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Taille, poids, composition et répartition musculaire, densité osseuse, pourcentage de masse grasse… Existe-t-il une morphologie idéale qui favoriserait la performance en course à pied ?
Des marathoniens petits et légers
C’est en tout cas la morphologie idéale qui semble se dégager lorsque l’on analyse la taille et le poids des meilleurs marathoniens et coureurs de la planète. Ancien détenteur du record du monde, Eliud Kipchoge mesure 1,67 m pour 52 kg. L’Ougandais Joshua Cheptegei, actuel recrodman du monde sur 5 000 m et 10 000 m, possède exactement les mêmes caractéristiques physiques. Haile Gebrselassie et Dennis Kimeto, les deux anciens détenteurs du record du monde sur marathon, mesurent respectivement 1,64 m et 1,71 m, pour un poids tournant autour des 53 kg pour le premier et des 55 kg pour le second. Des petits gabarits, dont leur taille et leur masse corporelle se situent en dessous de la moyenne mondiale.
Côté féminin, les meilleures coureuses sur marathon ne sont étonnamment pas si petites. Brigid Kosgei, ancienne détentrice du record du monde, et Tigist Assefa, actuelle meilleure performeuse de l’histoire, possèdent toutes les deux une silhouette comparable à celle des meilleurs marathoniens masculins. La première mesure 1,70 m pour 50 kg, la seconde, 1,68 m pour 53 kg. Deux athlètes se situant, donc, au-dessus de la taille moyenne des femmes.
L’analyse physique des meilleurs coureurs de la planète nous révèle qu’une morphologie idéale semble exister pour performer au plus haut niveau sur marathon. Une taille tournant autour des 1,70 m et un poids proche des 55 kg. Un physique plutôt petit, conférant à ces athlètes un rapport surface/volume plus élevé que la moyenne. Un avantage indéniable sur des courses de longue distance, puisqu’une surface de peau élevée sur un volume corporel faible permet à l’organisme de mieux ventiler et évacuer la transpiration, offrant une meilleure régulation de la température corporelle.
Toutefois, même au plus haut niveau, des exceptions existent et des coureurs plus grands et plus lourds parviennent à se démarquer. Le regretté Kelvin Kiptum, premier marathonien à passer officiellement sous les 2 h 01 sur marathon, en est l’exemple parfait. Avec une taille d’1,78 m pour un poids de 59 kg, le Kenyan faisait partie des coureurs les plus grands.
Au niveau des jambes, de longs tibias et de longs tendons favorisent la performance sur marathon
Si l’on rentre plus en détail dans la composition corporelle et morphologique du parfait coureur, certaines caractéristiques osseuses, musculaires et tendineuses favorisent la performance.
La proportion des tibias et des fémurs est un point essentiel. De longs tibias associés à des fémurs courts sont un facteur de prédisposition génétique à la course à pied. En effet, dans une optique de performance, il est intéressant que l’essentiel du poids du coureur soit au plus proche de son centre de gravité. Tel un pendule qui effectue des mouvements de balancier, plus les extrémités des membres sont lourdes, plus le coureur aura besoin d’énergie pour courir. Ainsi, des tibias long associés à des fémurs plus courts permettront de rapprocher le mollet du centre de gravité du coureur, et bénéficier ainsi d’une meilleure répartition des masses. Dans la même idée, un coureur sera bien plus performant s’il possède des chevilles et pieds fins et légers.
Des scientifiques se sont penchés sur l’importance d’avoir une bonne répartition de la masse corporelle en course à pied. Leur étude démontrait que courir avec une charge de huit kilos répartie au niveau des hanches augmentait le coût énergétique de 4 %. En revanche, en plaçant ces huit kilos à hauteur des chevilles, la dépense énergétique nécessaire pour courir à la même allure augmentait de 24 %.
D’un point de vue musculo-tendineux, des muscles courts associés à de longs tendons favoriseront la performance sur des courses de longues distances. Et pour cause, sur un parcours plat, une grande partie de la dépense énergétique musculaire peut être compensée par le renvoi élastique des tendons, à chaque impact au sol. Ils agissent comme un ressort. Plus les tendons sont longs et dotés d’une certaine raideur, plus ils permettront au coureur de mieux rebondir à chaque foulée. Pour une même allure, le muscle aura donc besoin de moins travailler, réduisant ainsi la consommation d’oxygène et la dépense énergétique.
La composition musculaire, elle, joue également un rôle essentiel. Plus un coureur est doté de fibres musculaires à contraction lentes, plus il sera endurant. Ces fibres lentes développent moins de puissance, mais sont bien plus légères et résistantes à la fatigue. À l’inverse, les fibres musculaires à contraction rapide sont capables de générer un maximum de puissance en un temps très restreint. Elles s’avèrent être très utiles lors d’efforts explosifs tel un sprint. Notre proportion de fibres lentes vis-à-vis des fibres rapides est, en grande partie, déterminée génétiquement. Ce qui explique que certains individus sont naturellement prédisposés à courir très vite, quand d’autres possèderont une bien meilleure endurance.
Au global, le corps idéal du marathonien serait doté d’une excellente solidité osseuse et d’une masse grasse la plus faible possible. La première caractéristique permet au squelette de mieux encaisser les chocs répétés et ainsi courir longtemps, à des vitesses élevées et sans se blesser. Un faible taux de masse grasse, lui, permet aux coureurs d’être plus légers et d’avoir moins de poids à porter. Dans cette même optique de recherche du poids minimal, les meilleurs marathoniens de la planète sont généralement dotés d’un buste et de bras très peu développés. Le haut du corps doit avoir la masse musculaire la plus faible possible pour éviter de « s’alourdir inutilement », bien qu’il soit essentiel de posséder des muscles profonds très bien renforcés, pour avoir un tronc stable et être capable de maintenir une posture droite tout au long de la course. Un point clé, favorisant le relâchement, la respiration et ainsi l’économie de course.