Discipline spectaculaire devenue incontournable en athlétisme, le saut à la perche en reste pas moins une pratique aux origines mystérieuses. Qui eut l’idée d’utiliser un tel outil pour sauter et pour quoi faire ? Aller plus haut ? Aller plus loin ? Aller plus vite ? Retour sur les origines bien méconnues du saut à la perche et sa mutation en tant que pratique sportive.
Sauter à l’aide d’une perche, un art antique
Bien qu’il n’était pas encore question d’en faire une discipline sportive, les premières traces retrouvées du saut à la perche remonte à la Grèce antique. À cette époque les hommes se servaient d’imposants morceaux de bois rigides pour franchir des obstacles naturels tel des haies, des cours d’eau ou encore des crevasses. Une légende grecque voulait d’ailleurs que Nestor, le Roi de Pylos échappa à un taureau sauvage en franchissant une crevasse à l’aide d’une perche.
La première utilisation sportive de la perche, elle, remonte au VIème siècle av J.C. lors des Tailteann Games. Durant cette traditionnelle manifestation sportive irlandaise, un concours de perche était organisé, prenant la forme d’un saut en longueur durant lequel il fallait aller le plus loin possible. Les prémices de la perche sportive, bien que la notion de hauteur importait encore peu.
Le Moyen-Âge et le déclin de l’utilisation des perches
Comme en atteste le faible nombre de source faisant mention de l’utilisation de perches comme moyen de franchissement, cette technique connut un sévère déclin au cours du Moyen-Âge. Les progrès en matière d’édification et la construction des tout premiers ponts en occident par les romains y était peut-être pour quelque chose.
Le renouveau de la perche et ce en tant que pratique sportive émergea au XVIIème et XVIIème siècle, lorsque fut créé dans l’actuel territoire des Pays-Bas le Fierljeppen, discipline sportive signifiant littéralement « long saut » et découlant des peuplades frisonnes qui avaient l’habitude de traverser les cours d’eau avec de longues perches. La première trace d’une compétition de Fierljeppen remonte à 1771. Encore pratiqué aujourd’hui, le principe n’a guère changé en 250 ans d’histoire. La perche de 8 à 13 mètres est directement plantée au milieu du cours d’eau. Le concurrent doit alors prendre de l’élan, sauter sur la perche et la grimper le plus vite possible avant que celle-ci ne bascule pour rejoindre la berge opposée… et plus si affinité. Avis aux amateurs, le record pointe actuellement à 22,21 mètres.
Les débuts de la perche moderne, favoriser la hauteur au dépend de la distance
Que ce soit pour franchir des obstacles naturels, dans un but militaire ou à vocation purement sportive, sauter avec une perche est une technique que l’homme utilise depuis la nuit des temps. Cependant, à cette époque, l’objectif premier était d’aller le plus loin possible et non le plus haut comme c’est le cas dans nos concours de perche moderne. Cette bascule s’effectua progressivement au cours du XIXème siècle.
Dans les années 1850 d’abord. Lorsque des éducateurs allemands développèrent la perche gymnique. Un concours durant lequel la notion de longueur et de record céda sa place à des critères artistiques. Il n’était désormais plus question de franchir un cours d’eau ou d’aller le plus loin possible, mais simplement de réaliser un saut élégant, noté selon des critères esthétiques. Un premier pas vers
Mais la perche moderne naquit véritablement à la toute fin du XIXème siècle, lorsque les britanniques mirent au point ce qui se nommait alors le « running pole leaping » (littéralement « Bon à la perche avec élan »). La pratique était cette fois-ci davantage similaire au saut à la perche actuel, avec une prise d’élan et une barre placée en hauteur à franchir.
La perche devient discipline olympique dès 1896, à l’occasion de la toute première édition des Jeux Olympiques modernes, en Grèce. Si le tout premier record du monde attesté n’était que de 3,30m, réalisé par le Britannique William Hoyt, la chasse au record et la quête de performance fit fortement évoluer la perche utilisée. Peu performant, le bois fut définitivement remplacé par du bambou au début du XXème siècle, avant de laisser lui-même sa place au cuivre et à l’aluminium dans les années 1950. Actuellement, les perches sont façonnées dans un matériau composite mélangeant carbone et fibre de verre. Un alliage permettant de gagner en souplesse et en résistance.
