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Positionnés aux quatre coins du court et au niveau du filet, les ramasseurs assurent. Grâce à des transmissions de balle rapides entre eux et des gestes millimétrés, ces petits as de la coordination évitent les temps morts entre chaque point en ramassant puis proposant des balles aux joueurs. En parallèle, ils garantissent le confort des tennismen en leur apportant serviette, bouteille d’eau et nouvelle raquette, ainsi qu’en tenant le parasol lorsque le soleil pointe le bout de son nez. Sans se collectif de l’ombre, la vie des joueurs serait bien plus difficile sur un terrain. Mais savez-vous depuis quand ces ramasseurs foulent les plus prestigieux courts de tennis ?
Wimbledon, un service de ramasse de balles vieux d’au moins un siècle
Plus ancien tournoi de l’histoire du tennis, les premières éditions de l’actuel Grand Chelem londonien n’étaient pas doté d’un service spécialement dédié au ramassage des balles. Ainsi, du premier Wimbledon disputé en 1877 jusqu’au début du XXème siècle, il est fort probable que cette tâche était à ses débuts réalisée par les joueurs eux-mêmes, avant d’être effectuée par les employés du All England Lawn Tennis and Croquet Club, certainement ceux ayant la charge de l’entretien des courts.
Sur les terrains en herbe du tournoi de Wimbledon, les premiers enfants recrutés bénévolement comme ramasseur de balles sont apparus au cours des années 1920. À cette époque, il s’agissait de jeunes issus de milieux défavorisés et recueillis par la Shaftesbury Homes. Un refuge de la banlieue londonienne venant en aide aux enfants sans abri. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, cette mission fut confiée à des adolescents âgés de 14 à 18 ans, élèves à la Barnardo’s Golding School. Une autre œuvre de charité venant en aide aux enfants en situation de grande précarité ou devenus orphelins.
La collaboration entre le prestigieux tournoi britannique et l’institution Barnardo’s dura vingt ans. Depuis, les ramasseurs et ramasseuses de balles œuvrant à Wimbledon sont des élèves issus de plusieurs prestigieuses écoles londoniennes. Du millier d’enfants candidats, seuls 250 d’entre eux sont retenus par les organisateurs. Leur préparation débute dès le mois de février et se poursuit jusqu’à la fin du mois de juin, quelques jours avant le début du tournoi.
À Roland Garros, des « ballos » actifs depuis un demi-siècle
Ces jeunes au service des meilleurs joueurs du monde longent les courts de la porte d’Auteuil depuis les années 1970. Auparavant, ramasser les balles et les distribuer aux tennismen était une tâche effectuée par des adultes. Des hommes, employés du stade Roland Garros ou en charge de l’entretien des courts, parfois épaulés par leur entourage lorsque l’effectif n’était pas assez conséquent.
Ainsi, par manque d’expérience, les ramasseurs de balle manquaient de fluidité. La chorégraphie n’était pas autant millimétrée qu’actuellement et les errements se multipliaient, au grand désespoir de joueurs agacés par ce manque de professionnalisme.
Ancien joueur amateur de très bon niveau, Ridha Bensalha souhaitait apporter un peu d’ordre dans ce bataillon qui en manquait cruellement. Deux ans après son arrivée au sein de la Fédération Française de Tennis, il créait en 1974 un service consacré au ramassage des balles à Roland Garros. Fini l’amateurisme et les interruptions causées par les pertes de balle. Il mettait en place une organisation rigoureuse, orchestrée pour faciliter la vie des joueurs et le déroulement des rencontres.
Sa première et principale mesure était de faire appel uniquement à des enfants âgés de 12 à 16 ans, sélectionnés au sein des clubs de tennis franciliens. Heureux de vivre une expérience inoubliable à quelques mètres de leurs idoles, ces derniers étaient en effet plus faciles à manager que des adultes venus pour l’appât du gain. Aussi, leur petite taille les rendait plus discrets sur le terrain. Les joueurs avaient moins de risque d’être perturbés.
En parallèle de ce recrutement savamment pensé, Ridha Bensalha imaginait toute une chorégraphie permettant de rendre le ramassage des balles aussi fluide qu’esthétique. De l’entrée sur le terrain des ramasseurs à leur sortie, aucun geste n’était réalisé au hasard. Il en plaçait un dans chaque angle, deux au filet et leur apprenait à maitriser diverses techniques tel le célèbre roulé. Un mouvement consistant à se transmettre les balles entre eux en la faisant rouler au sol de manière rectiligne.
Au fil de ses années comme directeur des ramasseurs de balles, la tête pensante de ce service apprit à connaitre chaque joueur et leurs manies sur le terrain. Gasquet souhaite servir avec la même balle à la suite d’un ace tandis que Nadal aime quand le ramasseur reste à ses côtés lorsqu’il s’essuie avec sa serviette. Tout autant de superstitions que Ridha Bensalha prenait en considération au moment de former les ballos, afin de satisfaire au mieux les attentes de chaque joueur. Un travail d’orfèvrerie assurant une organisation méticuleuse.
Pour en savoir plus :
https://www.wimbledon.com/en_GB/atoz/ball_boys_and_ball_girls.html