Décerné pour la première fois au terme de la première étape du Tour de France 1975, le maillot blanc à pois rouges fête ses 50 ans d’existence.
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Une pastille rouge avant l’apparition du maillot à pois
Le célèbre maillot blanc à pois rouges récompensant le meilleur grimpeur du Tour de France a fait son apparition en 1975, quarante-deux années après la naissance du Grand Prix de la montagne, en 1933.
Durant de nombreuses décennies, le coureur figurant en tête de ce classement ne portait aucune tenue distinctive. Il recevait simplement une petite pastille rouge du sponsor Chocolat Poulain, qu’il collait sur son maillot.
La légende de la Citroën 2 CV
C’est une histoire qui a la peau dure. Une fausse croyance, longtemps populaire, racontait que la classification des ascensions répertoriées au Grand Prix de la montagne s’effectuait selon la capacité d’une 2 CV à grimper cette côte. Si elle passait la difficulté en quatrième vitesse, la côte était classée en 4e catégorie, s’il fallait rétrograder en 3e vitesse, l’ascension était en 3e catégorie et ainsi de suite.
Cette légende urbaine a depuis été réfutée par Thierry Gouvenou, l’actuel directeur de course du Tour de France qui supervise notamment la classification des cols et côtes de la Grande Boucle. La classification d’un col tient compte de plusieurs critères, dont la longueur de son ascension, sa pente moyenne, sa position dans l’étape ou encore son histoire avec le Tour.
Un hommage à Henri Lemoine
La couleur blanche et les pois rouges figurant sur le maillot du meilleur grimpeur n’ont pas été choisis par hasard. En choisissant ce motif, Félix Lévitan, le directeur du Tour de France de 1962 à 1987, a souhaité rendre hommage à Henri Lemoine. Un pistard de la première moitié du XXe siècle, sextuple champion de France de demi-fond. Également triple médaillé de bronze aux championnats du monde, Henri Lemoine héritait du surnom de « P’tis pois » en référence à son maillot blanc orné de pois rouges qu’il portait en compétition.
De surcroît, le blanc et le rouge collaient parfaitement aux couleurs du premier sponsor de ce maillot : Chocolat Poulain.
Joop Zoetemelk, premier porteur du maillot à pois
Au lendemain d’un prologue de 6 km disputé dans les rues de Charleroi en Belgique, le plus Français des Hollandais de l’époque s’en est allé chercher le premier maillot à pois de l’histoire du Tour, en franchissant en tête la côte de Bomérée durant la première étape reliant Charleroi à Molenbeek. Ce maillot blanc à pois rouge, Joop Zoetemelk se le faisait subtiliser dès le lendemain par Lucien Van Impe. Déjà vainqueur du Grand Prix de la montagne en 1971 et 1972, le Belge devenait, trois semaines plus tard, le premier coureur à ramener ce maillot à Paris.
Eddy Merckx n’a jamais porté le maillot à pois
C’est l’une des rares lignes que le Cannibale ne peut pas inscrire sur son CV. Bien qu’il ait remporté le Grand Prix de la montagne à deux reprises sur le Tour de France (1969 et 1970), ces deux victoires ont été obtenues quelques années avant l’apparition du maillot à pois.
En 1975, année de l’apparition de cette tunique blanche à pois rouge, Eddy Merckx termina 2e du Grand Prix de la montagne, sans jamais revêtir le maillot associé. Deux années plus tard, pour son dernier Tour de France, le « Cannibale » inscrivait 41 points et terminait à la 11e place de ce classement.
Deux coureurs ont remporté le Grand Prix de la montagne sur les trois grands tours
En 1957, Federico Bahamontes s’adjugeait le Grand Prix de la montagne de son tour national et devenait le premier coureur de l’histoire à remporter ce classement sur les trois grands tours, après ceux remportés sur le Tour de France 1954 puis sur le Giro en 1956. Au total, Federico Bahamontes remporta neuf Grand Prix de la montagne sur l’ensemble de sa carrière. Un record qu’il partage avec Gino Bartali.
Trois décennies plus tard, le grimpeur colombien Luis Herrera remportait à son tour les trois Grand Prix de la montagne des trois grands tours. Double vainqueur de ce classement sur le Tour de France (1985, 1987) et la Vuelta (1987, 1991), il a également terminé meilleur grimpeur du Tour d’Italie en 1989.
Richard Virenque, vainqueur à sept reprises du Grand Prix de la montagne
Les plus anciens se souviennent de cette Virenque mania qui s’emparait des spectateurs massés sur le bord des routes. Au tournant du XXIe siècle, le maillot blanc à pois rouge collait parfaitement à la peau de Richard Virenque. D’abord chez Festina puis au sein de la formation Quick Step, le grimpeur français a remporté le Grand Prix de la montagne à sept reprises entre 1994 et 2004. Un record sur le Tour de France, devant les six victoires de Lucien Van Impe et Federico Bahamontes.
En 1997, Richard Virenque établissait le record du plus grand nombre de points récoltés au classement de la montagne. À l’époque d’un barème plus généreux, où passer en tête d’un col Hors Catégorie apportait 40 points (contre 25 actuellement), le grimpeur tricolore terminait ce Tour de France avec 579 points au compteur.
Le maillot à pois, une affaire française
Si le successeur de Bernard Hinault se fait désormais attendre depuis quatre décennies, pour le gain du maillot à pois, les coureurs français excellent.
Depuis 1933 et l’apparition du Grand Prix de la montagne sur les routes du Tour, ce classement a couronné un coureur français à vingt-trois reprises. Plus que n’importe quelle autre nation. Du premier remporté par René Vietto en 1934, au dernier décroché par Romain Bardet en 2019, seize coureurs français différents se sont présentés à Paris avec le maillot à pois sur le dos.
Avec Richard Virenque, Laurent Jalabert est le seul autre coureur français à l’avoir remporté à plusieurs reprises (2 fois en 2001 et 2002).
Seulement quatre coureurs ont terminé le Tour de France avec le maillot jaune et le maillot à pois
Si l’on a bien souvent entendu des critiques concernant le Grand Prix de la montagne et son barème qui favorise largement les favoris au classement général, sur les routes du Tour, ce classement n’a que très peu souvent été remporté par le maillot jaune.
Depuis 1975 et l’apparition du maillot à pois, seulement quatre coureurs différents ont enfilé le maillot jaune et cette tunique blanche à pois rouges sur le podium final des Champs-Élysées. Le premier fut Carlos Sastreen 2008. Depuis, seuls Christopher Froome en 2015, Tadej Pogacar en 2020 et 2021 et Jonas Vingegaard en 2022 ont accompli une telle performance.
250 000 € pour le vainqueur du maillot à pois
Terminer meilleur grimpeur du Tour de France rapporte ! Pour l’édition 2025 de la Grande Boucle, l’organisation décernera un chèque de 25 000 € au coureur qui remportera le classement du Grand Prix de la montagne. Soit plus que la somme perçue par le coureur qui termine à la 6e place du Tour de France (23 000 €).
En outre, franchir en tête des ascensions répertoriées et porter chaque jour le maillot à pois rapporte également de l’argent. Le coureur qui passe en tête au sommet d’un col Hors Catégorie reçoit 800 € et chaque jour, le porteur du maillot à pois gagne 300 €.