Crédit : CC BY-SA 2.0 by Benh Lieu Song
Le début de l’édition 2024 du tournoi de Roland Garros est imminente. Pour l’occasion, découvrez cinq anecdotes qui ont marqué l’histoire du tournoi parisien.
Les exigences de la Duchesse de Kent
Katharine Worsley, Duchesse de Kent, était jadis prédisposée à remettre le trophée à la lauréate du tournoi de Wimbledon. L’épouse du prince Edward ne manquait aucune édition du Grand Chelem londonien. En revanche, elle boudait le tournoi parisien.
Son unique venue aux internationaux de France de tennis eut lieu en 1984 et donna quelques sueurs froides aux organisateurs. Parmi les exigences qu’elle réclamait à chacun de ses déplacements, Katharine Worsley exigeait qu’on lui mette à disposition des toilettes privées, dont la lunette devait être recouverte d’un tissu brodé. « On ne trouvait personne pour fabriquer un truc pareil », raconte Gilles Jourdan, l’un des directeurs du tournoi, au travers du Dico Illustré de Roland-Garros.
La veille de sa venue, Gilles Jourdan parvenait à convaincre une amie couturière de sa femme de confectionner ce tissu brodé. Aussitôt terminé, il était délicatement placé sur la lunette des toilettes privées, prêt à accueillir, en douceur, le royal postérieur de la Duchesse de Kent. D’après les témoignages, Katharine Worsley ne serait pas allée aux toilettes de la journée…
Le casier n°19 porté disparu
Si vous avez un jour la chance de pénétrer dans les vestiaires féminins du stade Roland-Garros, quelque chose retiendra peut-être votre attention. Entre les casiers n°18 et n°20, la porte du casier n°19 a disparu, remplacée par le n°18 bis.
Cette porte, Steffi Graf l’a emportée dans ses bagages à l’occasion de son dernier Roland-Garros. La joueuse allemande, sextuple lauréate du tournoi parisien, utilisait ce même casier à chacune de ses venues dans la capitale. En hommage à sa grande carrière, les organisateurs décidaient de lui offrir la porte de son casier fétiche, sur laquelle ils gravaient les années de ses six victoires. Comme un maillot retiré en NBA, le casier n°19 ne peut plus être utilisé, remplacé par le n°18 bis.
Une faute d’orthographe sur le trophée
La coupe remise aux lauréates du tournoi féminin de double comporte une erreur. Nommée en l’honneur de l’illustre championne de tennis Simonne Mathieu, son prénom y a été mal orthographié et ne fut jamais corrigé. Sur la plaque située sur le socle du trophée, Simonne Mathieu a perdu un « n ».
Fort heureusement, la direction du tournoi n’a pas commis la même erreur deux fois de suite. Le court inauguré en 2019 en plein cœur du jardin des serres fut baptisé Simonne-Mathieu, sans la moindre faute d’orthographe.
Quand un journaliste s’est improvisé arbitre de chaise
Lundi 25 mai 1970, jour d’ouverture des Internationaux de France de tennis. Comme chaque année, c’est le grand rush. De nombreux matchs sont à jouer et tous doivent rapidement s’enchaîner pour ne pas prendre du retard dans la programmation. Mais à la mi-journée, un premier couac menaçait déjà cette organisation millimétrée. Jacques Dorfmann, juge-arbitre du tournoi, devait lancer une rencontre sur un petit court annexe. Problème, aucun arbitre de chaise n’était disponible. Certains arbitraient un match quand les autres étaient partis en pause-déjeuner.
Embarrassé, Jacques Dorfmann croisait dans les travées un jeune journaliste qu’il connaissait très bien. Alain Deflassieux. Sans solution, il lui proposait de troquer sa plume et son carnet de note contre un feuille des scores et un jeu de balle. Anxieux mais soucieux d’aider son ami, Alain Deflassieux acceptait. Sans la moindre connaissance, il s’improvisait arbitre le temps de cette rencontre opposant le Tchèque Stefan Koudelka à l’Américain Danny O’Bryant.
Le match tournait à la correction. Stefan Koudelka s’imposait 6-1, 6-1, 6-2 et mettait fin au supplice d’Alain Deflassieux, après une heure et quelques minutes de jeu.
Le chat noir d’Ilie Nastase
On le sait, Ilie Nastase aimait bien amuser la galerie et divertir les spectateurs qui le lui rendaient bien. Parmi ses diverses œuvres, le coup du chat noir reste l’une des farces les plus légendaires de sa carrière.
En ce Roland-Garros 1977, Ilie Nastase participait au tournoi de double en compagnie du Sud-Africain Bob Hewitt. Les deux coéquipiers n’étaient pas favoris mais parvenaient à rallier les quarts de finale. Le duo italien Bertolucci-Panatta les séparaient du dernier carré. Une paire que le joueur roumain comptait éliminer en faisant preuve d’un peu de malice.
Ilie Nastase savait que Bertolucci et Panatta étaient très superstitieux. Deux mois plus tôt, à la sortie d’un restaurant monégasque, il avait surpris les deux italiens en train de bondir à la vue d’un chat noir. Ni une, ni deux, Nastase demandait à l’un de ses amis, employé au stade Roland-Garros, de lui trouver un chat noir au plus vite, lui promettant une récompense de 500 francs. Le félin dégoté, il le cachait dans son sac et entrait sur le court avec.
Dès la fin du premier point, Ilie Nastase fit mine de changer de raquette et se dirigea vers son sac. Il l’ouvrit et libérait le chat noir qui, apeuré, s’enfuyait en direction des deux joueurs italiens. Bertolucci et Panatta perdaient leurs nerfs, proféraient deux, trois insultes et s’inclinèrent lourdement, battus 6-0, 6-1. Quant à Nastase, cette farce de mauvais goût le priva de Court Central durant quelque temps.