En bon français, cette compétition qui verra le jour en 2026 se nommerait les « Jeux Améliorés ». Imaginés par l’entrepreneur australien Aron D’Souza, les Enhanced Games sont des Jeux Olympiques de la triche, où l’autorisation du dopage balaye toutes les valeurs sportives. Le but : battre les records préétablis et repousser les limites humaines grâce à la science, malgré les graves dangers pour la santé qu’une telle pratique implique.
Crédit photo : Enhanced Games
Le projet d’un entrepreneur australien
À la genèse de ce projet très controversé, la folie d’un homme d’affaires australien dénommé Aron D’Souza. Juriste diplômé de l’université d’Oxford et entrepreneur dans le domaine de la tech, cet homme de 40 ans a entamé une croisade contre le Comité International Olympique (CIO) et l’Agence Mondiale Antidopage (AMA). Deux organismes qu’il juge « hypocrites et corrompus », dotés de valeurs démodées et néfastes pour le progrès scientifique.
La déclaration de guerre survenait officiellement en 2023, lorsque Aron D’Souza révélait pour la première fois son projet de compétition, « où la science et le sport convergeront pour redéfinir les limites de l’être humain ». Du dopage pur et simple, encadré médicalement mais administré en toute transparence, qu’Aron D’Souza et les co-fondateurs des Enhanced Games préfèrent qualifier de « protocole d’amélioration de la performance ». L’entrepreneur australien voit même encore plus loin. Au-delà d’être le « gardien d’un avenir sportif qui embrasse ouvertement le meilleur de la science et de la technologie », il promet que ces Enhanced Games ne sont que la première pierre « d’une nouvelle ère améliorée de l’humanité, où la biologie n’est plus une limite. »
Le concept est « dangereux et irresponsable » selon l’AMA, qualifié de « cirque » par la Fédération internationale de natation, mais l’idée plait à de nombreux milliardaires américains qui investissent plusieurs millions de dollars dans ce projet. Parmi eux, Donald Trump Jr, le fils du président des États-Unis. Grâce au soutien financier de ces investisseurs et l’enthousiasme affiché par quelques athlètes de haut niveau, Aron D’Souza voyait son projet se concrétiser. Le 21 mai 2025, dans la boîte de nuit d’un luxueux hôtel de Las Vegas, l’entrepreneur australien annonçait officiellement la tenue de la première édition des Enhanced Games.
Trois disciplines au programme de la première édition des Enhanced Games
Le lieu choisi reflète à merveille la triste philosophie de cet événement guignolesque, où le spectacle prime sur l’intégrité physique des athlètes. La première édition des Enhanced Games se tiendra à Las Vegas, la cité du show, du jeu et des casinos.
Trois disciplines sportives composent le programme de l’édition inaugurale, prévue du 21 au 24 mai 2025 :natation, athlétisme et haltérophilie. Pour les deux premiers cités, la riche palette d’épreuves ne se limitera qu’à des sprints. Le 50 m et 100 m nage libre, ainsi que le 50 m et 100 m papillon pour la natation, et le 100 m, le 100 m haies et le 110 m haies pour l’athlétisme. Les mouvements d’haltérophilie, eux, se cantonneront à l’arraché et l’épaulé-jeté.
Très peu de limites en matière de dopage
S’il est autorisé de participer à cet événement en étant parfaitement propre, la philosophie des Enhanced Games et l’absence de contrôle anti-dopage est une ode aux pratiques dopantes.
Avant et pendant la compétition, les organisateurs de cet événement vont approuver la grande majorité des produits bannis par l’Agence Mondiale Antidopage, mis à part l’héroïne, le GHB, l’ecstasy et le cannabis. Pour ne citer que les plus célèbres d’entre eux, stéroïdes, EPO et hormones de croissance pourront ainsi être manipulés librement par les athlètes et leur encadrement. Leur prise et leurs effets devraient toutefois être surveillés par une équipe médicale. Une commission composée de médecins et de scientifiques, chargée de suivre la préparation des athlètes et contrôler des données médicales qui n’ont pas été dévoilées.
Mais cet affranchissement des règles ne rime pas avec transparence. La nature et la quantité de produits dopants pris par les athlètes ne seront pas dévoilées par l’organisation. L’une des raisons évoquées : éviter que le grand public ne soit tenté d’imiter ces athlètes, en manipulant des produits hautement dangereux et sans la moindre connaissance.
Qui participera aux Enhanced Games ?
Les organisateurs de ces Jeux améliorés espèrent réunir une centaine d’athlètes pour leur première édition programmée en mai 2026. Afin d’attirer des sportifs prêts à mettre en péril leur santé pour des performances sportives qui ne seront jamais considérées comme de réelles prouesses, les Enhanced Games prévoient de payer tous les participants. Une prime de 500 000 dollars est également promise au vainqueur de chacune des épreuves, et un bonus d’un million de dollars attend le sportif qui sera capable de faire tomber le record du monde d’Usain Bolt sur 100 m, ou de César Cielo sur le 50 m nage libre.
À l’heure actuelle, seuls quatre athlètes semblent avoir confirmé leur présence à la première édition des Enhanced Games. Sur cette petite liste composée uniquement de nageurs, on retrouve le Bulgare Josif Miladinov, âgé de 22 ans et médaillé d’argent sur 100 m papillon aux championnats d’Europe de Budapest en 2020, l’Ukrainien Andrii Govorov, nageur retraité et détenteur du record du monde du 50 m papillon, mais aussi l’Australien James Magnussen, retraité, double champion du monde du 100 m nage libre et triple médaillé aux Jeux Olympiques, ainsi que le Grec Kristian Gkolomeev. Champion d’Europe en titre du 50 m nage libre, ce dernier a déjà fait parler de lui en début d’année en battant le record du monde du 50 m nage libre lors d’un événement promouvant les Enhanced Games. Kristian Gkolomeev avait reconnu l’utilisation de produits dopants pour battre officieusement ce record.
Contrairement aux Jeux Olympiques ou à un quelconque championnat international, les athlètes engagés aux Enhanced Games ne concourront pas sous les couleurs de leur pays. Ils seront classés en deux catégories « XX » et XY », séparant les athlètes masculins des féminines.