Une course de 24 heures se déroulant aussi bien de jour comme de nuit. Pour émettre l’idée de mettre sur pied un tel défi, il faut avoir un sacré brin de folie dans ses idées. Surtout il y a 100 ans, au début des années 1920, à une période où le secteur de l’automobile ne connaissait pas encore son essor actuel et durant laquelle fiabilité ne rimait pas encore avec compétitivité. Mais alors, qui a bien pu avoir l’idée il y a de cela un siècle de créer les 24 Heures du Mans ?
Le Mans, terre d’automobile
Ville natale d’Amédée Bollée et de ses véhicules comptant parmi les tout premiers à être commercialisés, c’est tout naturellement que la ville du Mans se porta candidate en 1906 pour accueillir le tout premier Grand Prix automobile de France de l’histoire.
Cette candidature acceptée, la première édition du Grand Prix de France se tint les 26 et 27 juin 1906 sur un long circuit urbain de plus de 100 kilomètres tracé dans la banlieue Est de la ville du Mans. Pour l’occasion, l’Automobile Club de la Sarthe fut fondé afin d’assurer l’organisation de ce Grand Prix originel. Devenant peu après l’Automobile Club de l’Ouest, Amédée Bollée fut nommé président d’honneur de cette association, tandis qu’un certain Georges Durand en fut le secrétaire général. Grand passionné de course automobile et ancien pilote, ce dernier dévouera le restant de sa vie à ce club automobile, avec dès son arrivée l’intime volonté de mettre sur pied la plus grande course d’endurance jamais organisée.
Georges Durand, grand architecte des 24 Heures du Mans
Devenu secrétaire général de l’Automobile Club de l’Ouest en 1906, ce n’est qu’en 1922 que le projet des 24 Heures du Mans fut officiellement lancé. Mandaté par l’ACO pour assister au salon de l’automobile, il y rencontra le patron du journal l’Auto Charles Faroux, ainsi qu’Émile Coquille, le PDG du fabriquant britannique Rudge-Whitworth.
Sous l’impulsion du secrétaire général de l’ACO, ils émirent ensemble l’idée d’organiser au Mans une grande course d’endurance. Un défi destiné à promouvoir et vanter les qualités de fiabilité et de robustesse des constructeurs qui y participeraient, et ce au dépend de la performance pure.
Alors qu’une course de huit heures organisée à cheval entre le jour et la nuit fut tout d’abord suggérée, Georges Durand et Émile Coquille, désireux de privilégier le spectaculaire au dépend du raisonnable, s’accordèrent sur une durée trois fois plus longue, de 24 heures. Le tout devant un Charles Faroux des plus sceptiques, estimant qu’une telle épreuve était impossible à réaliser sur un tracé urbain.
Un laboratoire grandeur nature pour perfectionner les voitures du grand public
Son projet qu’il chérissait tant enfin lancé, Georges Durand se chargea de l’organisation de la course en compagnie de l’Automobile Club de l’Ouest. Un an après, le samedi 26 mai 1923, 33 voitures s’élancèrent du Mans, à l’assaut d’un circuit urbain de 17 kilomètres qu’ils devaient boucler le plus de fois possible en l’espace de 24 heures.
Si le double tour de l’horloge n’était pas une nouveauté dans le monde du sport automobile (Le Bol d’Or avait notamment vu le jour un an plus tôt), cette course, dénommée « Grand Prix d’Endurance de 24 heures » à ses débuts, représentait un immense défi pour les équipages engagés.
Terminer les 24 Heures du Mans était un véritable gage de qualité pour des constructeurs venus tester leurs machines sur ce banc d’essai à ciel ouvert. Pour y parvenir, toutes les pièces, du bloc moteur aux écopes de frein en passant par le châssis ou encore la boite de vitesse, devaient être à la fois performantes mais aussi résistantes face à l’accumulation des kilomètres. Un immense laboratoire ayant permis à l’industrie automobile de se perfectionner. Pour n’en citer que quelques-unes, les freins à disque, le turbocompresseur ou encore les phares à LED sont toutes des innovations testées pour la première fois au Mans, qui par la suite intégrèrent les chaines de montage des véhicules destinés au grand public. Une série d’évolutions technologiques augmentant notamment leur fiabilité et leur robustesse tout en étant moins couteux en carburant.
Et l’innovation n’est pas prête de s’arrêter au Mans. Après bientôt 100 ans d’existence et tout autant d’innovations technologiques, la plus grande course d’endurance continuera d’évoluer en adéquation avec son temps et son époque en annonçant la création d’une catégorie hydrogène à l’horizon 2024. De quoi décliner cette nouvelle énergie dans des véhicules destinés au grand public ? Les 24 heures pourraient encore une fois jouer son rôle de précurseur dans l’industrie automobile.
Pour en savoir plus :
https://www.24h-lemans.com/fr/actualites/24-heures-du-mans-aux-origines-de-la-legende-51838