Le jour où une joueuse de tennis s’imposait après avoir été menée 6-0, 5-0, 40-0

Le jour où une joueuse de tennis s'imposait après avoir été mené 6-0, 5-0, 40-0

Au tennis, lors d’une rencontre en deux sets gagnants, être mené 6-0, 5-0, 40-0 signifie que l’on est à un point de la défaite la plus humiliante possible. À un point de se présenter au filet tout penaud et serrer la main de son adversaire sans avoir pu inscrire le moindre jeu. Dans le monde du tennis, on nomme cela une double bulle, ou double roue de vélo pour les plus férus de cyclisme. 

Barbie Bramblett, joueuse américaine, est passée tout près de ce scénario catastrophe. Au pied du mur en étant menée 6-0, 5-0, 40-0, elle réalisait finalement le plus grand renversement de situation qu’un match de tennis puisse offrir. Une heure après sa première balle de match à sauver, elle quittait le terrain avec le sourire aux lèvres. 

Barbie Bramblett impuissante et transparente

Pensionnaire de l’université de Houston, cette joueuse de tennis âgée de 18 ans faisait ses premiers pas dans la cour des grands. En 1983, un an après ses premières victoires sur le circuit professionnel, elle se présentait au tournoi de qualification de l’US Open dans l’espoir d’y décrocher un ticket d’entrée pour le tableau principal.

Le premier tour franchi, Barbie Bramblett allait pour son second match croiser le chemin d’Ann Hulbert. Joueuse universitaire comme elle, cette compatriote très talentueuse avait l’année précédente remporté l’Open junior du Canada. Pour l’étudiante de Houston, le défi s’annonçait de taille. L’espoir restait cependant permis, bien qu’il s’amenuisât à la suite d’une entame de match catastrophique. 

Barbie Bramblett était débordée de toute part. Impuissante face à son adversaire du jour, la jeune américaine perdait la première manche 6-0. L’entame du second set ne laissait guère entrevoir la moindre éclaircie. Incapable de construire son jeu et perturber l’inflexible sérénité d’Ann Hulbert, les points continuaient à défiler en sa défaveur. 

5-0 dans le dernier acte. La messe semblait prononcée. 15-0, 30-0 puis 40-0. Ann Hulbert obtenait trois occasions de conclure un match à sens unique qu’elle dominait depuis le premier jeu. Barbie Bramblett, à un point d’encaisser une double bulle que tout joueur redoute, avait tout tenté pour inverser la tendance. Au fond du gouffre, elle décidait comme ultime recours de changer diamétralement son style de jeu et mettre du lift dans ses balles. Une chose qu’elle ne faisait habituellement jamais. 

Et l’inimaginable se produisit…

Avec cet effet, les coups sortant de sa raquette prenaient une trajectoire bombée. Le rebond, plus haut qu’auparavant, perturbait l’impassible quiétude de son adversaire. Ann Hulbert manquait ses trois premières balles de match. Au terme d’une intense bataille, Barbie Bramblett remportait enfin son premier jeu. 6-0, 5-1. L’honneur était sauf, mais la route s’annonçait encore très longue. 

Point après point, la jeune américaine remontait son handicap. « C’était un miracle. Je n’arrivais pas à croire ce qu’il se passait » confiait-elle aux micros des médias américains, lorsqu’on lui demandait bien des années plus tard de raconter son exploit. Ses balles longues et hautes blanchissant avec réussite les lignes du terrain lui avaient redonné confiance. Mais Ann Hulbert n’avait pas dit son dernier mot. À chaque nouveau jeu elle se procurait des balles de match que Barbie Bramblett déjouait les unes après les autres. Le vent tournait. 

Menée 6-0, 5-0, 40-0 en moins d’une heure de jeu, la pensionnaire de l’université de Houston remportait la seconde manche sur le score de 7-5, après avoir sauvé dix-huit balles de match. Le dernier acte, plutôt équilibré, tournait également en sa faveur. Barbie Bramblett s’imposait 0-6, 7-5, 6-3 et ralliait le dernier tour des qualifications après avoir remonté le plus gros handicap possible. Du jamais vu. 

Barbie Bramblett, experte en retournement de situation

L’histoire aurait pu s’en arrêter là. L’exploit aurait pu rester unique, mais à la suite de cette performance, les retournements de situation étaient devenus sa marque de fabrique. 

Qualifiée pour le tableau final de l’US Open, cette expérience en Grand Chelem tournait à la correction. Menée 6-1, 4-2 face à sa compatriote Jean Hepner, Barbie Bramblett faisait une nouvelle fois preuve d’orgueil. Elle remportait le second acte 7-6, après un tie-break de plus d’une demi-heure. Dans l’ultime set, au terme d’un match marathon de près de quatre heures, la jeune américaine s’inclinait finalement sur le score de 6-3, après être passée tout près d’un second come-back monumental en l’espace de quelques jours. 

L’année suivante, la joueuse universitaire réitéra un exploit comparable à sa remontée historique. Menée 6-1, 5-0 lors des qualifications du tournoi de Nashville, Barbie Bramblett parvenait une nouvelle fois à trouver les ressources mentales pour inverser la tendance. Remportant les treize derniers jeux de la rencontre et sauvant un total de vingt balles de match, elle s’imposait 1-6, 7-5, 6-0. La reine des scénarios renversants, c’était bien elle !

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