Cinq anneaux respectivement de couleur bleu, jaune, noir, vert et rouge entrelacés sur un fond blanc. Pas de doute, ce symbole devenu centenaire est l’un des plus reconnaissables au monde. Propriété exclusive du CIO, il représente fièrement l’olympisme et les valeurs prônées par ce mouvement. Mais alors, qui eut l’idée de confectionner un tel drapeau et quelle est sa symbolique ?
Cinq anneaux sortis de l’imaginaire du baron de Coubertin
La rénovation des Jeux Olympiques antiques ayant été adoptée en juin 1894 dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, ce n’est que 20 ans plus tard que l’Olympisme se dote d’un drapeau. Un nouveau symbole venant notamment s’ajouter à la devise en place dès les premières olympiades : « Citius, Altius, Fortius », littéralement « Plus vite, Plus haut, Plus fort », dicton tout droit venu de l’imaginaire du Père dominicain Henri Martin Didon qu’il prononça pour la première fois en 1891.
Si à ses débuts le mouvement olympique fut un temps représenté visuellement par la couronne de laurier venant coiffer les plus grands champions lors des Jeux antiques, en 1913, le baron Pierre de Coubertin lui-même eut l’idée d’établir un drapeau représentatif de l’olympisme et de ses valeurs. Prenant des crayons à mine de plomb et de la gouache, il fit sur papier une esquisse de ce qu’allait être le futur drapeau olympique. S’inspirant possiblement du logo de l’USFSA (Union des Sociétés Françaises de Sport Athlétique) dont il en fut l’un des secrétaires, il dessina cinq anneaux entrelacés, respectivement de couleur bleu, jaune, noir, rouge et vert sur un fond blanc. Le drapeau olympique venait de naitre.
Grand promoteur d’une paix internationale qu’il pensait réalisable au travers des valeurs prônées par le sport, Pierre de Coubertin, à une époque où les tensions ne cessaient de s’accentuer en Europe, voulait que ce drapeau « représente les cinq parties du monde désormais unies par l’Olympisme et prête à en accepter les fécondes rivalités. De plus les six couleurs ainsi combinées reproduisent celles de toutes les nations sans exception ». De nos jours encore, les 197 États reconnus par l’ONU possèdent tous sur leur drapeau au moins l’une de ces six couleurs. Quant à cette supposition stipulant que chacun des anneaux colorés serait associée à un continent, elle est tout bonnement fausse et fut montée de toute pièce à postériori.
Adoption et première sortie officielle du drapeau olympique
Imaginé en 1913, le drapeau flotta pour la première fois le 5 avril 1914 à Alexandrie à l’occasion des Jeux pan-égyptiens, sa toute première apparition en public. Puis, pour commémorer les vingt ans de la rénovation des Jeux Olympiques, Pierre de Coubertin commanda aux magasins du Bon Marché 500 exemplaires de ce drapeau olympique, tous destinés à orner les rues de Paris. C’est à cette occasion, à la Sorbonne en juin 1914, lors de la 17ème assemblée du CIO célébrant notamment les 20 ans de ce renouveau olympique, que ces cinq anneaux sur fond blanc devinrent officiellement le symbole de ce mouvement initié par Pierre de Coubertin en 1894.
Se voulant être représentatif de l’idéal de paix internationale, ce drapeau n’empêcha pas pour autant l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand le 28 juin 1914 et le déclenchement de la Première Guerre Mondiale. Devant un tel conflit, les Jeux Olympiques de 1916 censés se tenir à Berlin furent annulés. La première sortie de ce nouveau drapeau lors d’une Olympiade attendra. Elle s’effectuera en réalité quatre ans plus tard, en 1920, lors des Jeux d’Anvers. Durant la cérémonie d’ouverture que cet étendard blanc aux cinq anneaux colorés fut monté en haut d’un mat afin de surplomber le temps de quatre semaines le stade olympique d’Anvers. Une tradition se perpétuant à chaque nouvelle édition, et ce plus de 100 ans après la création de ce drapeau que tout athlète rêve de voir un jour flotter au-dessus de sa tête.