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Aujourd’hui, il s’agit d’une tradition que l’on aurait presque tendance à ignorer tellement elle semble évidente et banalisée. Mais quelques décennies auparavant, les joueurs entraient seuls sur le terrain de football, parfois en se tenant la main entre eux. Alors, depuis quand sont-ils accompagnés d’enfants au moment de fouler la pelouse ?
Un phénomène relativement récent
Ceux que l’on surnomme les escort kids ou mascot children dans la langue de Shakespeare sont progressivement apparus durant les années 1990 dans les divers championnats européens. En Allemagne, le Werder Brême était, en 1994, le premier club à faire défiler des enfants aux côtés des joueurs lors de leur entrée sur le terrain. Du côté de l’Angleterre, cette tradition remonte au moins à 1996, année durant laquelle un certain Wayne Rooney, âgé de onze ans, foulait la pelouse d’Anfield avec le maillot d’Everton sur le dos, à l’occasion du derby de la Mersey face à Liverpool. Les premières années, ces escort kids étaient généralement au nombre de deux sur le terrain, chacun défilant devant l’une des deux équipes.
Puis, la FIFA s’est emparée de cette coutume naissante et intégra une ribambelle d’enfants lors de l’entrée des joueurs, durant les compétitions internationales qu’elle organise. L’Euro 2000 était la première. Chaque joueur sortait du tunnel en tenant la main d’un enfant portant le maillot de l’équipe adverse.
La présence des escort kids devenait dès lors l’occasion pour le football de montrer son engagement dans la lutte pour les droits des enfants. Avant la Coupe du monde 2002, la FIFA et l’UNICEF s’associèrent à travers la campagne « Say Yes For Children ». Aux côtés des joueurs, la jeunesse défilait avec un maillot portant le logo de l’UNICEF et le nom de cette campagne, visant à améliorer et protéger la vie des enfants du monde entier.
Depuis McDonald’s, s’est emparé de cette tradition en devenant en 2002 le sponsor officiel des escort kids durant les compétitions internationales organisées par la FIFA. En charge de réaliser le processus de sélection, ils envoyèrent au Brésil, à l’occasion de la Coupe du monde 2014, quelque 1 408 enfants venus du monde entier, défilant avec une tenue aux couleurs de l’enseigne de fast-food américaine. Un partenariat ayant semble-t-il pris fin lors du dernier mondial organisé au Qatar, les enfants entrant sur la pelouse avec un ensemble bleu signé Adidas, l’un des partenaires de la FIFA.
À l’échelle des championnats nationaux, les escort kids que l’on voit également défiler aux côtés des joueurs de Ligue 1 ou de Premier League sont généralement sélectionnés par les clubs. Parfois au travers de jeux concours organisés par des marques partenaires, ou en offrant ce privilège à des jeunes joueurs de football évoluant dans des petits clubs régionaux. À l’occasion de cette saison 2023-2024, le RC Strasbourg confie par exemple le recrutement des escort kids à une enseigne McDonald’s associée au club. L’inscription se fait en ligne en quelques clics et les enfants sont ensuite sélectionnés à l’issue d’un tirage au sort.
Pourquoi la tradition des escortes kids s’est-elle perpétuée ?
Plusieurs raisons justifient la présence d’enfants aux côtés des joueurs. En premier lieu, il s’agit simplement de rendre le monde du football plus humain. De montrer l’accessibilité d’un milieu perçu comme très fermé, en offrant aux plus jeunes l’opportunité de côtoyer leurs idoles et leur faire vivre une expérience inoubliable. Les enfants apprécient, tout comme les clubs et les fédérations qui, par ce geste, lient le monde du football à des valeurs d’insouciance et de bienveillance.
La seconde raison évoquée serait de l’ordre de la sécurité. Face au mauvais comportement de certains spectateurs, la présence d’enfants aux côtés des joueurs permettrait de protéger les joueurs, en dissuadant les supporters les plus véhéments de jeter des projectiles sur les joueurs lors de leur entrée sur le terrain.
Et puis, pour certains clubs, il y a tristement une justification monétaire. Si devenir escort kids en Ligue 1 est une opportunité totalement gratuite, du côté de la Premier League, certains clubs font payer ce privilège. Nottingham Forest fait figure de mauvais élève, réclamant plus de 800 € aux parents pour que leur enfant foule la pelouse aux côtés des joueurs. Face aux droits TV colossaux qu’ils perçoivent, Nottingham Forest et les autres ont-ils véritablement besoin de cet argent ?