La grande histoire des records automobiles de vitesse

La grande histoire des records automobiles de vitesse

Battre des records. Peu importe la discipline, l’Homme a de tout temps été obstiné par cette quête. Dans le secteur de l’automobile, une fois les premiers véhicules élaborés, des constructeurs, afin de sublimer leur savoir-faire et leur maitrise, se mirent en tête l’objectif de mettre sur roue le véhicule le plus rapide. Les premiers résultats sont de nos jours dérisoires certes, mais ils montraient déjà, dès la fin du XIXème siècle, toute cette compétitivité et cette course à la performance qui envoutaient tant certains constructeurs accompagnés de leurs pilotes et, qui continuent d’animer bon nombre d’ingénieurs de nos jours, en quête de records de vitesse toujours plus fous. Bienvenue dans cette fabuleuse histoire des records automobiles de vitesse. 

Des premiers records établis par des voitures électriques

Le monde de l’automobile n’étant encore pourtant qu’à ses balbutiements, il fut dès la toute fin du XIXème siècle décidé d’organiser les premières tentatives de record de vitesse terrestre. L’initiative lancée par le directeur du magazine « La France automobile » Paul Meyan, il donna pour la première fois rendez-vous aux compétiteurs le 18 décembre 1898, sur la ligne droite d’Achères, pour une épreuve de 2 kilomètres permettant de chronométrer le départ lancé mais aussi le départ arrêté. 

Le premier détenteur du record de vitesse automobile fut à l’issue de cette journée le Français Gaston de Chasseloup-Laubat, à bord de la Jeantand Duc. Un véhicule électrique qui atteignit dans la commune yvelinoise la vitesse moyenne de 63,15 km/h sur le kilomètre lancé. 

Puis, durant près de cinq mois, sur cette même ligne droite d’Achères, s’engagea une véritable course à la conquête de la barre mythique des 100 km/h entre Gaston de Chasseloup-Laubat, toujours à bord de ses Jeantand Duc, et le pilote belge Camille Jenatzy. Un fils de manufacturier spécialisé dans le caoutchouc, qui s’intéressa dès la fin de ses études à l’énergie électrique comme moyen de propulsion pour les véhicules automobiles. 

Le record passant successivement entre les mains de l’un puis de l’autre, c’est finalement le pilote belge qui eut le dernier mot grâce à sa Jamais-Contente. Un véhicule qu’il confectionna lui-même, très profilé et relativement léger lui permettant de franchir pour la première fois de l’histoire automobile, la barre des 100 km/h, le 29 avril 1899, avec un kilomètre lancé enregistré à 105,88 km/h. Un record historique, qui ne fut battu que trois ans plus tard par un certain Léon Serpollet, véritable partisan des moteurs à vapeur. 

Une courte domination du moteur à vapeur…

Frère cadet de l’inventeur du premier moteur à vaporisation instantané, Léon Serpollet souhaitait prouver l’efficacité et le plein potentiel de ce système de propulsion. Convaincu qu’il pouvait concurrencer le modèle électrique de Camille Jenatzy, il mit au point au début du XXème siècle « L’œuf de Pâques », un véhicule devant son nom à sa forme d’œuf mais également à la date à laquelle elle détrôna la Jamais-Contente : Le 13 avril 1902, jour de Pâques. Un dimanche ensoleillé sur la promenade des Anglais de Nice qui fut ce jour-là le théâtre d’un nouveau record de vitesse terrestre lorsque Serpollet, à bord de son Oeuf de Pâques, parcourut un kilomètre lancé à la vitesse moyenne de 120,80 km/h. 

… avant l’avènement des moteurs à explosion

L’électrique et l’énergie vapeur ayant désormais fait leur preuve en matière de performance, vint l’ère des moteurs à explosion dans cette longue histoire des records de vitesse terrestre. Bien que cette méthode de propulsion fut mise au point et perfectionnée dès la seconde moitié du XIXème siècle, elle ne fut représentée qu’en 1902 au palmarès des records de vitesse, par l’intermédiaire du constructeur automobile français Mors qui, grâce à leur pilote américain Willie K, réalisa le kilomètre lancé à la vitesse moyenne de 122,47 km/h en novembre 1902. 

Le premier record d’une longue série, montrant la domination sans partage des moteurs à explosion et ce jusque dans les années 1960. Six décennies durant lesquelles de nombreuses barres symboliques furent franchies, à commencer par les 200 km/h, atteints pour la première fois le 6 novembre 1909 par le français Victor Hémery à bord d’une Blitzen-Benz (Produit par Carl Benz, le fondateur de Mercedes-Benz) le 6 novembre 1909. 

Puis les 300km/h, franchis à Daytona Beach en 1927 par la Sunbeam 1000 hp et ses deux moteurs d’avion. Les 400 km/h cinq ans plus tard, atteints par la Blue Bird pilotée par le britannique Malcolm Campbell sur ce même circuit de Daytona. Les 500km/h en 1937, barre symbolique franchie pour la première fois par la Thunderbolt et ses 7 tonnes. Un poids considérable, pourtant aisément propulsé par ses deux V12 Rolls Royce R, des moteurs d’avions qui délivraient chacun une puissance de 2350 chevaux. 

Enfin, les moteurs à explosion permirent de franchir une nouvelle et dernière barre, celle des 600 km/h, vitesse atteinte en 1947 par la Railton Mobil Special. Un véhicule ultra-profilé, aux allures de soucoupe volante, qui avec son record de 633 km/h établi sur le lac salé de Bonneville aux États-Unis, marqua l’apothéose des moteurs à explosion en matière de record de vitesse terrestre. 

L’ère des turboréacteurs : De ses premiers essais…

Puis, voyant qu’il allait devenir difficile de battre de nouveaux records avec des moteurs à explosion atteignant peu à peu leur paroxysme en matière de performance pure, les constructeurs automobiles se tournèrent progressivement vers de nouvelles technologies avec un objectif simple et unique : Atteindre des vitesses toujours plus élevées. 

Ils en avaient pleinement conscience, contrairement à l’ère des moteurs à explosion, leurs nouvelles recherches en matière de propulsion n’allaient pas faire avancer le monde de l’automobile. Cette fois, les moteurs produits ne pouvaient plus être déclinés sous des formes moins puissantes et se retrouver sous le capot de la voiture de Monsieur tout le monde. Dans cette chasse au record et au prestige, les limites devenaient inexistantes pour des ingénieurs qui n’avaient alors qu’un seul mot d’ordre : Confectionner le moteur le plus puissant possible et trouver au niveau du châssis le délicat équilibre entre performance et résistance. 

Dans les années 1950, des constructeurs automobiles se penchèrent alors sur un nouvel engin de propulsion : la turbine, organe principal du turboréacteur. Renault en fut l’un des premiers. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale et suite au développement des premiers moteurs à turbine dans le monde de l’aéronautique, la marque française s’associa avec Joseph Szydlowski, patron de Turbomeca, pour mettre au point un véhicule propulsé par une turbine et capable de décrocher des records de vitesse. Après quelques années de recherche et de développement, le projet fut présenté au grand public en 1956. L’Étoile Filante de son nom. Une voiture petite et légère (moins d’une tonne), aux lignes futuristes et équipé d’une turbine surpuissante générant 270 chevaux. Envoyée cette même année sur le lac salé de Bonneville afin d’y exploiter son plein potentiel, l’Étoile Filante atteignit les 309 km/h de moyenne sur le 5 km. Un record pour un véhicule terrestre équipé d’un moteur à turbine. Le record absolu des 633 km/h toujours détenu par la Railton Mobil Special était encore bien loin, mais cet essai prometteur laissait d’ores et déjà entrevoir un grand avenir pour le turboréacteur dans cette course à la vitesse. 

… à ses premiers records

Et les nouveaux records ne tardèrent pas à tomber. Équipé d’un J47, moteur à turboréacteur que l’on retrouvait sur certain Boeing de l’US Air Force, le Spirit of America, piloté par Craig Breedlove, devint en 1963 le premier véhicule à turboréacteur à dépasser cette marque absolue des 633 km/h qui avait tenue dix-sept années. Malgré une vitesse moyenne de 657 km/h sur un kilomètre, ce record ne fut pas homologué par la FIA, du fait que Spirit of America ne possédait que trois roues et non quatre comme il était requis. Qu’importe, un an plus tard, Wingfoot Express, mit définitivement le turboréacteur au sommet de la hiérarchie grâce à une nouvelle marque référence cette fois-ci homologué : 668 km/h. 

Le début d’une véritable envolée du record de vitesse terrestre. En l’espace d’un an, les turboréacteurs toujours plus volumineux et puissants firent entrer cette course à la performance dans une nouvelle ère. De ces 668 km/h réalisés en octobre 1964, on passa à 966 km/h en l’espace d’un an, vitesse atteinte en novembre 1965 par le Spirit Of America – Sonic 1

En 1970, la Blue Flame entrait définitivement dans l’histoire en devenant le premier véhicule terrestre à atteindre la barre mythique des 1000 km/h et mit, le temps de quelques années, un terme à cette domination des turboréacteurs en proposant un moteur à réaction propulsé par un mélange de peroxyde d’hydrogène et de gaz naturel, similaire à ceux dont sont équipées les fusées. Parcourant le kilomètre à la vitesse moyenne de 1016 km/h grâce à ce moteur surpuissant, ne pouvant être poussé à son maximum que durant 1 miles, la Blue Flame conserva le record absolu de vitesse terrestre durant treize années, avant que le projet britannique Thrust ne mettent jusqu’à ce jour un terme à cet épilogue du record de vitesse. 

Oui, s’emparant du record de vitesse en 1983 pour quelques km/h seulement grâce à leur Thrust2piloté par Richard Noble (marquant au passage le retour du moteur à réaction au sommet de la hiérarchie), quatorze ans plus tard, ce même pilote-ingénieur et son équipe souhaitèrent s’atteler à l’une des toutes dernières barrières que les véhicules terrestres n’avaient pas encore franchis : Le mur du son. 

Le mur du son, dernier pallier atteignable par les véhicules terrestres ?

L’objectif : Atteindre la vitesse de 1 224 km/h, équivalente à celle du son dans l’air, et devenir le premier engin roulant Supersonique. Après plusieurs années de recherche, l’équipe anglaise menée par Richard Noble mit au point le Thrust SSC. Un engin de 16 mètres de long pour un peu plus de 10 tonnes, propulsé par deux turboréacteurs fournissant une puissance totale de 106 000 chevaux. Jamais un véhicule terrestre n’avait affiché une telle puissance. Se rendant dans le désert de Black Rock du Nevada en septembre 1997, le Thrust SSC atteignit les 1 149 km/h lors de sa première tentative. Le record de vitesse terrestre était dépassé, mais la performance n’était pas encore suffisante pour franchir le mur du son. 

Renouvelant leur tentative vingt jours plus tard dans ce même désert, le pilote de chasse britannique Andy Green, aux commandes du Thrust SSC, devint le premier homme à atteindre une vitesse supersonique à bord d’un véhicule terrestre. 1 227 km/h de moyenne sur le mile. L’engin développé par Richard Noble venait d’entrer à tout jamais dans l’histoire pour 3 km/h seulement, le 15 octobre 1997, 50 ans et 1 jour après que le mur du son soit pour la première fois franchi par un avion de chasse. 

Vingt-quatre ans après, cette performance constitue encore le record de la plus grande vitesse atteinte par un véhicule sur terre. Mais pour combien de temps. Il y désormais 10 ans, le projet Bloodhound LSR germait dans l’esprit de ce même Richard Noble, toujours accompagné de son équipe et du pilote de chasse Andy Green. L’objectif ? Confectionner le premier véhicule capable d’atteindre la vitesse de 1000 miles par heure, soit 1609 km/h. Mais faute de moyens financiers conséquents, la société se cachant derrière ce projet fut mise en redressement en octobre 2018. Une nouvelle équipe ayant repris cet ambitieux projet, la tentative de record de vitesse fut un temps programmé à 2021. Les premiers essais semblaient concluants. Dès 2019, le Bloodhound LSR, équipé d’un turboréacteur d’avion de chasse développant 135 000 chevaux, atteignit la barre des 1000 km/h sur une piste spécialement aménagée en Afrique du Sud. Le projet semblait alors être sur de bons rails jusqu’à ce qu’un nouveau rebondissement éclata en janvier 2021 : Bloodhound LSR était de nouveau à vendre. Des améliorations sont encore à apporter afin de mener à bien ce projet et le coût total reste estimé à 8 millions d’euros. Concernant cette barrière des 1 000 miles par heure que le Bloodhound était censé franchir, elle fut quelque peu revue à la baisse. Les ingénieurs travaillant autour de ce véhicule terrestre se contenteront de 800 mph, soit 1 287 km/h. Suffisant pour recevoir le titre de véhicule terrestre le plus rapide de l’histoire de l’automobile. Affaire à suivre… 

Pour en savoir plus :

https://www.fia.com/fr/records-du-monde-de-vitesse-terrestre-de-la-fia

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *