Crédit CC BY 2.0 by babbo1957
Afin de garantir l’équité de tous sur une épreuve ne durant que quelques secondes à peine, la détection des faux départs en athlétisme doit être la plus fiable possible tant anticiper le coup de feu peut permettre de grapiller quelques précieux centièmes. Mais comment fonction cette technologie ?
Des capteurs placés sur les starting-blocks
En 1984 aux Jeux Olympiques de Los Angeles, une dizaine d’années après l’adoption officielle et définitive du chronométrage électrique au 1/100e, le monde de l’athlétisme se dotait d’une nouvelle technologie lorsque l’entreprise Omega, chronométreur officiel de l’événement ajoutait des capteurs sur leurs starting-blocks afin de mesurer le temps de réaction des athlètes. Malgré une amélioration de la précision et la venue de nouveaux concurrents sur le secteur tel Seiko, responsable du chronométrage aux championnats du monde d’athlétisme, le procédé, lui, n’a que très peu évolué.
Grace à ces capteurs, le temps de réaction est déterminé en mesurant la force de pression qu’exerce l’athlète dans les starting-blocks. Cet outil se voulant être le plus juste possible enregistre 4 000 fois par seconde cette force de poussée. Lorsque cette dernière atteint 25 à 30kg (selon le réglage du niveau de sensibilité), le capteur estime qu’une impulsion a été émise par l’athlète. Le temps de réaction peut alors être calculé, correspondant à l’intervalle de temps séparant le coup de feu de cette impulsion.
Un temps de réaction inférieur à 100ms est considéré comme un faux-départ
En athlétisme, il y a faux-départ dès lors qu’un athlète bouge avant ou durant le premier dixième suivant le coup de feu. Cette marge de 100 millièmes de seconde, adoptée par l’IAAF (La fédération internationale d’athlétisme) lors du congrès de Barcelone de 1989 n’est guère arbitraire. Elle se base sur une étude menée à la fin des années 1970 auprès des sprinteurs de l’Allemagne de l’Est qui démontrait qu’un athlète, aussi entrainé soit-il n’est point capable de posséder un temps de réaction inférieur à 80 millièmes de seconde. À ce délai, il convient d’ajouter 20 millièmes supplémentaires soit le temps de détection du capteur.
Ainsi, en combinant les deux et en ajoutant quelques millièmes de seconde correspondant à la vitesse de déplacement du son émis depuis le haut-parleur placé derrière chaque starting-block, tout athlète réalisant un temps de réaction inférieur à 100 millièmes de seconde a inévitablement cherché à anticiper le départ. Lorsque cette infraction se produit, le starter en est directement averti grâce à un signal sonore qu’il entend via son oreillette. Un second coup de feu retentit, avertissant les athlètes du faux-départ et les invitant à regagner leurs plots respectifs.
Plus aucun faux départ autorisé depuis 2003
Vient désormais l’heure de la délibération. Autour d’un écran les juges se réunissent, analysent la vidéo et estiment si un athlète a délibérément tenté d’anticiper le coup de feu comme le démontre la force de pression enregistrée par les capteurs. Si tel venait à en être le cas, les juges appliquent à la lettre le règlement entré en vigueur depuis 2003 et l’arbitre brandit devant le fautif un carton rouge et noir synonyme de disqualification immédiate.
À l’inverse, il est possible que la technologie joue des mauvais tours ou qu’un athlète ait été perturbé durant sa phase de départ, justifiant le temps de réaction inférieur à 100ms enregistré. Dans ces situations, l’arbitre peut sortir un carton vert indiquant qu’aucun n’athlète n’est responsable de ce faux-départ ou bien attribuer un carton jaune d’avertissement s’il juge qu’un athlète a perturbé la phase de départ d’une manière ou d’une autre. La course peut ensuite reprendre ses droits… jusqu’au prochain faux départ.