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Pouvant faire basculer le destin d’une rencontre en une fraction de seconde, le penalty est accordé à une équipe lorsqu’un de leurs joueurs est victime d’une faute dans la surface de réparation adverse. Un tir exécuté à 11 mètres de la ligne de but, durant lequel le public et les supportes retiennent leur souffle depuis plus de 130 ans. Mais au fait, qui a inventé le penalty ?
Que se passait-il avant l’arrivée du penalty ?
Jusqu’à la fin du XIXème siècle avant l’apparition du penalty, une faute commise dans la surface de réparation ne jouissait d’aucun traitement de faveur. Comme n’importe quelle faute réalisée au football, elle débouchait sur un simple coup franc tiré depuis le lieu de l’incident.
Conséquence, pour éviter qu’un but ne soit inscrit, les défenseurs n’hésitaient pas à entrer vulgairement en contact avec les attaquants lorsque ces derniers s’approchaient un peu trop des buts adverses. Qu’il s’agisse d’un tacle ou de tout autre geste anti-sportif, ils donnaient lieu à un coup franc sifflé dans la surface de réparation que le mur de défenseurs placé devant le tireur pouvait aisément détourner.
Un gardien de but à la genèse du penalty
Membre de la Fédération Irlandaise de football et gardien de but du Milford Everton FC au début des années 1890, le Nord-Irlandais William McCrum était inquiet de la violence qui sévissait dans les surfaces de réparation. Prêts à tout pour empêcher un but adverse, les défenseurs jouaient des coudes et allaient au contact de bon cœur sur des attaquants impuissants, quittant bien souvent le terrain avec de sévères blessures.
Effrayé à l’idée qu’un défenseur puisse un jour commettre l’irréparable, il suggéra à la Fédération Irlandaise de football de sanctionner ces comportements dangereux et anti-sportifs de manière bien plus punitive en octroyant à l’équipe victime un coup de pied arrêté de réparation. L’idée du pénalty venait de naitre. Tiré à n’importe quel point situé à onze mètres des buts, tous les joueurs devaient se trouver derrière le tireur à au moins six mètres de ce dernier. En d’autres termes, une faute commise dans la surface de réparation allait donner lieu à un mano à mano entre le gardien adverse et un joueur désigné pour frapper.
Soumise à l’International Football Association Board (l’IFAB, l’organisme en charge de régir le pratique du football à l’international en étant le garant des règles) en juin 1890, cette nouvelle proposition de loi fut vivement critiquée par le monde du football. Bon nombre de joueurs craignaient en effet qu’elle dénature le jeu et donne naissance aux premiers actes de simulation dans le but d’obtenir ce pénalty si avantageux. Mais en février 1891, une rencontre fit définitivement pencher la balance en faveur de ce nouveau point du règlement.
Lors du quart de finale de la FA Cup opposant Stoke City à Notts County, ces derniers menaient 1-0 lorsqu’un de leurs défenseurs, afin de conserver leur avantage au score, se prit pour un gardien de but et arrêta un tir de Stoke de la main. Le coup franc qui suivit ne donnant rien, les Potters (Stoke) furent injustement éliminés de la compétition et la polémique enfla. De quoi donner du crédit à l’idée de William McCrum.
Ainsi, en juin 1891 l’IFAB adopta la règle du penalty en tant que 14e loi de son règlement. Quelques mois plus tard, le 14 septembre 1891 au cours d’une rencontre entre Wolverhampton et Accrington Stanley, le premier penalty de l’histoire fut sifflé en faveur des Wolves. Tiré par un certain John Health, ce dernier ne trembla guère face au portier adverse et le transforma, contribuant ainsi au large succès des siens, vainqueurs cinq buts à zéro.
Tandis que le règlement évolua quelque peu en 1902 avec l’instauration du point de pénalty (Auparavant le tireur était libre de positionner le ballon où il le désirait, du moment qu’il était situé à onze mètre des buts.), William McCrum, l’homme a la genèse de cette loi du football, tomba dans l’oubli et décéda en 1932, malade et déshérité par sa famille. Ce n’est qu’en 2015 que la FIFA décida enfin de rendre hommage à ce gardien méconnu en acceptant de financer la restauration de sa tombe, située dans la ville d’Armagh en Irlande du Nord.