Une crampe est une contraction soudaine, brutale et involontaire du muscle entrainant une forte douleur. Si elles peuvent sembler durer une éternité, ces dernières disparaissent généralement au bout de quelques minutes voir quelques secondes pour les plus passagères, un étirement du muscle concerné étant l’un des remèdes les plus efficaces. Mais d’un point de vue physiologique, quel mécanisme est à l’origine de l’apparition des crampes ?
La crampe : Un terme, plusieurs catégories
Notons dans un premier temps qu’il existe différents types de crampes que l’on peut classer en deux catégories distinctes.
En premier lieu, les crampes dites essentielles ou idiopathiques. Elles regroupent l’ensemble des crampes bénignes apparaissant de façon inopinée chez le sportif pendant ou après un effort intense, mais également les crampes nocturnes relativement courantes chez des sujets âgés ou des femmes enceintes. Sans gravité bien que douloureuses, leur durée n’est généralement pas très longue et disparaissent d’elles-mêmes au bout de quelques minutes, l’étirement du muscle en question étant une solution efficace pour atténuer sa douleur au plus vite.
En second lieu, les crampes secondaires. Si le ressenti est le même, elles se distinguent de la première catégorie dans le sens où ces crampes sont dues à une pathologie ou un dérèglement de l’organisme. Des maladies rénales chroniques, des maladies endocriniennes tel l’hypothyroïdie ou le diabète mais encore l’alcoolisme, la cirrhose ou des maladies neurologiques dégénératives peuvent alors entrainer la venue de ces crampes.
Dans notre cas, nous nous pencherons uniquement sur l’origine des crampes dont les sportifs en sont le plus souvent victimes, à savoir les crampes liées à l’activité physique. Et comme vous allez le découvrir, la genèse de ces dernières reste encore relativement mal connue.
La déshydratation, un mythe ?
D’après l’une des hypothèses les plus anciennes, la crampe liée à un effort physique interviendrait à la suite d’un déséquilibre en eau et en sels minéraux au sein des cellules musculaires. La perturbation de cet équilibre ionique favoriserait alors l’excitation des neurones moteurs tandis que les fibres musculaires, par manque d’eau, ne peuvent plus se relâcher convenablement et subiraient davantage les décharges envoyées par les neurones moteurs surexcités.
Ainsi, on estimait qu’une mauvaise hydratation et un faible apport en sels minéraux pendant un effort était la principale cause des crampes. C’est en réalité faux. Bien que cet assèchement puisse occasionner dans de rares cas leur apparition, dans le cadre d’une activité physique, les crampes seraient en réalité liées à une fatigue neuromusculaire. Mais alors, pourquoi cette théorie de la déshydratation reste-t-elle ancrée dans l’imaginaire collectif ?
Cette hypothèse faisait suite à une observation menée auprès des mineurs se plaignant de crampes. Travaillant au fond des mines dans une atmosphère chaude et humide, on associa à la hâte le processus de transpiration et leur perte d’eau et de sels minéraux comme le facteur de leurs crampes.
Mais des études ont depuis été menées, relevant qu’il n’existe aucun lien entre les crampes et la diminution de la concentration ionique. Il fut d’ailleurs prouvé que les sportifs en déshydratation n’étaient pas davantage sujets aux crampes qu’un autre athlète quelconque. Lors d’un effort, il reste toutefois recommandé de bien s’hydrater et d’avoir des apports en électrolytes suffisants, non pas pour diminuer le risque de crampes mais simplement pour compenser les pertes en minéraux engendrées par la transpiration.
L’hypothèse du dysfonctionnement neurologique lié à une fatigue musculaire
Les crampes survenant dans le cadre d’une activité physique seraient, d’après une théorie plus récente mise au point par Scott Garrison, liées à un dysfonctionnement neuromusculaire dont la fatigue en serait responsable.
Au cours d’un effort prolongé ou trop intense, le principe de contraction musculaire se trouve comme déréglé. En temps normal, les décharges envoyées par les motoneurones alpha, innervant les fibres musculaires et permettant ainsi la contraction du muscle, sont contrôlées par l’organe tendineux de Golgi. Une structure nerveuse présente au niveau de la fixation des muscles sur les tendons, ayant pour rôle de limiter et contrôler la contraction musculaire commandée par les motoneurones pour éviter qu’elle ne soit trop forte.
Avec l’accumulation de la fatigue, l’action des motoneurones a tendance à s’intensifier tandis que l’organe de Golgi, lui, n’est plus capable de jouer son rôle de tampon. Les contractions musculaires commandées par le système neuromusculaire sont ainsi de plus en plus importantes, le contrôle opéré par l’organe de Golgi est moindre et, inévitablement, par la répétition de ces contractions trop violentes, le muscle entre dans une phase de surexcitation qui au bout d’un certain seuil provoque l’apparition d’une crampe.
Lorsqu’elle arrive, l’une des premières choses à faire est alors d’étirer le muscle concerné, simplement parce qu’une telle opération permet de restaurer en partie les facultés protectrices de l’organe de Golgi.
Voilà, vous en savez désormais un peu plus sur le mécanisme des crampes musculaires qui dans le cadre d’une activité physique nous font tant souffrir. Maintenant, si votre objectif est de les soulager le plus rapidement possible et éviter que ces dernières ne reviennent à chaque entrainement, sachez qu’il existe déjà bon nombre d’articles traitant de ce sujet. En voici d’ailleurs un petit condensé.
Conseils et astuces pour éviter et soulager les crampes :
https://conseilsport.decathlon.fr/comprendre-et-prevenir-les-crampes-musculaires
https://www.docmorris.fr/conseils-de-pharmacien/article/que-faire-contre-les-crampes