Quelles sont les conditions climatiques optimales pour courir ?

Quelles sont les conditions climatiques optimales pour courir ?

Temps frais, couvert, ensoleillé ou encore pluvieux, chaque coureur possède ses propres préférences. Certains apprécieront le froid de l’hiver et un léger voile nuageux pour s’entrainer, tandis que d’autres attendront les premiers rayons de soleil printaniers pour enfiler ses chaussures et reprendre les footings. Mais outre les goûts de chacun, existe-t-il des conditions climatiques optimales pour courir ? Une température, un taux d’humidité ou encore une pression atmosphérique idéale, nous permettant de réaliser les meilleures performances en compétition ? La science s’est penchée sur la question et de nombreuses études en sont ressorties. 

L’une des plus complètes qu’il soit a été menée et publiée par l’INSEP en 2012. Réalisée par un corps de scientifiques provenant de l’IRMES, de l’INSEP, de l’INSERM et de plusieurs universités parisiennes, cette étude cherchait à mettre en relation les résultats sportifs de six marathons majeurs (Berlin, Boston, Chicago, Londres, New York et Paris) vis-à-vis des conditions climatiques rencontrées durant la course. Pour se faire, les chercheurs ont relevé l’ensemble des performances établies sur ces marathons durant une période allant de 2001 à 2010. Ainsi, un total de 1 791 972 performances ont été corrélées à cinq facteurs météorologiques que sont la température de l’air, le taux d’humidité, le point de rosée (température à laquelle la vapeur d’eau présente dans l’air passe à l’état liquide), la pression atmosphérique et la pollution de l’air. 

Étudier autant de résultats est un réel avantage. Il a permis de déterminer l’influence de chacun des cinq facteurs environnementaux selon le niveau de performance de chacun, allant des meilleurs coureurs élites aux amateurs classés parmi les dernières positions. 

Une fois les corrélations faites, l’étude a révélé que la température de l’air était le paramètre environnemental le plus déterminant sur les performances sportives. Sur l’ensemble des données, les niveaux de performance les plus élevés des élites comme des coureurs amateurs ont tous été atteints sur une plage de température allant de 3,8°C à 9,9°C. Les meilleures performances étaient réalisées lorsque la température du marathon était proche des 3,8°C côté masculin, contrairement aux athlètes féminies qui ont réalisé de meilleurs résultats lorsque le thermomètre flirtait avec les 9,9°C. 

Que ce soit chez les hommes comme chez les femmes, plus la température s’éloignait de cette fourchette optimale, plus la vitesse de course diminuait et ce, de manière exponentielle dans les conditions les plus extrêmes. Sans surprise, le taux d’abandon était lui aussi plus conséquent sous des conditions atmosphériques chaudes, avec un réel risque pour la santé dès que le baromètre indique des températures bien supérieures à la normale. D’après l’American College of Sports Medicine, la limite acceptable pour courir un marathon serait de 28°C, à condition d’être suffisamment acclimaté à la chaleur.

Derrière la température, l’humidité est le second facteur le plus déterminant sur la performance sportive. Un taux trop élevé a engendré une légère baisse de la vitesse de course, mais son impact reste bien moindre que la chaleur. Le point de rosée, pouvant avoir un effet sur l’évacuation de la transpiration, ainsi que la pression de l’air n’ont eu quant à eux aucune influence significative sur les performances. 

Enfin, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’a pas été démontré au travers de cette étude que le taux de pollution de l’air avait un impact réel sur la performance sportive. Parmi les divers polluants atmosphériques étudiés, seule la concentration élevée d’ozone et de NO2 aurait possiblement affecté les performances des meilleurs coureurs élites… et encore. L’étude précise que leur présence dans l’air augmente sous des températures élevées. Cette légère diminution des performances observée pourrait donc être davantage liée à la chaleur qu’à l’impact direct de ces polluants sur l’organisme. D’autant plus que les marathons sont généralement courus tôt le dimanche matin, lorsque les transports en commun et l’activité humaine restent relativement faibles. 

En conclusion, un temps frais, sec et couvert semble être le scénario météorologique idéal pour réaliser les meilleures performances sportives. Lorsque l’on court entre 3,8°C et 9,9°C, notre vitesse de course n’est pas impactée par la chaleur. Les hommes semblent davantage à l’aise dans la fourchette basse de cette plage de température, tandis que les athlètes féminines ont établi leurs meilleures performances quand le thermomètre tournait autour des neuf degrés. En ce qui concerne les autres facteurs climatiques, mis à part un léger impact d’un taux d’humidité trop élevé (impact exacerbé sous de fortes chaleurs), ils restent trop peu influents sur la performance sportive pour que l’on puisse s’en soucier. 

Pourquoi la chaleur est-elle si déterminante pour la performance ?

Cette baisse des performances observée sous des températures trop élevées est liée au processus de thermorégulation de notre organisme. Ce mécanisme vital induit par l’hypothalamus a vocation à réguler notre température corporelle pour que cette dernière reste la plus proche de la normale possible, soit autour des 37°C. 

Tout comme l’action de courir, la thermorégulation implique un coup énergétique. Lorsque les conditions météorologiques sont fraiches, l’écart de température entre le corps et l’air environnant est élevé. Ainsi, bien que la course à pied entraine une augmentation de notre température corporelle, l’organisme pourra aisément se thermoréguler grâce à l’air frais qui l’entoure. La dépense énergétique engendrée par ce mécanisme sera minimale et tous les efforts pourront être concentrés sur l’action de courir.

En revanche, plus l’écart de température entre le corps et l’air environnant se réduit, plus la thermorégulation deviendra difficile et nécessitera une dépense énergétique élevée, ne pouvant être utilisée par les muscles dans le cadre de la course à pied. Sous de fortes chaleurs, ce mécanisme de thermorégulation, à la recherche de glycogène pour un fonctionnement optimal, engendre une augmentation de la circulation sanguine et donc de la fréquence cardiaque. Pour un même effort, il n’est ainsi pas rare d’observer dix battements par minute supplémentaires lorsque l’on court par temps chaud. Le signe que notre organisme est en surchauffe et cherche à diminuer sa température corporelle, un processus énergivore entrainant une diminution des performances. 

Pour en savoir plus :

https://hal-insep.archives-ouvertes.fr/hal-01993038/document

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