Également utilisé dans d’autres disciplines tel le football ou le cricket, le Hawk-Eye est un outil technologique devenu un élément essentiel du tennis, permettant aux joueurs de contester les décisions des juges de ligne s’ils estiment qu’une balle annoncée faute est bien restée à l’intérieur des limites du terrain ou inversement. Voici comme ce système fonctionne.
L’histoire du Hawk-Eye
Le Hawk-Eye est né d’un sentiment d’injustice vécu par le Dr Paul Hawkins à la fin des années 1990. En pleine rédaction d’une thèse sur l’intelligence artificielle, ce Britannique eut la désagréable sensation, au cours d’un match de cricket, d’avoir été victime d’une erreur d’arbitrage. Frustré, il décidait d’entreprendre des recherches afin de mettre au point un système informatique capable d’être plus fiable que la vision humaine pour analyser les trajectoires des balles et leur éventuelle sortie des limites du terrain.
Après deux ans de développement financé par une compagnie de télévision britannique, ce système qu’il baptisa Hawk-Eye (référence à son nom de famille ainsi qu’à la vue perçante dont jouissent les faucons) était pour la première fois utilisé en 2001, comme outil d’analyse mis au service d’une chaîne britannique à l’occasion d’une retransmission télévisuelle d’un match de cricket.
Cinq années plus tard, le Hawk-Eye faisait son apparition au tennis. Le Masters de Miami de 2006 était le premier à se servir de cette technologie afin d’épauler les arbitres et juges de ligne. Le 28 août à l’US Open, Mardy Fish devenait le premier joueur de tennis à demander le Hawk-Eye pour contester une décision arbitrale. Un recours infructueux, le système informatique donnant raison au juge de ligne.
Depuis, le Hawk-Eye a conquis les principaux tournois de tennis du calendrier ATP et WTA. Son coût onéreux (70 000 € à 80 000 € la semaine) ne permet cependant pas de le déployer partout, les organisateurs préférant réserver l’utilisation du Hawk-Eye aux courts principaux aux dépens des petits courts annexes. Autre exception, Roland Garros est à l’heure actuelle l’unique tournoi du Grand Chelem à ne pas utiliser le Hawk-Eye en contestation des décisions arbitrales. Bien que ce système soit présent sur les principaux courts de la Porte d’Auteuil, il est uniquement destiné aux chaînes de télévision qui peuvent agrémenter leurs retransmissions télévisuelles avec les images fournies par cette technologie.
Principe et fonctionnement du Hawk-Eye
Le Hawk-Eye est un système informatique relié à une dizaine de caméras à haute fréquence (capable d’enregistrer 1 000 images par seconde) placées sur des estrades autour du terrain. Pointant en direction des lignes du court, les angles de vue pris par ces caméras se chevauchent, permettant un quadrillage total du terrain.
Une fois les images captées par ces dernières et immédiatement envoyées au poste de contrôle, le logiciel analyse la position de chaque pixel correspondant à la balle par rapport au terrain modélisé, lui aussi, en pixel. Ainsi, en se basant sur les images enregistrées par au moins deux caméras afin de minimiser la marge d’erreur, ce système est capable d’identifier avec précision la position de la balle sur chaque image. Une analyse effectuée en une dizaine de secondes seulement, dont il en ressort une animation visuelle reproduisant en trois dimensions la trajectoire de la balle. À la fois rapide et très précis, ce système possède une marge d’erreur n’excédant pas les trois à quatre millimètres.
L’utilisation du Hawk-Eye en match
Hormis à Roland Garros, le Hawk-Eye est un outil mis à disposition des joueurs pour contester les décisions arbitrales. Lorsqu’un joueur n’est pas d’accord avec l’avis d’un juge de ligne, qu’il estime qu’une balle annoncée bonne est en dehors des limites du terrain ou inversement, il lui suffit alors de lever sa main et annoncer « Challenge » pour demander la vérification du point grâce au Hawk-Eye.
L’arbitre de chaise informe à voix haute que l’un des deux joueurs fait appel à l’arbitrage vidéo, puis une reconstitution en 3D de la trajectoire de la balle est diffusée sur les écrans géants du terrain. Elle est suivie de la mention « IN » ou « OUT », selon l’impact de la balle, s’il est à l’intérieur ou en dehors des limites du terrain.
Tant que le Hawk-Eye donne raison au joueur, ce dernier est en mesure de l’utiliser autant de fois qu’il le souhaite durant la partie. En revanche, si son jugement s’est avéré être mauvais, il perd l’un des trois challenges dont il dispose par set (un challenge supplémentaire est ajouté lors du tie-break). Ainsi, s’il venait à se tromper dans sa contestation à trois reprises lors d’une même manche, un joueur ne serait plus en mesure de demander le Hawk-Eye jusqu’au début du nouveau set.