Si de nos jours la présence de poteaux de forme arrondie sur un terrain de football ne choque plus personne, sachez que les montants circulaires n’ont pas toujours été monnaie courante. Au contraire même. À la genèse du football, les premiers poteaux utilisés étaient carrés. Et cela dura pendant près d’un siècle. Mais alors ? Si les montants carrés étaient si bien ancrés dans l’ADN du football, pourquoi les poteaux ronds furent-ils finalement privilégiés ? Un petit retour dans le passé qui fera ressurgir les pires souvenirs des supporters stéphanois.
Premières utilisations et première polémique
Alors qu’ils étaient encore tous de forme rectangulaire, l’apparition des premiers poteaux ronds s’est faite en Italie au début des années 1960. Rapidement, ils se sont exportés dans de nombreux pays voisins. En France, il fallut attendre 1964 et une rencontre de la sélection nationale face à la Norvège au Parc des Princes pour assister à la première utilisation de ces poteaux de forme circulaire.
Imaginés pour permettre au ballon de prendre des trajectoires davantage naturelles, ces poteaux connurent dès leurs premières années d’existence une controverse qui n’aurait peut-être pas eu lieu si ces derniers étaient restés carrés. La fameuse affaire du but de Wembley. Une polémique survenue durant la Coupe du Monde de 1966, lorsque fut inscrit en finale l’un des buts les plus contestés de l’histoire du football.
Première grande compétition internationale à se dérouler avec des poteaux ronds, la prolongation de sa finale accoucha d’un scénario cruel pour l’Allemagne, au dépend de la Grande-Bretagne. À la 101ème minute de jeu, le joueur britannique Geoffrey Hurst arma une frappe et vit son tir s’écraser sur la barre transversale, devenue ronde. Sa toute nouvelle forme circulaire provoqua justement un grand moment de flottement. Après avoir touché cette barre transversale, le ballon vint rebondir sur la ligne de but puis ressortit des cages. Personne ne pouvait savoir si la balle avait entièrement franchi la ligne, synonyme de validité du but. Pour autant, l’arbitre, après consultation de son juge de touche, accorda le but au britannique et scella le sort de la rencontre. Une issue malheureuse pour l’équipe allemande qui avait toutes les raisons de maudire ces nouveaux poteaux ronds et les nouvelles trajectoires que pouvait dès lors prendre les ballons.
” Si les poteaux n’avaient pas été carrés…”, la rencontre scellant l’adoption des poteaux ronds
Outre cette polémique, les poteaux ronds continuèrent à se démocratiser en Europe. Au milieu des années 1970, l’immense majorité des stades du vieux continent en étaient dotés. Mais le stade d’Hampden Park de Glasgow était l’une des exceptions contredisant la règle. Et cette enceinte fut en 1976 le théâtre d’une rencontre démontrant qu’il était grand temps d’adopter définitivement les poteaux ronds.
La fameuse finale de la Coupe des clubs champions européens de 1976 et l’affaire des poteaux carrés. Opposant le Bayern de Munich à l’AS Saint-Étienne, le club de la Loire fut la principale victime des trajectoires très brutales de ces poteaux anguleux. Les montants touchés à deux reprises par les verts et une défaite 1-0 face au club bavarois. Il n’en fallait pas plus pour faire bouillir le sang des supporters stéphanois et se demander partout dans l’hexagone quel aurait été le résultat si ces poteaux n’avait pas été carrés. La réponse ? On ne la connaitra jamais. Quoi qu’il en soit, les poteaux rectangulaires d’Hampden Park furent vites remplacés par ceux de forme circulaire et partout en Europe, les derniers stades ne jurant que par les poteaux anguleux rejoignirent tour après tour la prophétie des montants arrondis.
En 1987, la FIFA mettait officiellement fin à l’ère des poteaux carrés en interdisant l’utilisation de ces derniers en match officiel. Pour autant, la loi numéro 1 du football, en charge de définir les caractéristiques d’un terrain de football, ne changea guère. À lire le règlement de nos jours, il est mentionné que les montants « doivent être de forme carrée, rectangulaire, circulaire ou elliptique et ne doivent en aucun cas présenter un danger ». Qui sait, peut-être qu’un jour les poteaux carrés feront leur grand retour pour le plus grand bonheur des Stéphanois.
Pour en savoir plus :
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