Les compétitions continuaient à s’enchainer à une cadence infernale en ce mois d’octobre. Entre le dénouement final des playoffs en NBA, Roland Garros, les dernières rencontres du tournoi des Six Nations, le Giro et les classiques flandriennes et ardennaises habituellement printanières, l’automne 2020 nous réserva de beaux moments de sport, le tout, dans le respect des mesures sanitaires, synonyme bien souvent de huis clos. Un mois riche en surprise et en révélation bien qu’au final, les patrons restaient les patrons.
Dans la bulle de la NBA les Lakers s’éclatent
On avait quitté la NBA le 11 mars dernier suite au test positif de Rudy Gobert à la Covid-19, on l’a retrouvée le 30 juillet au sein d’une bulle sanitaire à Disney World d’Orlando, dans un contexte politique et sociétal particulier marqué par la mort de George Floyd et la multiplication des violences policières aux États-Unis à l’égard des personnes de couleur. Au sein d’un championnat fortement politisé, ces bavures n’ont pas manqué de faire réagir et tout au long de ces playoffs, le slogan « Black Lives Matter » s’invita sur les maillots comme autour du terrain tandis que les joueurs posèrent un genou à terre lors de l’hymne américaine comme signe de protestation. Les violences policières ne désemplissant pas, un boycott des rencontres eut même lieu durant plusieurs jours afin d’afficher pleinement leur soutien aux victimes de ces bavures policières à quelques mois des élections américaines.
D’un point de vue purement sportif, le contexte d’une bulle allait forcément rebattre une partie des cartes. Ne pouvant plus jouir de l’avantage du terrain, les meilleures équipes de la saison régulière allaient devoir faire sans le soutien de leur public tandis que le Magic d’Orlando, évoluant de leur côté à domicile, pouvait espérer tirer avantage de cette situation malgré leur statut d’outsider.
La première grosse surprise venait incontestablement des Milwaukee Bucks. Facile vainqueur des Orlando Magics au premier tour des play-off, la franchise du Wisconsin, leader et favoris de la conférence Est mais privé de leur pivot Giánnis Antetokounmpo, se prenait les pieds dans le tapis dès le deuxième tour en s’inclinant lourdement face à un Miami Heat emmené par un grand Jimmy Butler. Côté Ouest, le plus gros retournement de situation fut signé par les Denver Nuggets qui après avoir été mené 3-1, parvenaient à inverser la tendance lors des trois derniers matchs face à des Los Angeles Clippers médusés.
Du côté des autres favoris, il n’y eut pas autant de surprise. Les Lakers ont solidement assumé leur statut d’hyper-favoris et se qualifièrent sans trembler pour les finales NBA tandis que le Miami Heat confirma sa bonne forme du moment en disposant des Boston Celtics sur le score de 4-2 en finale de conférence et rejoignirent les Lakers en finale.
Malgré un style de jeu très séduisant et de bien meilleure facture que lors de la saison régulière, la marche restait un peu trop haute pour le Miami Heat tant la domination des Lakers était totale. Emmené par la redoutable paire LeBron James – Anthony Davis, la franchise californienne remporta cette finale NBA sur le score de 4-2 et glana un dix-septième titre en NBA, rejoignant les Boston Celtics au sommet des franchises les plus titrées. Quelques mois après la mort tragique de Kobe Bryant, l’hommage ne pouvait pas être plus beau.
Cyclisme : Les déboires d’Alaphilippe, Démare impérial
La dernière image de Julian Alaphilippe était celle d’un homme au sommet de son art, tout heureux d’enfiler pour la première fois la tunique arc-en-ciel. En ce mois d’octobre, nous avons retrouvé Julian avec une forme toujours aussi étincelante mais quelque peu déstabilisé par une pression nouvelle, celle de devoir assumer son statut de champion du monde ce qui lui laissait commettre quelques erreurs techniques et stratégiques. Sa première sortie avec le maillot de champion du monde sur le dos en fut le parfait exemple.
Dimanche 4 octobre, Liège. Alors que le temps automnal planant au-dessus de la Belgique incitait les gens à rester bien au chaud chez eux, le gratin du cyclisme international allait se disputer l’une des courses les plus prestigieuses et les plus anciennes, Liège-Bastogne-Liège, la doyenne des classiques.
Si la course fut globalement maîtrisée par Julian Alaphilippe et son équipe durant 257 kilomètres. Le 258ème et dernier tourna à la désillusion pour le champion du monde français. À l’avant de la course avec quatre autres coureurs, Julian lança le premier un sprint houleux, coupa la trajectoire de Marc Hirschi et leva les bras à quelques mètres de la ligne d’arrivée pensant que la victoire finale lui était acquise. C’était sans compter sur le retour de Primoz Roglic. Poursuivant son effort jusqu’au bout, le récent dauphin du Tour de France jeta son vélo sur la ligne pour s’emparer de la première place pour quelques centimètres. La photo-finish était formelle, Julian Alaphilippe est second. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, il fut déclassé quelques instants plus tard pour s’être écarté de sa trajectoire lors du sprint final, gênant au passage le Suisse Marc Hirschi qui revenait à hauteur du champion du monde tricolore. Une course à oublier et des enseignements à en tirer.
Vite remis de cette désillusion, Alaphilippe prouvait quelques jours plus tard qu’il avait la trempe d’un grand champion en s’imposant sur la flèche brabançonne malgré une nouvelle légère frayeur lors du sprint final (Encore cette histoire de victoire savourée trop rapidement). Dans une excellente condition physique et avec la confiance pleinement retrouvée, le champion tricolore se présenta sur le Tour des Flandres, l’ultime monument de la saison, avec une pancarte de favoris sur le dos, partagée avec Wout Van Aert et Mathieu van Der Poel.
Une nouvelle fois impressionnant de lucidité, Alaphilippe plaça une attaque décisive à 39 kilomètres de l’arrivée et se retrouva à l’avant de la course au sein d’une échappée des plus royales, composée de Mathieu van der Poel et Wout Van Aert, rien que ça. Alors que tous salivèrent d’assister à la rude bataille qu’allait se livrer ces trois immenses champions, la course du puncheur français tourna à la catastrophe lorsqu’il se fit surprendre par une moto au ralenti sur le bord de la chaussée. Ne pouvant l’éviter, il la percuta violemment et laissa ses deux compagnons d’échappés filer vers la victoire et se disputer un sprint final remporté d’un souffle par le Néerlandais van Der Poel, petit-fils d’un certain Raymond Poulidor.
Désireux d’inscrire son nom au palmarès d’une course qui lui tenait tant, Julian Alaphilippe termine finalement sa saison avec l’avant-bras dans le plâtre, souffrant de deux fractures à la main droite. La coupure hivernale tombait à pic.
En parallèle de ces événements, le soleil et la douceur des températures italiennes réussissaient parfaitement au sprinteur picard Arnaud Démare. Étincelant depuis la reprise de la saison et fraichement sacré champion de France pour la troisième fois, le coureur de la Groupama-FDJ rayonnait sur le Giro et décrochait au sprint pas moins de quatre victoires d’étape face à des sprinteurs de renom. Il termina sa saison de la plus belle des manières à Milan en remportant le classement par points de ce Tour d’Italie, six ans après un certain Nacer Bouhanni.
Roland Garros : Nadal impérial, Gaston régale
C’est un stade Roland Garros aussi vide que métamorphosé que l’on retrouva en ce début d’automne pluvieux et venteux. Disputé dans des conditions climatiques inhabituelles et bien différentes à celle que l’on rencontre au mois de mai, le tout nouveau toit installé sur le Philippe Chatrier révéla tout son potentiel, à tel point de devenir la star de cette quinzaine parisienne tant il a été en vue.
D’une grande utilité face à une météo quelque peu capricieuse, son utilisation couplée à une terre battue rendue lourde par l’humidité modifièrent les conditions de jeu et apportèrent avant même l’ouverture du tournoi son lot de questionnement. Le niveau de jeu de Rafael Nadal allait-il être le même ? Ses balles liftées gênant ses adversaires par la hauteur de son rebond allaient-elles être aussi efficaces qu’à l’accoutumée ?
Les réponses ne se firent guère attendre. Peut-être moins impérial sur le terrain et certainement désavantagé par le toit et l’humidité de l’air, l’homme aux douze titres à Roland Garros enchainait victoire sur victoire et passa chaque tour avec succès, malgré les quelques surprises qui se dressait devant lui tel l’étonnant Jannik Sinner, un jeune Italien parvenant à faire jeu égal avec Nadal le temps d’un set, promesse d’un grand avenir.
En parlant d’avenir, le tennis tricolore a peut-être trouvé en ce mois d’octobre la perle rare qui viendra égayer ses années futures. Hugo Gaston, un petit gabarit de 20 ans seulement doté d’un potentiel immense. En 16ème de finale le jeune toulousain écœura un certain Stanislas Wawrinka avant de livrer un match d’anthologie face au récent vainqueur de l’US Open, Dominic Thiem. Une rencontre riche en rebondissement qu’il laissa malheureusement filer dans le cinquième et ultime set après plus de 3H30 de jeux et pas moins de 58 amorties réalisées par la jeune pépite française, toujours très humble malgré son parcours extraordinaire.
Côté féminin, les surprises furent omniprésentes durant cette quinzaine. Les têtes de série tombèrent tour après tour et seule l’Américaine Sofia Kenin parvenait à tirer son épingle du jeu… et encore. La récente lauréate de l’Open d’Australie céda en finale face à Iga Swiatek, la révélation féminine de cette quinzaine. Âgé de 19 ans, cette joueuse polonaise décrocha à la surprise générale son premier titre en Grand Chelem au terme d’un parcours sans faute qu’elle concluait sans perdre le moindre set.
Mais comment ne pas aborder ce Roland Garros sans parler à nouveau du maitre des lieux Rafael Nadal. Sans concéder le moindre set également, il se qualifia pour la finale avant de se défaire en deux petites heures de jeu d’un Novak Djokovic étonnement absent, qui laissait filer la première manche sur le score de 6-0. Dans le monde du tennis, on appelle ça une bulle.
Vainqueur 6-2, 7-5 des deux sets suivants, Nadal remportait sans trembler son 13ème titre à Roland Garros mais également sa 100ème victoire sur la terre battue parisienne en… 102 rencontres disputées. Au palmarès des joueurs les plus titrés en Grand Chelem, cet énième titre lui permettait de rejoindre un certain Roger Federer au sommet du classement avec vingt titres chacun. Tout simplement monumental.
Tournoi des Six Nations : Le XV de France termine en beauté
Après sept mois d’interruption, le tournoi des Six nations faisait son grand retour avec au programme, les quatre derniers matchs de cette édition 2020. Le XV de France, second mais à égalité de point avec l’Angleterre à l’issue des rencontres de février et de mars, pouvait encore espérer remporter la victoire finale mais devait pour se faire remporter impérativement son ultime match face à l’Irlande et prier pour un improbable revers de l’Angleterre en Italie lors de l’ultime journée.
Préparant de façon optimale sa rencontre décisive grâce à un large succès 38-21 face aux Pays de Galles une semaine plus tôt, le XV de France faisait le plein de confiance avant d’affronter une Irlande qui en cas de succès face aux tricolores, pouvait également remporter ce tournoi des Six Nations. La tâche allait cependant s’annoncer ardue. Facile vainqueur de l’Italie quelques heures auparavant, le XV de la Rose prenait les commandes de ce tournoi des Six nations et accroissait nettement sa différence de but. Pour les rugbymen Français, une victoire avec le bonus offensif et par au moins 31 points d’écarts était désormais indispensable pour s’offrir leur premier sacre dans la compétition depuis 2010.
Les deux-tiers du contrat furent remplis. Grâce à une prestation aboutie, la France s’imposait face à l’Irlande avec le bonus offensive en prime, leur permettant de se retrouver à égalité de point en tête du classement de ce tournoi. Malheureusement, cette victoire sur le score de 35 à 27 ne permit pas aux tricolores d’obtenir les 31 points d’écarts nécessaires et fort logiquement, l’Angleterre fut déclarée vainqueur de ce tournoi des Six Nations grâce à une différence de but supérieure.
Pour les hommes de Fabien Galthié, cette belle seconde place reste cependant un résultat plus qu’honorable. Après plusieurs années à se battre pour éviter la cuillère de bois, le XV de France semble enfin avoir retrouvé de la compétitivité en s’appuyant sur une solide base défensive et des atouts offensifs à faire valoir. De bon augure en vue de la Coupe du Monde 2023 disputée en France.
Et aussi :
- Le Racing 92 s’inclinait en Finale de la Coupe d’Europe de Rugby face aux Exeter Chiefs sur le score 31-27.
- Le PSG et l’Olympique de Marseille s’inclinaient d’entrée pour leur premier match de poule de Ligue des Champions, battus respectivement par Manchester United et l’Olympiakos. Rennes, pour ses débuts dans cette prestigieuse coupe, accrochait le match nul face au FK Krasnodar.