Il n’aura jamais inscrit son nom au palmarès des Internationaux de France de tennis et pourtant, durant les années 1950-1960, Torben Ulrich était une véritable vedette à Roland Garros, devenu la coqueluche du public français de par son look atypique, son air enjoué et son style de vie aux antipodes de ses compères tennismen. Retour sur un personnage bien trop méconnu, véritable promoteur de la culture hippie au sein du monde du tennis.
Un extraterrestre parmi les tennismen
Fils du tennisman danois Einer Ulrich, Torben Ulrich nait en 1928 à Copenhague. Joueur doté d’un talent naturel, il s’oriente à l’instar de son père mais aussi de son frère cadet vers une carrière de tennisman qu’il débute en 1948 dès l’âge de 19 ans.
Mais dès ses premières apparitions sur les courts de tennis et tout particulièrement Porte d’Auteuil, les spectateurs se rendirent comptent qu’ils n’avaient pas sous leurs yeux un joueur de tennis comme les autres. Prenant chacun de ses matchs avec légèreté et décontraction, Torben Ulrich aimait s’amuser sur les courts, tout particulièrement lorsqu’il prenait part à des rencontres de double en compagnie de son compatriote et grand ami Kurt Nielsen. Son style de jeu était loin d’être parfait certes, parfois imprévisible même, mais son attitude enjouée et cette sérénité imperturbable qu’il dégageait fit rapidement de ce joueur scandinave l’un des chouchous du public français.
La culture hippie comme mode de vie
Cette révolution culturelle faisant son apparition durant la seconde partie de sa carrière, Torben Ulrich fit rapidement du mouvement hippie son mode de vie. La barbe longue et la chevelure devenue imposante, il devint le plus grand promoteur de cette culture au sein du monde du tennis, parfois au prix de quelques sacrifices à l’image de ce Roland Garros 1958, qu’il accepta de boycotter pour dénoncer le discours de De Gaule prononcé cette année-là à Alger.
Mais ses convictions politiques et son refus pour les contraintes n’entachèrent en rien la popularité dont il jouissait. Au contraire même. Da par son look atypique et la décontraction qu’il affichait sur le terrain, chacun des matchs de Torben Ulrich Porte d’Auteuil devenait une véritable attraction pour les spectateurs. Ce personnage toujours jovial et souriant participa à pas moins de 14 éditions de Roland Garros entre 1948 et 1973, atteignant au mieux les huitièmes de finale en 1959, buttant cette année-là sur le futur vainqueur Nicola Pietrangeli. Chacun de ses passages sur la terre battue parisienne sont truffés d’anecdotes dont leurs véracités reste encore à prouver, tel cette séance de méditation transcendantale qu’il aurait effectué dans son casier de vestiaire alors qu’il se trouvait dans un état second.
Une passion (un peu trop) débordante pour la musique
En dehors des courts, son mode de vie était également bien différent de ceux de ses compères tennismen. Vouant un véritable culte pour la musique et tout particulièrement le jazz, il se rendait chaque nuit durant la quinzaine parisienne, en compagnie de son frère Jörgen, à St Germain des Prés. Un quartier au sein duquel il laissait libre recours à l’amour qu’il portait pour la musique, en se rendant dans les caves du Vieux-Colombier pour y écouter du jazz et jouer divers instruments tel de la clarinette ou du saxophone. Une passion débordante. Un peu trop même. Jouant et dansant jusqu’au lever du petit jour, il dormait le reste de la matinée et ne pouvait jouer une rencontre Porte d’Auteuil avant le début de l’après-midi. Qu’à cela ne tienne. Les organisateurs des Internationaux de France de Tennis respectaient ce rythme de vie décalé et faisaient en sorte de programmer ses rencontres en seconde partie de journée.
Au lendemain de sa carrière, devenue professionnelle avec l’arrivée de l’Ère Open en 1968, il transmit sa passion pour la musique à son fils, un certain Lars Ulrich, bassiste et fondateur du groupe Metallica. Devenant également rédacteur de chroniques musicales dans des magazines danois, il consacra le reste de sa vie à cette passion musicale qui l’anime tant. La preuve en est, il y a quelques mois, Lars Ulrich annonçait sur les réseaux la sortie imminente de l’album de son père, Torben, désormais âgé de 92 ans et au look hippie intacte. Lui qui porte encore et toujours son imposante chevelure poussant librement, ainsi que sa longue barbe que les années auront blanchi.
Pour en savoir plus :
https://www.rolandgarros.com/fr-fr/article/culture-rg-torben-ulrich-histoire-hippie