de sesterces. Une coquette somme que l’on ne pouvait guère refuser. 

Et les premiers cas de dopage ?

Si certains entraineurs ou médecins de l’Antiquité faisaient sans doute ingérer à des athlètes tout type de produit et leur imposait un régime strict dans le but d’améliorer leurs performances, l’absence de contrôle anti-dopage durant les Jeux Olympiques antiques empêche les historiens d’affirmer la présence d’une telle pratique en Grèce. À cette époque, l’alcool était l’unique substance prohibée durant ces événements sportifs. Afin de s’assurer qu’aucun athlète n’en consommait, des juges avaient de ce fait la disgracieuse mission de sentir l’haleine de chaque compétiteur avant leur entrée dans le stade. Une inspection pour la moins archaïque. 

Ainsi, bien qu’il ne soit certainement pas le premier de l’histoire, l’un des cas de dopage les plus anciens remonte à 1807, lorsqu’un coureur de fond britannique dénommé Abraham Wood avouait consommer régulièrement du laudanum (médicament à base d’opium) lui permettant de rester éveillé durant les courses faisant plus de 24 heures. Le dopage n’étant pas encore à cette époque une notion définie, son témoignage ne provoqua aucune réprimande. 

Puis, à partir des années 1860, plusieurs nouveaux cas de dopage émergèrent sans que toutefois les premières sanctions ne tombèrent. L’une des premières affaires documentées remonte à 1865 et concerne des nageurs inscrits dans une compétition à Amsterdam qui auraient eu recours à une substance stimulante leur permettant d’augmenter leurs performances. 

Le monde du cyclisme n’était pas non-plus en reste. La naissance des premières courses de vélocipède ralliant à cette époque deux villes espacées de parfois plus de 300 kilomètres incitait certains coureurs à consommer des produits censés améliorer leur condition physique. Dès 1869, à l’arrivée du Paris-Rouen, course considérée comme la première épreuve de cyclisme d’endurance entre deux villes, la presse s’interrogeait déjà sur la prise de substances augmentant les performances de manière efficiente. Le vin Mariani et ses propriétés toniques était à cette époque un produit particulièrement populaire auprès des athlètes, qu’ils soient cyclistes ou coureurs. Mais encore une fois, consommer des produits afin d’améliorer ses performances n’était pas encore jugé illicite. 

Et cela ne le deviendra qu’au cours du XXème siècle ! Entre temps, le cycliste britannique Arthur Linton perdit la vie en 1896 dans des circonstances mystérieuses, certainement suite à une overdose de produits dopants, tandis que l’Américain Thomas Hicks remporta le marathon des Jeux Olympiques de 1904 après avoir reçu une dose de strychnine (de la mort au rat) en pleine course de la part d’un de ses assistants. 

De nouvelles affaires faisant doucement prendre conscience de l’existence du dopage et de sa dangerosité pour les athlètes. La Fédération Internationale d’Athlétisme (IAAF) fut en 1928 la première instance internationale à réagir en prohibant officiellement le dopage. De simples paroles dissuasives, les test anti-dopage restant à cette époque particulièrement peu répandus et relativement inefficaces. Puis l’arrivée des stéroïdes anabolisants au cours des années 1960 accéléra enfin le processus de lutte contre le dopage. Les Jeux Olympiques de 1968 furent les premiers de l’histoire à avoir recours à des contrôles anti-dopage. Dressant une liste de produits bannis et avec une cinquantaine de tests réalisés chaque jour, on assista cette année-là au premier cas de dopage avéré de l’histoire des Jeux Olympiques. Pour l’éternité, le pentathlonien suédois Hans-Gunnar Liljenwall devenait à l’occasion de ces Jeux de Mexico le premier athlète olympique disqualifié pour dopage. Contrôlé positif à l’alcool, il avoua avoir bu deux bières avant l’épreuve de tir afin de calmer son stress. 

Pour en savoir plus :

https://www.medicosport.eu/en/doping-and-sports/doping-and-sports1850-1869.html

https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-content/uploads/2016/11/af86c6668d1388717001e83d15374c05.pdf

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