L’Europe parle de club lorsque l’Amérique du Nord évoque des franchises. De prime abord, on pourrait penser que ces termes ne sont que deux synonymes, employés pour désigner une même structure. Dans la réalité, clubs et franchises ne partagent pas les mêmes caractéristiques.
Le club, une infrastructure dédiée à la pratique sportive
Dans les grands championnats européens, le concept de club prédomine. Avant de se professionnaliser au cours du XXe siècle et générer désormais des profits colossaux pour les plus prestigieux d’entre eux, le club est avant tout une association, au sein de laquelle se regroupent des individus afin de pratiquer ensemble une ou plusieurs activités sportives.
À leur création durant la fin du XIXe siècle, les premiers clubs étaient tous amateurs. Encadrer la pratique sportive était l’unique facteur de motivation de leurs fondateurs. Guidés par le plus pur esprit de compétition, ces clubs amateurs ont souhaité se confronter entre eux. Les premiers tournois et championnats ont ainsi vu le jour. Puis, lorsque le nombre de clubs engagés devenait trop conséquent, un système de ligue faisait son apparition.
Le principe n’a depuis guère changé. Basé sur un critère purement sportif, les clubs les plus performants sont promus en ligue supérieure au dépend des équipes les moins fortes, reléguées à l’échelon inférieur. Malgré la professionnalisation du sport et la venue d’enjeux économiques considérables, les clubs continuent d’évoluer au sein de ligues ouvertes dont leur place n’est assurée que par leurs bons résultats. Qu’importe les centaines de millions d’euros qu’ils sont capables de poser sur la table, le Paris Saint-Germain sera automatiquement relégué en Ligue 2 s’il venait à terminer bon dernier du championnat de France. Pour les clubs, le critère sportif prévaut sur le reste. Un héritage du sport amateur.
Les franchises, guidées par l’intérêt financier
C’est là toute la différence entre ces deux systèmes. Les franchises, elles, sont dès leur création des marques cherchant à générer des profits. L’enjeu sportif passe en second lieu. Du côté des dirigeants, il est même presque inexistant puisque les franchises évoluent dans des ligues fermées, sans système de promotion ni de relégation. Leur présence (et les gains financiers allant de pair) est garantie uniquement en payant un droit d’entrée, qu’importe les résultats sportifs réalisés la saison passée.
Lorsqu’un club gagne son championnat, il empoche le plus gros chèque lui permettant de se construire financièrement et assurer sa pérennité sur le long terme. Quand une franchise l’emporte, elle ajoute simplement un trophée à sa collection. Au dépend du principe méritocratique des championnats européens, les ligues fermées au sein desquelles évoluent les franchises prônent l’égalité des chances. Afin de relancer chaque année l’intérêt sportif et le spectacle, toutes les franchises perçoivent à la fin de la saison les mêmes revenus liés aux droits TV. Pour espérer gagner plus que ses concurrentes et obtenir de nouvelles parts de marché, une franchise peut tout de même compter sur la signature de contrats de sponsoring ou faire grandir sa cote de popularité auprès du public. Comme les clubs, elle peut développer ces aspects grâce à de bons résultats sportifs certes, mais aussi en réalisant une stratégie marketing efficace ou en s’avérant être redoutable en affaire.
Mais, à la différence des clubs, il n’est pas rare que des franchises déménagent pour un intérêt financier. Que ce soit pour rejoindre une région plus prospère, se relancer économiquement ou après avoir signé un contrat très alléchant avec une ville ou un stade, de nombreuses franchises de NBA ont, au cours de leur histoire, migré vers de nouveaux horizons. Les Lakers étaient auparavant implantés à Minneapolis, les Utah Jazz à la Nouvelle-Orléans et les Memphis Grizzlies à Vancouver. Dans ces trois cas, le déménagement était l’unique option pour assurer leur survie.
En résumé, les clubs et le principe méritocratique des ligues ouvertes font de la performance sportive un enjeu capital, quand les franchises sont avant tout des marques galvanisées par un intérêt purement business. Pour leurs dirigeants, le sport est surtout un spectacle. Une défaite qui rapporte sera mieux vécue qu’une victoire sans bénéfice financier.
De manière générale, le système des clubs est omniprésent en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud, tandis que le principe des franchises dicte les ligues majeures nord-américaines. Toutefois, il existe de rares cas où ces deux concepts se confondent.
En NFL par exemple, les Packers de Green Bay possèdent le statut de franchise mais fonctionne à la manière d’un club. Contrairement à ses rivales, l’équipe n’est pas détenue par un dirigeant mais appartient à une communauté regroupant plus de 360 000 supporters. Un cas unique en NFL, assurant la survie des Packers dans cette petite ville de Green Bay.
Côté européen, certains championnats professionnels ont quant à eux adopté le principe de ligue fermée ou semi-fermée propre aux franchises. L’un des exemples les plus probants reste l’Euroligue de basket. Ce championnat européen de basket-ball compte à l’heure actuelle dix-huit équipes, dont douze d’entre-elles possèdent une licence longue durée, garantissant leur participation à cette compétition qu’importe leurs résultats. Les places restantes sont attribuées aux deux finalistes de l’EuroCoupe et sur invitation.