C’est le rêve de beaucoup de métropoles internationales. L’occasion unique d’être le temps de deux semaines sous le feu des projecteurs en devenant la capitale mondiale du sport et du mouvement olympique. L’opportunité suprême d’afficher aux yeux du monde le dynamisme de toute une nation. Mais être ville hôte des Jeux Olympique c’est avant tout un long processus. Un parcours aussi exigeant que sélectif pouvant durer près d’une décennie. De la naissance de l’idée jusqu’à l’attribution orchestrée par le Comité International Olympique, découvrez étape par étape comment une ville est sélectionnée pour accueillir les Jeux Olympiques.
Le renouveau du mouvement olympique, des premières attributions marquées par l’absence de vote
La désignation d’une ville hôte par vote n’est effective qu’à partir de la IIIème édition des Jeux Olympiques. Et pour cause, berceau de l’olympisme durant l’antiquité, il fut décidé que les premiers Jeux Olympiques modernes allaient se tenir à Athènes en Grèce. La seconde édition, elle, eut lieu à Paris suite à la demande du baron Pierre de Coubertin. L’homme à l’origine de la renaissance des Jeux souhaitait en effet, dès le premier Congrès olympique de 1894 à la Sorbonne, voir la capitale française comme ville organisatrice des Jeux de 1900.
Ce n’est donc que pour les Jeux de 1904 qu’un vote fut organisé au sein du CIO pour désigner la ville hôte. Si la volonté d’exporter le mouvement olympique à l’international et plus particulièrement sur le sol américain était depuis longtemps dans la tête du baron Pierre de Coubertin, la désignation de la ville hôte fut légèrement plus complexe.
Alors que le 21 mai 1904 Chicago fut choisi à l’unanimité par les membres du CIO pour organiser cette troisième édition, c’est finalement Saint-Louis qui hérita de se privilège. La ville du Missouri souhaitait en effet associer ces Jeux à l’exposition universelle qu’elle allait organiser en 1904, ainsi qu’au centenaire de la vente de la Louisiane. Favorable à cette requête, les membres du CIO organisèrent en 1902 un nouveau vote entre les deux protagonistes, désignant St Louis comme ville hôte des Jeux Olympiques de 1904. La première à l’être suite à un vote du Comité International Olympique.
Depuis, sept avant chaque nouvelle olympiade, les membres du CIO se rassemblent et votent pour la futur ville hôte. L’ultime étape d’un long processus, parfois débuté dix à l’avance.
Devenir ville hôte avant 2015, une interminable procédure en amont de la candidature officielle
Jusqu’en 2015, une ville désireuse d’organiser les Jeux Olympiques devait avant tout avoir la validation de son Comité National Olympique (CNO). En effet, si plusieurs villes d’un même pays venaient à se présenter, le CNO avait obligation de n’en retenir qu’une de sorte à ce que chaque pays ne puisse présenter qu’une seule candidature.
Une fois la ville validée, le CNO transmettait le dossier de candidature au Comité International Olympique. La ville devenait alors une ville « requérante » à l’organisation des Jeux Olympiques. Une étape intermédiaire durant laquelle une commission d’experts étudie le dossier de candidature et livre son impression à la commission exécutive du CIO.
De nombreuses villes étaient pour chaque édition « requérantes » à l’organisation des Jeux. Les dossiers de candidatures étaient tous examinés puis le CIO effectuait une nouvelle sélection. Seules les protagonistes présentant les candidatures les plus robustes étaient retenues. Elles devenaient alors officiellement des villes « candidates » et pouvaient débuter leur campagne. Un processus de deux ans se concluant par la livraison finale de leur dossier de candidature et le vote d’attribution organisé entre les membres du CIO.
Un processus désormais facilité et davantage encadré pour mieux répondre aux problématiques de notre ère
Depuis 2015 et suite à l’adoption de l’Agenda Olympique 2020 par le CIO, la candidature d’une ville pour organiser les Jeux Olympiques est fortement simplifiée. L’étape des villes « requérantes » fut supprimé, remplacé par une phase dite « d’invitation » durant laquelle un dialogue s’ouvre entre le CIO et les futurs villes candidates.
Le Comité International va alors proposer ses services aux Comité Nationaux régissant les villes protagonistes. Ensemble ils vont débuter la conception du dossier de candidature. La première étape d’un long processus durant laquelle le CIO va amener les aspirants aux Jeux à bien intégrer les problématiques contemporaines (écologie, héritage à long terme…) dans leurs plans afin de livrer le projet final le plus robuste possible.
Cette phase d’invitation terminée, le Comité International Olympique invite les villes à s’engager dans la phase de candidature. Elles deviennent officiellement des villes candidates. Le début d’une campagne s’étalant sur deux années et divisée en trois étapes majeures, aboutissant au vote final du CIO, sept ans avant les Jeux.
Les trois étapes de la candidature
Tout au long des deux années de campagne, les villes candidates doivent fournir des dossiers au CIO à intervalle de temps régulier. La première étape est le rendu d’un livrable présentant les plans concernant la vision, le concept des Jeux et la stratégie prévue, quelques mois seulement après le début de la campagne. Les villes protagonistes sont alors amenées à présenter les fondements de leur modèle devant impérativement prendre en considération l’héritage à long terme de ces Jeux, aussi bien sur la ville que sur sa région environnante. Le soutien national aussi bien des futurs acteurs que du grand public est également pris en considération. À l’issue de cette étape et après analyse du dossier, le CIO confirme ou non le passage de la ville candidate à l’étape suivante. Dans le cas d’un refus de la part du Comité Olympique, la ville en question est alors amenée à revoir et renforcer les points critiques de son dossier ou peut tout simplement se désister.
La seconde étape concerne les aspects politiques, juridiques et financiers des futurs sites Olympiques. Une phase essentielle permettant de s’assurer que chaque ville est en mesure d’accueillir les Jeux. La commission d’évaluation mise en place par le CIO va alors examiner les éléments juridiques et le soutien politique de chaque candidature afin d’évaluer l’ampleur, notamment financière, du projet. Une ville possédant déjà des sites en mesure d’accueillir les Jeux at ayant le soutien politique des pouvoirs publiques comme privé sera de ce fait fortement avantagée. Après étude et analyse de cette seconde partie du dossier, la commission exécutive du CIO annonce les villes pouvant accéder à la troisième et dernière étape de ce processus : Celle abordant la livraison des Jeux, l’expérience mise en place durant ces derniers et l’héritage d’un tel événement à long terme.
Au cours de cette ultime ligne droite, les villes doivent présenter leurs plans et leurs opérations pour être en mesure d’avoir les infrastructures et les équipements à temps. La tenue et le bon déroulé des Jeux en dépend. L’expérience proposée pour les athlètes, les spectateurs et les autres acteurs durant ces Jeux est également étudiée, tout comme l’impact et l’héritage à long terme d’un tel événement, afin d’éviter que des infrastructures spécialement conçues pour cette manifestation sportive se retrouvent à l’abandon quelques années plus tard.
Cette étape terminée, le dossier de candidature des villes est désormais complet. La commission d’évaluation du CIO effectue alors une inspection sur place dans chacune des villes candidates, puis transmet son rapport final pour chaque candidature. Ce dernier est alors rendu public et sera donné à tous les membres du CIO peu de temps avant le vote final désignant la ville hôte.
L’extrême nécessité de posséder un bon relationnel
Le dossier de chaque ville et le rapport final de la commission d’évaluation CIO sont minutieusement étudiés et permettent au membre du CIO de trancher lors du vote final. Mais d’autres facteurs non-négligeables rentrent en jeu lors de la sélection de la ville hôte. Des facteurs davantage humains, tel l’engouement ou non d’une population derrière une candidature ou encore des ententes cordiales entre pays. Tout devient alors une question de diplomatie et d’image à renvoyer.
Comme nous avons pu le voir avec les journées olympiques organisées à Paris, des événements promotionnels se déroulent en pleine ville. Le mobilier urbain se mue alors en véritable terrain de sport et les sportifs nationaux sont invités à y prendre part et à promouvoir leur sport sous le regard des spectateurs que l’on espère le plus nombreux possible. Une véritable parade olympique permettant d’afficher à l’international le soutien de toute une nation derrière leur candidature.
Sur un plan davantage diplomatique, faire campagne pour sa candidature c’est aussi tenter d’acquérir le soutien du plus grand nombre de nations possibles qui inviteront ainsi leur représentant au CIO à voter pour la ville candidate en question. Entente politique et invitation à des diners ou à des événements sont alors élémentaires.
Le vote final du CIO et la désignation de la future ville hôte
Une fois cette campagne terminée après deux années des plus intenses, vient le moment du verdict final. Lors d’une session exceptionnelle organisée par le CIO, les villes candidates encore en lice sont départagées par un vote entre les membres de ce Comité International, tous bien renseignés sur les différentes candidatures, leurs avantages et leurs défauts. Seule la majorité absolue détermine l’attribution des Jeux. Si elle n’est pas obtenue dès le premier tour, la ville ayant obtenue le moins de vote est éliminée. Le protocole se répète tour après tour jusqu’à ce qu’une ville obtienne plus de 50% des voix, devenant alors officiellement ville hôte des Jeux Olympiques en question.
Pour cette dernière, une nouvelle étape moins concurrentielle débute, celle de la mise en place concrète des futurs Jeux Olympiques, à désormais sept ans de l’événement.
L’exception faite aux candidatures des Jeux de 2024 et 2028
Une exception fut cependant faite aux candidatures des Jeux Olympiques de 2024 et 2028. Lors de la 130ème session du CIO s’étant déroulé à Lausanne les 11 et 12 juillet 2017, il fut voté à l’unanimité de réaliser une double attribution des Jeux. Un fait unique dans l’histoire du mouvement olympique. Les Olympiades de 2024 et 2028 étaient alors officiellement attribuées à Paris et Los Angeles, mais l’ordre restait à déterminer.
Ce n’est que deux mois plus tard à Lima pour le compte de la 131ème session du CIO qu’un vote fut organisé, attribuant à l’unanimité les Jeux Olympiques de 2024 à Paris et ceux de 2028 à Los Angeles. La capitale française avait alors à compter de cette session sept ans pour préparer ses Jeux. Los Angeles, onze ans. Du jamais vu.
Pour plus d’informations :
https://www.olympic.org/fr/a-propos-du-processus-de-candidature