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Du 20 au 22 juin 1904, à des milliers de kilomètres de Saint-Louis se préparant à accueillir la troisième édition des Jeux Olympiques, Pierre de Coubertin et les membres du CIO se réunissaient à Londres à l’occasion de la sixième session annuelle du mouvement olympique.
Exceptionnellement, cette session s’était tenue loin de la ville hôte, au sein de laquelle la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques était imminente. La longue et coûteuse traversée de l’Atlantique pour rejoindre Saint-Louis en était la cause. Craignant que les membres du CIO, majoritairement européens, refusent de faire le déplacement, Pierre de Coubertin organisa ce rendez-vous annuel à Londres. L’enjeu était capital, au terme de cette réunion, le nom de la future ville hôte des Jeux de 1908 allait être révélé.
Berlin, Milan, Rome et Turin. Des quatre villes candidates, la capitale allemande était la première à se retirer de la course. L’Italie allait pour la première fois accueillir les Jeux Olympiques, restait à déterminer le lieu de la compétition. Naturellement, les votes se tournèrent vers la candidature déposée par la Ville éternelle. Prévenus par dépêche, le roi d’Italie et les dirigeants de Rome s’en félicitaient. Le compte à rebours avant la cérémonie d’ouverture était lancé, la capitale italienne avait quatre années pour préparer ces Jeux.
Et le Vésuve se réveilla
À mi-parcours, le décompte se figea. Les travaux étaient interrompus. Quatre cents kilomètres plus au sud, le Vésuve avait grondé. Trente-quatre ans après sa dernière grosse éruption, son réveil avait secoué la région de Campanie, entraînant la mort d’une centaine de personnes.
Au pied du volcan, Naples et sa banlieue étaient les plus touchées. Les nuées ardentes et les coulées de lave ensevelirent tout sur leur passage, recouvrant des villes entières de cendres et détruisant la plupart des bâtiments. Cette éruption d’avril 1906 fut l’une des plus violentes du XXe siècle. Tout était à reconstruire. Les logements réduits en poussière entraînèrent le déplacement d’une grande partie de la population napolitaine, tandis que le gouvernement devait débloquer des fonds colossaux pour déblayer les décombres et rebâtir au plus vite ce paysage devenu apocalyptique.
Des concessions devaient être faites, les Jeux Olympiques prévus en 1908 en furent les premiers impactés. Si Rome n’avait subi aucun dégât, le budget alloué à l’organisation de cet événement allait servir à reconstruire Naples et ses alentours. L’Italie n’avait d’autre choix que de renoncer aux Jeux. L’annonce faite, le CIO se réunissait afin de trouver au plus vite une nouvelle ville hôte.
Londres sauve les Jeux
Londres se porta candidate et obtenait la confiance du Comité. Le 19 novembre 1906, la capitale britannique reprenait officiellement le flambeau et se lançait dans un contre-la-montre, devant organiser en un temps record une IVe olympiade digne des précédentes. Fort heureusement, la plupart des infrastructures existaient déjà. Sur la liste des principaux travaux à prévoir figurait la construction d’une piscine ainsi que d’un grand stade, capable d’accueillir la cérémonie d’ouverture et les épreuves d’athlétisme. Construit au centre de Londres, le White City Stadium et sa capacité de 68 000 places assises sortit de terre en dix mois seulement, inauguré par le prince de Galles à l’occasion de l’ouverture des Jeux.
Pour un rendez-vous programmé seulement dix-huit mois à l’avance, les Jeux Olympiques de Londres furent une réussite dans leur organisation. Étalée sur six mois, la compétition regroupe vingt-quatre disciplines et plus de 2 000 participants venus des cinq continents. Un record à cette époque. Nation la plus représentée, la Grande-Bretagne terminait en tête du tableau des médailles, raflant la moitié des titres olympiques. Les États-Unis étaient seconds, la Suède troisième et la France terminait quatrième, quittant Londres avec dix-neuf médailles, dont cinq en or.