La rétrospective 2020 : Septembre, les jours de gloire sont arrivés !

Récapitulatif de l'actualité sportive septembre 2020

Le sport français ne s’était pas aussi bien porté depuis un bon moment. Entre la victoire historique de Pierre Gasly en Formule 1 et le titre de champion du monde de Julian Alaphilippe, 23 ans après celui de Laurent Brochard, la Marseillaise est devenue le temps d’un mois le tube du moment. Avec en prime un US Open au vainqueur inédit et un Tour de France au final haletant, revivez à travers ce récapitulatif l’actualité sportive du mois de septembre 2020, l’un des plus intenses émotionnellement.  

Gasly le magnifique !

          Une éternité que la France attendait cela. La dernière victoire d’un pilote tricolore dans la catégorie reine du sport automobile remontait à 1996 lorsque Olivier Panis s’imposait lors du prestigieux Grand Prix de Monaco, au terme d’une course rocambolesque marquée par la pluie et les accidents à répétition. Et depuis, plus rien. Vingt-quatre ans de disette. Vingt-quatre ans à attendre le treizième pilote français qui viendra faire retentir la Marseillaise sur un podium de Formule 1. Vingt-quatre années interminables. Alors que cette année encore tout semblait annoncer une saison sans victoire tricolore, le Grand Prix d’Italie à Monza fut le théâtre d’un scénario aussi haletant qu’irrespirable dont seule la Formule 1 en a les secrets, avec à la clé une victoire des plus prestigieuses pour le sport automobile français. 

          Nous sommes le 6 septembre 2020. Pierre Gasly, au volant de sa modeste Alpha Tauri, prenait le départ du Grand Prix d’Italie en dixième position, presque un an jour pour jour après son licenciement et la fin de sa courte aventure chez Red Bull. Les deux Mercedes en première ligne, tout semblait annoncer un air de déjà vu et un Grand Prix au scénario prévisible, parfaitement contrôlé par l’écurie allemande avec à son terme une énième victoire de Lewis Hamilton. 

          Pourtant, au 20ème tour, un fait de course à première vue anodin allait totalement relancer la course et placer Pierre Gasly dans les meilleures dispositions pour jouer la gagne. Le faiseur de trouble du jour se prénommait Kevin Magnussen. Le pilote danois tomba en panne à quelques mètres seulement de la voie des stands et provoquait l’entrée en piste de la Safety Car. Pierre Gasly et son écurie anticipèrent merveilleusement bien cet incident. Le pilote tricolore rentra au stand quelques secondes après l’immobilisation de Kevin Magnussen et profita sans le savoir d’un arrêt sans perte de temps. Hamilton, confortablement en tête, voulut imiter cette stratégie et plongea un tour après dans la voie des stands, sans même se rendre compte que la Safety Car avait fait son entrée sur la piste et que cette même voie des stands était devenue… fermée. Ayant accidentellement enfreint le règlement, il écopa d’un stop and go de 10 secondes (10 secondes d’arrêt forcé à effectuer avant la fin du Grand Prix). 

          Derrière, tous les autres concurrents se précipitèrent dans la voie des stands une fois que celle-ci fut à nouveau ouverte. Pierre Gasly, en queue de peloton mais ayant déjà effectué son arrêt, se retrouva miraculeusement propulsé en troisième position lors de la relance de la course, derrière Lance Stroll et un Lewis Hamilton devant encore effectuer sa pénalité. 

          Quatre tours plus tard, ce fut au tour de Charles Leclerc d’offrir un nouveau rebondissement à la course. Victime d’une violente sortie de piste à l’amorce de la dernière ligne droite, le pilote monégasque entraina l’interruption de la course le temps de consolider un mur de pneu fortement endommagé. Les pilotes rentrèrent au stand, la course est momentanément suspendue, un second départ arrêté sera donné. 

          Le mur consolidé et la monoplace de Leclerc évacuée, la course put reprendre ses droits. Toujours en tête, Hamilton négocia parfaitement son envol. Derrière, Gasly profitait de la mauvaise mise en action de Stroll pour récupérer la deuxième place et se placer temporairement derrière le champion britannique avant de récupérer la première place au 28ème tour, Hamilton rentrant au stand effectuer sa pénalité. 

          Débuta alors un long périple de vingt-six tours à mener seul en tête le reste du peloton avec un seul mot d’ordre : tenir. Tenir le plus longtemps face à la pression grandissante de Carlos Sainz, second. Tenir malgré des pneus qui perdirent en efficacité tour après tour. Tenir pour s’offrir à 24 ans le plus beau moment de sa carrière après tant de doutes et de sacrifices. Après vingt-cinq tours parfaitement maitrisés, le 53ème et dernière boucle de ce 1026ème Grand Prux débuta et restera à jamais dans les mémoires de tous. 

          Rattrapé par un Carlos Sainz intenable et revenu à moins d’une seconde, Pierre Gasly voyait la McLaren orange du pilote espagnol grossir dans ses rétroviseurs. Il perdait du terrain lors des interminables lignes droites de ce circuit mais parvenait à grappiller de précieux dixièmes dès que le tracé devenait plus technique. Dans l’avant dernière ligne droite, il serpentait devant Carlos Sainz pour éviter d’offrir son aspiration lui permettant ainsi d’amorcer en premier l’ultime virage menant au drapeau à damier, synonyme ce jour-là de délivrance. 

          Pierre Gasly pouvait lever les bras. Héroïque de bout en bout, il savoura pleinement sa première victoire dans la catégorie reine du sport automobile, vingt-quatre ans après un certain Olivier Panis, dernier français à avoir fait retentir la Marseillaise en Formule 1, jusqu’à ce 6 septembre 2020.  

US Open, quand les chats ne sont pas là, les souris dansent :

          Après le football, la Formule 1, le cyclisme, l’athlétisme et bien d’autres disciplines, ce fût au tour du tennis de faire son grand retour. Dans un premier temps à travers quelques tournois de la tournée américaine, puis au mois de septembre avec la tenue à huis clos de l’un des quatre tournois les plus prestigieux au monde : l’US Open. 

          En l’absence de Federer, en convalescence suite à une opération du genou droit, et Nadal, ayant fait l’impasse pour éviter les risques de contamination, Novak Djokovic, numéro 1 mondial, faisait figure d’hyper favoris et sa route vers un dix-huitième titre en Grand Chelem semblait toute tracée. Mais c’était sans compter sur ses quelques excès de frustration. En pleine confiance lors de ses trois premiers tours, le Serbe fut disqualifié en huitième de finale après avoir accidentellement lancé une balle sur une juge de ligne dans un geste d’énervement. Éliminé pour son comportement anti-sportif, Djokovic reconnaissait son erreur et laissait derrière lui un tableau très ouvert, promesse d’un vainqueur inédit étant donné qu’aucun des joueurs encore en lice n’avaient jusque-là remporté de titre en Grand Chelem. 

          Et celui qui profita pleinement de ce concours de circonstance ne fut autre que l’Autrichien Dominic Thiem. Tête de série numéro 2, il écarta sans trop de difficultés ses adversaires un par un avant de disputer une finale d’anthologie face à un Alexander Zverev imperturbable qui le repoussa dans ses derniers retranchements. 

          Inexistant en début de rencontre et rapidement mené deux sets à zéro, l’Autrichien se réveilla en cours de troisième set et combla progressivement son retard pour revenir à deux sets partout. Dans l’ultime manche, les deux joueurs, bien qu’éreintés physiquement, se rendaient coup pour coup et prirent chacun leur tour le service de l’autre mais aucun ne parvenait à conclure cette finale. Un ultime tie-break était inévitable.  

          Après plus de quatre heures de jeu et à l’issue d’une dernière manche des plus indécises, Dominic Thiem en venait à bout d’Alexander Zverev en remportant ce tie-break sur le score de 8-6, après deux balles de match manquées. À 27 ans, le joueur autrichien décrochait son premier titre du Grand Chelem au dépend de son grand ami Zverev, fondant en larme devant tant de frustration de ne pas avoir su concrétiser sa nette domination du début de rencontre. 

          Côté féminin, dans un tableau des plus ouverts suite aux nombreux forfaits des joueuses du Top 10, la Japonaise Naomi Osaka sut tirer son épingle du jeu pour remporter à 22 ans son troisième titre en Grand Chelem après s’être défait en finale de la Biélorusse Victoria Azarenka, revenue à son meilleur niveau après des années difficiles entachées par des problèmes familiaux à répétition.  

Un Tour de France made-in Slovénie

          Exceptionnellement reporté au mois de septembre, l’événement sportif annuel le plus suivi au monde faisait son grand retour sur un tracé des plus vallonnés, promesse d’une lutte intense entre favoris et d’un scénario qui s’annonçait d’ores et déjà haletant tant il était de prédire un vainqueur à quelques jours du grand départ à Nice. 

          Vainqueur l’an passé et légitimement favoris, le Colombien Egan Bernal sortait d’un critérium du Dauphiné raté qu’il abandonna au terme de la troisième étape. Primoz Roglič, impérial sur celui-ci mais chutant à quelques jours de la fin n’était pas encore certain de se présenter au départ, tandis que Thibaut Pinot, en grande forme en début de Critérium, avait éprouvé quelques difficultés dans l’ultime étape et laissait au passage la victoire finale lui échapper au profit du colombien Daniel Martinez. 

          Des doutes et des incertitudes sur ces trois grands favoris mais au final, tous signèrent la feuille d’engagement à Nice et se préparèrent avec leur forme du moment à se livrer une intense bataille en quête du graal. La surprise allait-elle venir d’ailleurs ? 

          Pas sûr. Même si dès la première étape Thibaut Pinot chuta lourdement et en garda de sévères séquelles tandis qu’Egan Bernal montrait d’inquiétants signes de faiblesse lors des toutes premières pentes de ce Tour, parmi les prétendants au titre, l’un semblait nettement se démarquer des autres : le Slovène Primoz Roglič. 

          Dans une forme étincelante malgré sa sévère chute sur le Critérium et solidement épaulé par une armada de coéquipiers tous plus talentueux les uns que les autres, le leader de la Jumbo Visma s’adjugea la quatrième étape à Orcières-Merlette avant de revêtir la tunique jaune en fin de première semaine, après deux étapes de montagne en plein cœur des Pyrénées et de ses cols tant redoutés. 

          Derrière, seul une poignée de coureurs parvenaient à suivre le rythme effréné imposé par la Jumbo Visma en montagne. Les favoris décrochèrent les uns après les autres et seul un jeune compatriote slovène semblait capable de semer le doute de la tête de Primoz Roglič : la sensation Tadej Pogačar. Distancé au classement général suite à un coup de bordure lors de la septième étape, ce rookie de la formation UAE Emirates Team parvenait progressivement à combler son retard en remportant notamment deux étapes de prestige à Laruns puis au Grand Colombier. Avec 57 secondes de retard au départ du chrono de La Planche des Belles Filles faisant office d’avant dernière étape, Pogačar, presque assuré de conserver sa place de dauphin, ne semblait pas en mesure de pouvoir inquiéter le leader Primoz Roglič tant ce dernier fut impérial le reste du Tour. 

          Oui mais voilà, le contre-la-montre est synonyme d’effort solitaire et en cas d’une quelconque défaillance, le maillot jaune ne pouvait compter sur ses équipiers de la Jumbo Visma, si précieux jusque-là. Démuni de son armada néerlandaise, Roglič craquait. Pogačar, lui, volait. 

          Au terme d’un contre-la-montre époustouflant, le jeune slovène, plus que jamais déchainé, refaisait son retard sur un Roglič méconnaissable et s’offrait même le privilège de remporter cette avant dernière étape avec plus d’1,20 minute d’avance sur le second du jour, le spécialiste du chrono Tom Dumoulin. La Jumbo Visma à terre après avoir outrageusement dominé, Tadej Pogačar s’emparait de la tunique jaune la veille de l’arrivée sur les Champs et allait remporter la plus prestigieuse des courses de cyclisme dès sa première participation, à 22 ans seulement. 

          Devenant ainsi le plus jeune vainqueur du Tour de France depuis la fin de la seconde Guerre Mondiale, il se paya également le luxe de remporter, fort logiquement, le classement du meilleur jeune, mais également le Grand Prix de la montagne. Une chose est d’ores et déjà certaine, vous n’aurez pas fini d’en entendre parler. 

Julian Alaphilippe champion du monde !

Le mois de septembre ne pouvait guère mieux se terminer. Après un Tour de France contrasté, auréolé tout de même d’une victoire d’étape et d’un maillot jaune porté durant trois jours, Julian Alaphilippe se présentait à Imola comme le plus grand espoir tricolore de ces championnats du monde mais ne pouvait faire figure d’hyper-favoris tant la concurrence s’annonçait rude. 

Pourtant, l’ascension finale située à douze kilomètres de l’arrivée semblait taillée pour un puncheur de sa trempe. D’une longueur de trois kilomètres pour un pourcentage moyen tutoyant les 10%, le Cima Gallisterna allait faire office de juge de paix et le natif de Saint-Amand-Montrond avait en amont de la course coché un tel scénario. Encore fallait-il concrétiser et se débarrasser de ces plus féroces concurrents que pouvait être Wout Van Aert, Marc Hirschi, Jakob Fuglsang ou encore Alejandro Valverde 

Ce fut chose faite et avec la manière ! Julian Alaphilippe, bien protégé par ses coéquipiers tricolores tout au long de la course, exécuta son plan à merveille en plaçant une attaque tranchante à 800 mètres du sommet de l’ultime ascension, dans les pourcentages les plus difficiles. Personne ne put suivre. Alaphilippe creusa un écart conséquent et bascula seul en tête au sommet de la difficulté, tandis qu’un groupe de contre composé de Fuglsang, Hirschi, Kwiatkowski, Roglic et Van Aert, se lança à la poursuite du puncheur tricolore. 

Un véritable mano à mano s’engagea dès lors entre Alaphilippe et le reste des favoris. L’avance n’était que d’une poignée de seconde, mais elle était suffisante et se stabilisait au fil des kilomètres. Derrière, la coopération était mauvaise. Aucun des favoris ne souhaitait se lancer pleinement dans la contre-attaque au risque d’être éreinté physiquement et de ne pas pouvoir jouer pleinement sa carte si sprint final il devait y avoir.   

Alaphilippe filait donc seul vers la victoire et rentrait sur le circuit d’Imola avec de précieuses secondes d’avance tandis que derrière, on s’était résigné à se jouer la deuxième place au sprint. Le sort était scellé. À 28 ans, il signa probablement la plus belle victoire de sa carrière et endossa, les yeux embués de larmes, le maillot arc-en-ciel de champion du monde qu’il conservera durant un an, vingt-trois ans après un certain Laurent Brochard, dernier français à avoir été sacré champion du monde.  

Pierre Gasly mettait fin à vingt-quatre ans de disette, Alaphilippe, à une série de vingt-trois championnats du monde sans le moindre vainqueur tricolore. En ce mois de septembre, la Marseillaise s’est invitée sur deux des plus prestigieux podiums, synonyme d’un sport français qui n’avait pas autant brillé depuis bien longtemps. De quoi remonter quelque peu le moral après une année 2020 difficile en tout point.   

Et aussi :

  • L’Equipe de France de football réussissait pleinement sa rentrée en décrochant une victoire 1-0 face à la Suède avant de s’imposer 4-2 à domicile face à la Croatie. De quoi rappeler de bons souvenirs.  
  • Mondo Duplantis réalisait le meilleur saut en plein air de l’histoire de la perche en franchissant une barre à 6,15 mètres, détrônant ainsi Sergueï Bubka et ses 6,14 mètres réalisés en plein air.   
  • Le team Toyota Gazoo Racing et leurs pilotes Sébastien Buemi, Brendon Hartley et Kazuki Nakajima remportaient la 88ème édition des 24 Heures du Mans. 

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