Rafael Nadal et Novak Djokovic ont brillé, Roger Federer et Andy Murray ont péri. Pour leur tout premier match disputé à Roland-Garros, les quatre joueurs qui constituaient autrefois le Big Four ont vécu des baptêmes bien différents.
Rafael Nadal fait sensation
De la patience, Rafael Nadal a dû en faire preuve avant de fouler l’ocre parisien et ce court Philippe Chatrier qui deviendra son jardin. En avril 2004, un an après avoir signé ses premiers exploits sur terre battue en éliminant Albert Costa à Monte-Carlo et Carlos Moyá à Hambourg, le joueur espagnol était victime d’une fracture du scaphoïde au pied gauche. Sa saison sur terre tombait à l’eau, sa première participation au Grand Chelem parisien était reportée d’un an.
Trois cent soixante-cinq jours plus tard, le public parisien découvrait le visage de leur futur roi un lundi 23 mai. Tête de série n°4 et vainqueur des tournois de Monte-Carlo et de Rome, le taureau de Manacor pénétrait dans l’arène du court n°1 vêtu d’un bermuda et d’un débardeur qui ne le lâcheront pas durant ses premières années. Face à lui, l’Allemand Lars Burgsmüller, pointant au 96e rang mondial. Le déséquilibre pressenti de cette affiche se confirmait sur le terrain. En moins de deux heures de jeu, Rafael Nadal s’imposait 6-1, 7-6, 6-1, sans concéder à son adversaire la moindre balle de break. Une entrée en matière réussie… sauf de l’avis du principal intéressé. À la sortie du terrain, les médias découvraient un personnage extrêmement critique envers lui-même, mécontent de ses nombreuses hésitations et approximations. « Après un tel match, on ne peut pas dire que je suis l’un des favoris du tournoi » lâchait Rafael Nadal en interview. Deux semaines plus tard, le joueur espagnol soulevait sa première coupe des Mousquetaires dès sa première participation.
Novak Djokovic inflige une double bulle pour sa première à Roland-Garros
Au lendemain de la première de Rafael Nadal, Novak Djokovic effectuait, à son tour, ses grands débuts sur l’ocre parisien. Deux jours après sa majorité, le joueur serbe disputait le deuxième tournoi du Grand Chelem de sa carrière. Quatre mois plus tôt, en Australie, le jeune Novak avait subi la loi de Marat Safin, battu en trois sets par le futur vainqueur du tournoi.
Le 24 mai 2005, après être sorti des qualifications, Novak Djokovic pénétrait sur le court n°15 pour le deuxième match de sa carrière dans le tableau principal d’un Grand Chelem. Cette fois-ci, le tirage au sort lui avait réservé un premier tour plus abordable : Robby Ginepri, joueur américain classé au 71e rang mondial. En deux participations à Roland-Garros, le natif de Fort Lauderdale en Floride n’avait jamais remporté le moindre match. Son troisième passage ne sera pas plus couronné de réussite. Robby Ginepriétait étouffé par le jeune Serbe qui remporta les quatorze premiers jeux de la partie. Score final : 6-0, 6-0, 6-3. Classé au 153e rang mondial, Novak Djokovic signait une première victoire en Grand Chelem avec la manière. Son aventure sur les courts de la Porte d’Auteuil s’arrêtait au tour suivant, contraint à l’abandon face à la tête de série n°8 Guillermo Coria, alors qu’il avait empoché le premier set.
Roger Federer, une défaite mais des promesses
Une wild-card lui a ouvert les portes de son tout premier tournoi du Grand Chelem. En 1999, à l’aube de ses 18 ans, Roger Federer intégrait le tableau principal de Roland-Garros en recevant l’une des huit invitations octroyées par l’organisation. La seule délivrée, cette année-là, à un joueur étranger. Parmi ces huit titulaires d’une wild-card, le natif de Bâle hérita du tirage le plus corsé. Patrick Rafter, tête de série n°3 et double vainqueur en titre à l’US Open, l’attendait dès le premier tour.
Mais le statut de l’Australien n’effraya guère Roger Federer. Sur le court Suzanne Lenglen, le Suisse, classé au 111e rang mondial, créait une petite sensation en empochant le premier set grâce à une balle de break convertie avant le jeu décisif. Patrick Rafter réagissait dès le début de la seconde manche et glanait aisément les trois sets suivants. Score final : 5-7, 6-3, 6-0, 6-2 en faveur du joueur australien. La logique était respectée, mais de l’avis des commentateurs, le jeu et les quelques coups d’éclats de Roger Federer étaient gage d’un avenir doré.
Andy Murray cède au cinquième set de son premier match à Roland-Garros
Comme Rafael Nadal, Roland-Garros était le dernier tournoi du Grand Chelem qu’Andy Murray découvrait, un an après ses grands débuts à Wimbledon et une victoire de prestige face à Radek Stepánek, lors du deuxième tour.
En 2006, pour sa première venue sur les courts de la Porte d’Auteuil, Andy Murray, déjà classé au 45erang mondial grâce à son premier titre remporté quelques mois plus tôt à San José, croisait la route d’une autre étoile montante du tennis qui conquerra très vite le cœur des supporters tricolores : Gaël Monfils. Le jeune Français de 19 ans était la tête de série n°25 et avait fait le plein de confiance quelques semaines plus tôt, en atteignant les demi-finales du tournoi de Rome.
Les deux joueurs eurent droit aux honneurs de l’organisation qui programma leur rencontre sur le court Philippe Chatrier. Gaël Monfils empocha le premier set, Andy Murray réagissait en remportant les deux suivants. Après plus de trois heures de jeu, le représentant tricolore égalisait à deux sets partout. Face à lui, Andy Murray commençait à montrer quelques signes de faiblesse. Une tendance qui se confirma dans l’ultime manche. Touché au dos et diminué physiquement, le joueur britannique s’inclinait 6-1 dans le dernier set, après 3 h 45 de jeu. Andy Murray passait à la trappe pour sa première expérience à Roland-Garros, Gaël Monfils poursuivait sa route jusqu’en huitième de finale, avant de buter sur Novak Djokovic.